La mort d’enfants palestiniens de Gaza et de civils en Israël a fait
voler en éclats les espoirs de trêve lundi, au premier jour de la fête
musulmane du Fitr et après trois semaines de conflit entre Israël et le
Hamas. Dans ce qui représente le coup le plus dur porté à la population
civile en Israël depuis le début de la guerre le 8 juillet, au moins
quatre personnes ont été tuées dans la région d’Eshkol, tout près de la
frontière, par un obus de mortier tiré depuis Gaza.
Et à Gaza, sept enfants sont morts dans le camp de réfugiés de
Chatti. Les deux parties se renvoient la responsabilité de cet énième
drame sanglant d’une guerre qui a tué depuis le 8 juillet 1 050
Palestiniens, en très grande majorité des civils, ainsi que, côté
israélien, 43 soldats et au moins 7 civils fauchés par des roquettes. Il
s’agit pour des sources médicales palestiniennes de frappes aériennes
israéliennes, l’armée israélienne évoquant pour sa part des tirs à la
roquette ratées par le camp adverse, tout comme pour une explosion
survenue, sans faire de victime, dans l’enceinte de l’hôpital Chifa, le
plus grand de l’enclave palestinienne qui avait jusqu’à présent été
épargné et faisait figure de rare sanctuaire.
Un peu plus tôt, un autre enfant, âgé de quatre ans, figurait parmi
deux Palestiniens mortellement atteints par un obus de char qui avait
frappé une maison de Jabaliya (Nord), selon les secours. Selon l’ONU,
les enfants représentent 20 % des victimes civiles palestiniennes de ce
conflit sanglant, déclenché le 8 juillet par Israël pour annihiler les
capacités militaires du Hamas et mettre fin aux tirs de roquettes vers
sa population, dont quinze sont encore tombées lundi, selon l’armée.
La nuit d’accalmie qu’ont connue les Gazaouis n’avait toutefois pas
éteint leur hantise, à quelques heures de la célébration de la fin du
ramadan qui s’annonce sinistre pour les 1,8 million d’habitants. Les
rues de Gaza étaient inhabituellement calmes lundi pour une fête de
l’Aïd el-Fitr, qui marque la fin du ramadan. Pas de rassemblements, pas
de grandes réunions de famille, seulement des visites au cimetière et à
l’hôpital. "C’est l’Aïd du sang", affirme Abir Chamali en passant
doucement la main sur la terre fraîche qui recouvre le corps de son fils
de 16 ans. "L’occupant (israélien) refuse toujours tout cessez-le-feu
humanitaire pour l’Aïd. Il s’agit d’une rebuffade aux croyances des
musulmans et à leur culte", a accusé le porte-parole du Hamas à Gaza,
Sami Abou Zouhri.
Le président américain Barack Obama est personnellement monté au
créneau pour réclamer un arrêt de la guerre en insistant auprès du
Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou sur "l’impératif
stratégique de mettre en place un cessez-le-feu humanitaire immédiat et
sans conditions qui mette fin dès à présent aux affrontements et
conduise à un arrêt permanent des hostilités". À New York, les 15 pays
membres du Conseil de sécurité de l’ONU, réunis en urgence, ont eux
aussi exprimé dans une déclaration unanime leur "fort soutien à un
cessez-le-feu humanitaire immédiat et sans conditions".
Le représentant palestinien à l’ONU Ryad Mansour a regretté que le
Conseil n’ait pas appelé à la levée du blocus imposé depuis 2006 à Gaza,
tandis qu’Israël jugeait qu’il n’avait pas pris en compte les
impératifs de sécurité d’Israël. Le président palestinien Mahmoud Abbas,
qui était dimanche en Arabie saoudite, devait se rendre "très bientôt"
au Caire à la tête d’une délégation de son mouvement le Fatah, du Hamas
et du Jihad islamique, pour discuter d’un cessez-le-feu, selon un haut
responsable palestinien.
En trois semaines, l’offensive israélienne a fait 1 037 morts - pour
plus des trois-quarts des civils selon l’ONU - et quelque 6 200 blessés
dans la bande de Gaza, où les destructions sont considérables. Côté
israélien, 43 soldats et sept civils ont été tués. Même si la trêve se
confirme, les désaccords restent profonds sur les termes d’un accord
durable entre le Hamas, qu’Israël et les États-Unis considèrent comme
une "organisation terroriste", et le mouvement islamiste palestinien,
qui ne reconnaît pas l’État d’Israël et prône la lutte armée contre
"l’usurpateur sioniste".
Israël, qui a affirmé avoir tué 320 combattants palestiniens depuis
le 8 juillet, entend finir de neutraliser les souterrains creusés par le
Hamas à Gaza pour dissimuler des armes et lancer des attaques en
territoire israélien. De son côté, le Hamas réclame un retrait israélien
de Gaza et une levée du blocus de l’enclave. Barack Obama a pour sa
part estimé que "toute solution de long terme" passerait par "la
démilitarisation de Gaza".
Malgré cette insistance, l’appel comminatoire du président américain à
un cessez-le-feu "sans conditions" a mis de l’huile sur le feu dans les
relations déjà tendues entre les États-Unis et Israël. De plus, il a
placé Benyamin Netanyahou dans une situation délicate vis-à-vis des
jusqu’au-boutistes de son gouvernement, alors que selon des sondages,
une écrasante majorité des Israéliens approuve l’offensive à Gaza. La
guerre dans l’enclave continue aussi d’avoir des répercussions en
Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées, où les heurts sont quotidiens.
Lundi sur l’esplanade des Mosquées dans la vieille ville de Jérusalem,
quelque 45 000 fidèles ont prié pour les morts de Gaza, selon un
photographe de l’AFP.
(28-07-2014 )
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