La trêve entre le Hamas et Israël était proche à l’aube samedi quand
l’aviation israélienne a frappé la maison de la famille al-Najjar, tuant
22 personnes, dont dix enfants, à Khan Younès, dans le sud de la bande
de Gaza.
A la place du bâtiment de trois étages, il ne reste qu’un cratère,
des ruines, des morceaux de métal tordus et des vêtements éparpillés. Et
des cadavres que les voisins et la famille extraient des décombres.
"Ils dormaient chez eux ! Qu’ont-ils fait de mal ?", pleure une
voisine. "Toute ma famille, mes fils, mes petits-enfants, sont morts !",
crie une autre, âgée de 85 ans, entourée de femmes et d’enfants en
pleurs venus présenter leurs condoléances.
Son petit-fils Hussein, la trentaine, a perdu ses deux fils et sa
femme enceinte de cinq mois. Sous le choc, aux bords des larmes et le
regard perdu, il raconte devant les ruines.
"J’étais sur le balcon au deuxième étage quand le tir est arrivé",
explique-t-il. Ejecté du bâtiment, il a un oeil bandé, des pansements
aux jambes et les bras couverts de plaies.
A Khan Younès, comme ailleurs dans la bande de Gaza, l’armée
israélienne a poursuivi ses frappes destinée à anéantir la capacité
militaire du mouvement islamiste Hamas, jusqu’à l’approche de la trêve
humanitaire de 12 heures qui a commencé à 08H00 locales (05H00 GMT).
Avec la fragile pause, partout des habitants chassés de leur foyer
par les hostilités sont retournés dans leur quartier, où ils ont
découvert un spectacle de désolation.
A Chajaya, une banlieue pilonnée à l’est de la ville de Gaza, un
homme d’une soixantaine d’années s’effondre devant ce que fut sa maison,
un autre se tient sur les ruines, le visage couvert d’un masque
médical.
Car si le fracas des armes s’est tu, le macabre comptage des morts
s’est poursuivi samedi, avec plus d’une centaine de corps extraits des
ruines. Certains, couverts de poussière, jonchent les rues, parfois dans
une mare de sang séché, près de cadavres d’animaux. A Beit Hanoun, un
avant-bras émerge encore des gravats.
Pour Israël, le Hamas, qui contrôle l’enclave, porte la
responsabilité de ces lourdes pertes civiles, par son choix d’abriter
ses armes, ses infrastructures et ses combattants derrière une
population utilisée comme un "bouclier humain".
Beaucoup fouillent les ruines et repartent en quête de maigres
effets, couvertures ou vêtements. Une entreprise périlleuse, comme le
relève Khader Soukar, habitant de Chajaya : "Nous avons peur de toutes
ces bombes non explosées sur nos toits et des mines dans le sol. Nous
avons peur d’ouvrir une porte et de tomber sur une bombe".
"C’est comme un tremblement de terre d’une magnitude de 10 degrés. On
n’a plus aucun repère dans cette zone. Un quartier où j’ai grandi
depuis que j’ai cinq ans et que je n’ai pas réussi à trouver", se
lamente Abou Mohammed, 37 ans, de Beit Lahiya (nord).
L’entreprise de reconstruction s’annonce gigantesque. Selon des
chiffres fournis jeudi par l’ONU, plus de 3300 familles, soit 20 000
personnes, ont vu leur logement entièrement détruit.
Plus de 160 000 personnes ont trouvé refuge dans de locaux de l’ONU,
soit près de 10% de la population. A Khouza (sud-est), à la frontière
israélienne, un réservoir calciné vient montrer que la pénurie chronique
d’eau dont souffre le territoire va encore empirer. Selon l’ONU, 1,2
million de Gazaouis ont un accès nul ou très limité à l’eau potable.
Et la population sait qu’elle n’en a peut-être pas fini de ses
épreuves : la trêve entre Israël et le Hamas expire à 20H00 (17H00 GMT).
Sur la grand-route entre Gaza et Khan Younès, les gens se pressent
d’acheter des vivres, du carburant, au milieu d’un ballet ininterrompu
d’ambulances. Au-dessus de leur tête, l’incessant bourdonnement des
drones rappelle la menace.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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