Ce samedi, plus d’une centaine de corps ont été retirés des décombres
à Gaza à la faveur d’un bref cessez-le-feu qu’Israël a accepté de
prolonger jusqu’à minuit, alors que le bilan des hostilités entre l’État
hébreu et le Hamas dépasse le millier de morts. Au terme d’une réunion à
Paris, les chefs de diplomatie des États-Unis, du Qatar, de Turquie et
de plusieurs pays européens ont demandé une prolongation de la trêve
pour "24 heures renouvelables", indiquant chercher "aussi rapidement que
possible un cessez-le-feu durable" qui réponde aux besoins "légitimes"
des Israéliens et des Palestiniens.
Selon la télévision israélienne, le cabinet de sécurité, réuni samedi
soir, a accepté de prolonger la trêve de quatre heures, jusqu’à 21
heures GMT. Cette guerre, en plein mois de ramadan, est la plus
meurtrière à Gaza depuis 2008-2009. Plus de 1 000 Palestiniens, en
grande majorité des civils, ont été tués depuis le début le 8 juillet de
l’offensive aérienne, élargie le 17 à un assaut terrestre destiné à
anéantir les capacités militaires du Hamas, qui contrôle l’enclave
palestinienne.
Quarante soldats israéliens sont tombés au combat, ce qui représente
les pertes militaires les plus élevées depuis la guerre de l’été 2006
contre le Hezbollah libanais. Les roquettes ont aussi tué trois civils
en Israël. Avec la fragile pause, partout dans le territoire, des
habitants chassés de leur foyer par les hostilités sont retournés dans
leur quartier, où ils ont découvert des scènes de désolation : des
maisons défoncées, éventrées, effondrées, des dépouilles noircies au
milieu des ruines et des traces de sang mêlées aux empreintes des chars
israéliens.
Depuis l’arrêt des combats à 8 heures locales, les secouristes ont
retrouvé plus d’une centaine de corps, selon un dernier bilan du
porte-parole des urgences, Achraf al-Qodra. Dans le secteur de Beit
Hanoun, des correspondants de l’AFP ont vu le corps d’un urgentiste du
Croissant Rouge dans un hôpital à moitié détruit par le pilonnage
israélien.
Le mouvement islamiste Hamas a déconseillé aux habitants déplacés,
dont plus de 160 000 ont trouvé refuge dans des locaux de l’ONU -
d’approcher des immeubles bombardés et des zones de combats de crainte
d’engins non explosés ou piégés. "Nous avons peur d’ouvrir une porte et
de tomber sur une bombe", a témoigné Khader Soukar, un rescapé de
Chajaya, une banlieue particulièrement éprouvée à l’est de
l’agglomération de Gaza.
Les quelque 1,8 million de Palestiniens de Gaza, entassés dans la
misère sur un minuscule territoire de 362 km2 soumis à un blocus
israélien depuis 2006, savent bien qu’ils n’en ont probablement pas fini
avec les épreuves. Les habitants se pressaient ainsi d’acheter vivres
et carburant, au milieu du ballet ininterrompu d’ambulances, tandis que
le bourdonnement incessant des drones rappelait la menace. Selon un haut
responsable israélien cité par la radio publique, le gouvernement est
prêt à accepter "des trêves humanitaires" à condition que l’armée puisse
continuer à neutraliser le réseau sophistiqué de tunnels creusés par le
Hamas pour lancer des attaques sur son territoire. La volonté de
réduire les pertes dans les rangs de l’armée figure aussi parmi les
principales considérations israéliennes.
Pour tenter de mettre fin au bain de sang, une brève "réunion
internationale" a eu lieu à Paris à l’invitation du chef de la
diplomatie Laurent Fabius, et en présence de l’Américain John Kerry et
de leurs homologues de Turquie et du Qatar, deux alliés de Gaza. "Toute
intervention régionale ou internationale qui stoppe l’agression et lève
le siège de Gaza est la bienvenue", a déclaré un porte-parole du Hamas,
Fawzi Barhoum. Le Hamas répète son exigence d’une levée du blocus
israélien dans le cadre de tout accord depuis son rejet d’une
proposition de trêve égyptienne. Mais, outre des appels à prolonger la
trêve, la rencontre de Paris n’a débouché sur aucune annonce concrète.
Le ministre britannique des Affaires étrangères a cependant évoqué
sur la chaîne SkyNews "une nécessité humanitaire absolue" de prolonger
la trêve, "pour 12 heures, ou 24 heures, ou 48 heures, et ainsi de
suite". Témoignant de la tâche ardue des médiateurs internationaux, le
cabinet de sécurité israélien avait rejeté vendredi une proposition
transmise par Kerry pour un cessez-le-feu de sept jours qui permettrait
d’engager des négociations indirectes. Selon les radios israéliennes,
l’État hébreu a jugé les termes de l’offre trop favorables au Hamas,
considéré comme une organisation "terroriste" par Israël, les États-Unis
et l’Union européenne.
Et le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon a appelé ses
soldats à se tenir prêts à "un élargissement significatif des opérations
terrestres". Le Hamas, quant à lui, répète son exigence d’une levée du
blocus israélien dans le cadre de tout accord depuis son rejet le 15
d’une proposition de trêve égyptienne. Ce conflit, le quatrième depuis
le retrait unilatéral israélien de Gaza en 2005, menace de s’étendre à
la Cisjordanie où les heurts entre manifestants dénonçant l’offensive à
Gaza et les forces israéliennes ont coûté la vie à huit Palestiniens ces
dernières 24 heures.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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