Israël a rejeté "en l’état" une proposition de cessez-le-feu du
secrétaire d’État américain John Kerry, a annoncé la télévision publique
israélienne, douchant vendredi soir les espoirs de "trêve humanitaire"
dans la bande de Gaza, où les combats ont fait près de 900 morts.
L’échec à arracher un cessez-le feu a été confirmé au Caire par John
Kerry qui appelé, avec le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, à un
arrêt des hostilités durant sept jours.
Les discussions au sein du cabinet de sécurité israélien devaient se
poursuivre mais selon la chaîne publique, il a pour l’heure rejeté "à
l’unanimité" tout retrait de ses soldats de la bande de Gaza pendant une
trêve durant laquelle des négociations seraient censées s’ouvrir.
Ils y sont déployés depuis le 17 juillet avec comme mission de
détruire les "tunnels d’attaque" et l’arsenal du mouvement islamiste
palestinien Hamas, notamment les roquettes avec lesquelles il vise la
population israélienne.
Cette annonce de la télévision israélienne intervient alors que l’espoir que les canons se taisent semblait croître.
La réponse du mouvement islamiste Hamas, qui avait rejeté la semaine
passée un premier projet égyptien de trêve, n’était pas non plus
garantie même si les discussions progressaient "dans la bonne
direction", selon un responsable gouvernemental turc. Le ministre turc
des Affaires étrangères avait auparavant rencontré à Doha le chef du
Hamas Khaled Mechaal à Doha, dont le mouvement contrôle la bande de
Gaza. Il pose comme condition à une trêve la levée du blocus qui
asphyxie depuis 2006 l’économie de l’enclave palestinienne.
"Ce qui se dessine, serait une trêve humanitaire de sept jours pour
permettre à toutes les parties de venir discuter au Caire", avait
expliqué à l’AFP un proche du président palestinien Mahmud Abbas.
Mais sous couvert d’anonymat, un diplomate occidental avait mis en
garde contre tout optimisme prématuré : "les Israéliens ne veulent pas
qu’on leur impose une quelconque condition, et le Hamas, échaudé par des
expériences précédentes, a le sentiment qu’il lui en faut".
En attendant un hypothétique cessez-le-feu, les combats se sont
poursuivis vendredi à Gaza, où, selon un bilan des secours locaux, 848
Palestiniens ont été tués et 5.500 autres blessés en 18 jours de
combats.
Alors que ses infrastructures sont touchées par les incessantes
frappes israéliennes et qu’Israël assure avoir tué 240 combattants, le
Hamas entend démontrer que ses moyens militaires ne sont pas annihilés :
des roquettes, qui ont tué trois civils depuis le 8 juillet, continuent
de viser Israël.
Le mouvement islamiste a affirmé avoir tiré trois roquettes vers
l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv où le trafic international a été très
perturbé plusieurs jours après la chute d’une roquette mardi. Après
plusieurs compagnies ayant suspendu plus brièvement leurs vols,
Lufthansa et Air France ont annoncé vendredi une reprise rapide de leurs
rotations.
Sur le terrain, l’armée israélienne a annoncé le décès vendredi de
deux soldats et a confirmé celui du soldat Oron Shaul, dont le Hamas
avait revendiqué l’enlèvement.
Avec 35 morts au combat, il s’agit de ses pertes les plus lourdes
depuis la guerre en 2006 contre le Hezbollah libanais, dont le chef,
Hassan Nasrallah, ennemi juré d’Israël, a appelé vendredi Arabes et
musulmans à armer la "Résistance" palestinienne à Gaza.
Israël fait en outre face à des critiques croissantes à mesure que
s’alourdit le tribut payé par les civils palestiniens, notamment par les
plus jeunes. L’Unicef a fait état vendredi d’un bilan d’"au moins 192
enfants" tués dans la bande de Gaza.
Au lendemain du drame dans son école de Beit Hanoun (nord), où, selon
les secours palestiniens, une quinzaine de réfugiés ont été tués par un
obus israélien, l’Agence pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) a
de nouveau lancé un signal d’alarme sur la situation humanitaire dans
ce territoire déshérité.
"Le nombre de personnes déplacées à Gaza est désormais le triple du
pic du conflit de 2008/9", selon l’UNWRA, dont le porte-parole Chris
Gunness a précisé que plus de 160.000 réfugiés civils étaient hébergés
dans 83 refuges, ce qui représente près de 10% de la population.
Si elle a promis d’enquêter sur Beit Hanoun, comme le réclament l’ONU
et l’Union européenne, l’armée israélienne a de nouveau accusé le Hamas
de se servir des civils comme de "boucliers humains", en dissimulant
ses armes dans des écoles, mosquées, hôpitaux.
Elle a affirmé qu’un des soldats tués vendredi l’avait été depuis une "structure située près d’une école de l’ONU".
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé la création d’un
couloir humanitaire à Gaza tandis que l’Arabie saoudite a annoncé une
aide de 26 millions de dollars pour les blessés.
L’UNWRA a mis en garde vendredi contre les conséquences des coupures
d’électricité et de la pénurie chronique d’eau dans cette enclave de 362
km2 où s’entassent 1,8 millions d’habitants.
Mais la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, commence aussi à
susciter l’inquiétude avec des scènes d’affrontements rappelant les deux
intifadas (1987-1991 et 2000-2005), près de Hébron, à Naplouse ou
encore à Jérusalem-Est.
Six Palestiniens ont été tués par balles quand des manifestations ont
dégénéré à Hebron (sud) et Naplouse (nord), portant à dix le nombre de
Palestiniens tués dans en Cisjordanie ces derniers jours.
(25-07-2014 )
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