Plus d’une centaine de Palestiniens ont été tués mercredi dans la
bande de Gaza ravagée par les frappes israéliennes, dans une journée de
cauchemar marquée par des tueries sur un marché et un centre de réfugiés
de l’ONU.
Les Etats-Unis et l’ONU ont condamné le pilonnage avant l’aube de
l’école de l’Agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés palestiniens
(UNRWA) à Jabaliya, où 3000 Gazaouis chassés par les combats espéraient
être à l’abri des bombes. Au moins 16 Palestiniens y ont péri.
Rien ne semble pouvoir arrêter ce conflit entre Israël et le Hamas au
pouvoir à Gaza, qui a fait au total 1359 morts palestiniens selon les
secours locaux depuis le début le 18 juillet de l’offensive israélienne
destinée à mettre fin aux tirs de roquettes et à détruire les tunnels
utilisés par le groupe palestinien.
Malgré la dévastation et le lourd bilan humain, les tirs de roquettes
à partir de Gaza n’ont pas cessé et 120 tirs ont été recensés par
l’armée. En outre, trois soldats israéliens ont péri à Gaza dans un
tunnel piégé, portant à 56 le nombre de militaires tués, le bilan le
plus lourd pour l’armée depuis la guerre du Liban en 2006.
"C’est injustifiable, les responsabilités doivent être déterminées et
justice doit être rendue", s’est indigné le secrétaire général de
l’ONU, Ban Ki-Moon, en parlant du bombardement de l’école, alors que
l’UNRWA a ouvertement accusé Israël.
"Il n’y avait que des enfants, que des jeunes ici. Pourquoi font-ils
ça ? Où peut aller la population ?" s’est insurgé Hicham al-Masri, l’un
des réfugiés.
"Des enfants ont été tués alors qu’ils dormaient à côté de leurs
parents sur le sol d’une salle de classe", a protesté le patron de
l’UNRWA, Pierre Krähenbühl, en relevant que l’armée avait reçu toutes
les informations sur l’école.
En revanche, les Etats-Unis n’ont pas incriminé explicitement Israël
dans ce bombardement. Mises à l’épreuve depuis des mois, les relations
entre les alliés israélien et américain se sont encore tendues, la
position du secrétaire d’Etat John Kerry étant jugée trop favorable au
Hamas aux yeux d’Israël.
Les critiques israéliennes contre M. Kerry, dont la tournée dans la
région pour arracher une trêve s’est soldée par un échec, sont
"blessantes et absurdes", a déploré une de ses porte-parole.
La France a aussi condamné le bombardement de l’école et Amnesty
International a évoqué un "crime de guerre potentiel" en réclamant une
enquête.
Mais le drame de l’école de Jabaliya n’a pas été le seul de la
journée pour les civils qui ne sont nulle part à l’abri dans un
territoire minuscule, enclavé, et soumis à un double blocus israélien et
égyptien.
Au soir d’une des journées les plus sanglantes du conflit, sur un
marché de Chajaya, à quelques kilomètres de Jabaliya, au moins dix-sept
Palestiniens ont été fauchés.
De nouvelles scènes insoutenables. Des passants évacuant en
catastrophe, sur des couvertures tendues ou des brancards, des corps
inanimés, vers les ambulances ou des véhicules particuliers. Des
victimes ensanglantées, parfois mutilées. Des flaques de sang.
Et sept membres d’une même famille ont été tués par des tirs de tanks
dans le secteur de Khan Younès (sud). Bilan de la journée, au moins 108
morts selon le porte-parole des services d’urgence palestiniens Achraf
al-Qodra.
Parmi les 1359 morts au total, les trois-quarts sont des civils, a
estimé l’ONU, et plus de 245 des enfants, a précisé l’Unicef.
Israël rend le Hamas responsable de la mort des civils, l’accusant de s’en servir comme "boucliers humains".
Après 23 jours d’un conflit qui ravage l’étroite enclave
palestinienne, la guerre ne donne aucun signe de répit pour les
habitants de Gaza, déchirés entre douleur et colère.
"Nous voulons la guerre ! Nous voulons que Qassam (la branche
militaire du Hamas) riposte au coeur de Tel-Aviv !" crie un homme sur le
marché de Chajaya.
Si le chaos est total à Gaza, la solution diplomatique est suspendue
aux desiderata des deux camps. Une délégation israélienne est arrivée
mercredi au Caire, intermédiaire habituel dans les négociations entre
Palestiniens et Israéliens.
L’envoi d’une délégation conjointe des principaux mouvements
palestiniens, pour le moment retardé, a également été annoncé par
l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Mais même en cas d’un hypothétique cessez-le-feu, les divergences de fond resteraient entières.
Le Hamas exige un retrait des troupes israéliennes de Gaza dont elles
s’étaient unilatéralement retirées en 2005. Il réclame également une
levée du blocus israélien qui asphyxie son économie depuis 2006.
Quant à Israël, il a répété sur tous les tons que son armée ne
quitterait pas l’enclave tant que la menace pour sa population posée par
les roquettes et les tunnels n’aurait pas été réduite à néant.
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu bénéficie à en croire les
sondages du soutien des Israéliens, malgré le lourd bilan militaire dans
l’offensive déclenchée par des raids aériens avant de s’étendre à une
opération terrestre. Deux civils israéliens et un Thaïlandais ont péri
dans les tirs de roquettes depuis le 8 juillet.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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