Les efforts en vue d’arriver à un cessez-le-feu à Gaza semblent
s’intensifier vendredi au lendemain d’un tir d’obus israélien qui a tué
15 personnes dans une école de l’ONU, le bilan de l’offensive ayant
atteint plus de 800 morts palestiniens et 34 victimes israéliennes, dont
32 soldats. Le conflit menace en outre de s’étendre en Cisjordanie
occupée, où de violents affrontements entre Palestiniens et forces de
sécurité israéliennes ont fait un mort jeudi soir. Dans ce contexte, le
cabinet de sécurité israélien doit se réunir vendredi pour discuter
d’une proposition de cessez-le-feu transmise au Premier ministre
Benyamin Netanyahou par le secrétaire d’État américain John Kerry lors
d’une rencontre mercredi à Tel-Aviv, selon les médias locaux. "Si le
Hamas accepte la proposition américaine, il n’est pas impossible qu’il y
ait aussi une décision israélienne pour l’accepter", a indiqué la radio
publique en citant une source israélienne anonyme.
L’espoir de cessez-le-feu qu’avait fait naître John Kerry mercredi
est toujours vivant, a assuré de son côté jeudi le président palestinien
Mahmud Abbas après avoir rencontré le roi Abdallah de Jordanie. Il a
demandé que soit appuyée la proposition égyptienne de cessez-le-feu
rejetée par le Hamas la semaine dernière. Avant d’étudier tout
cessez-le-feu, le mouvement islamiste exige en effet une levée du blocus
imposé depuis 2006. "Nous voulons un cessez-le-feu dès que possible,
parallèlement à la levée du siège de Gaza", a réaffirmé le chef en exil
du Hamas, Khaled Mechaal, dans un entretien jeudi à la BBC. "Nous
voulons un aéroport, un port, nous voulons nous ouvrir au monde. Nous ne
voulons pas être contrôlés par une frontière qui fait de Gaza la plus
grande prison du monde", a-t-il ajouté.
John Kerry a tenté d’amener le Qatar et la Turquie, alliés du Hamas, à
faire pression sur le mouvement islamiste pour qu’il accepte l’offre
égyptienne, mais "les divergences persistent". "Nous avons encore du
travail à faire. J’ai certainement du travail à faire ce soir", a
reconnu John Kerry jeudi au Caire. Ces développements sont intervenus
après le drame ayant frappé une école où avaient trouvé refuge des
Palestiniens. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a déploré "de
nombreux morts", dont des femmes, des enfants et des employés de
l’Organisation, tandis que Washington s’est dit "attristé" et a appelé à
protéger les civils. L’ambassadeur palestinien à l’ONU a demandé dans
une lettre au Conseil de sécurité "une enquête immédiate, impartiale et
complète".
Les secours locaux ont fait état de 15 morts et de nombreux blessés
dans cette école de l’Agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés
palestiniens (UNRWA), située à Beit Hanoun, dans le nord de l’enclave
palestinienne, où étaient hébergées des personnes déplacées par les
combats. L’armée israélienne a promis d’enquêter, expliquant avoir
riposté à des tirs de roquettes par des combattants du Hamas adressés
depuis la zone de Beit Hanoun. Dans un communiqué, le
commissaire-général de l’UNWRA, Pierre Krähenbühl, a accusé Israël de
n’avoir jamais répondu à une demande de couloir humanitaire pour évacuer
l’école. Un porte-parole militaire a rejeté ces accusations. Quelque
110 000 civils de Gaza, où s’entassent 1,8 million d’habitants, se sont
réfugiés dans les écoles de l’UNRWA. Selon l’Unicef, 116 écoles de Gaza,
dont 75 de l’UNWRA, ont été endommagées par les tirs israéliens depuis
le 8 juillet.
En Cisjordanie, au moins un Palestinien a été tué et cinq autres
blessés par des tirs israéliens à Qalandia, check-point militaire
israélien qui contrôle l’entrée de Jérusalem, interdite aux
Palestiniens, alors que plus de 10 000 manifestants tentaient de rallier
la ville sainte pour la Nuit du destin (Laïlat al-Qadr), une des dates
importantes du mois de ramadan, selon des sources médicales
palestiniennes. Vingt Palestiniens ont été arrêtés à Jérusalem-Est à la
suite de heurts dans la Vieille Ville. À Gaza, les opérations militaires
israéliennes ont été menées dans l’ensemble du territoire de l’aube à
la nuit.
Au 18e jour de l’opération "Bordure protectrice" dans la bande de
Gaza, une frappe sur une maison à Deir el-Balah (sud) a tué une femme de
26 ans et une autre enceinte de 23 ans. Le bébé a pu être sauvé, a
indiqué le porte-parole des services d’urgence Ashrafal-Qudra. Deux
autres personnes blessées plus tôt à Khan Younès sont décédées. Le bilan
atteint désormais les 804 morts palestiniens, en majorité des civils.
Au total, 181 enfants ont été tués et 1 200 blessés, selon l’Unicef.
Côté israélien, 32 militaires et 2 civils ont été tués, ainsi qu’un
ouvrier agricole thaïlandais. Le lourd bilan des pertes civiles suscite
d’âpres critiques contre Israël. Le Conseil des droits de l’homme de
l’ONU a diligenté une enquête sur de possibles "crimes de guerre" commis
par l’armée, tout en dénonçant les attaques aveugles du Hamas en
Israël.
(25-07-2014 )
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