De timides espoirs de trêve entre le Hamas palestinien et Israël
semblaient se profiler jeudi, après un intense ballet diplomatique pour
mettre fin à un conflit qui a déjà fait plus de 700 morts palestiniens
et 34 israéliens.
Après avoir rencontré le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon et
le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le secrétaire d’État
américain John Kerry a quitté dans la nuit Israël pour Le Caire en
évoquant des "progrès" dans le chemin vers une trêve.
Jeudi, c’est le nouveau chef de la diplomatie britannique Philip
Hammond qui s’est entretenu avec Benjamin Netanyahu après avoir
rencontré le président palestinien Mahmud Abbas, tandis que Ban Ki-Moon
s’est rendu à Jeddah, en Arabie saoudite, où il a été reçu par le roi
Abdallah.
Après avoir interdit aux compagnies aériennes américaines de voler
vers et depuis Israël, à la suite de la chute d’une roquette près de
l’aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv, l’Agence fédérale de l’aviation
américaine (FAA) a décidé de lever cette mesure qui avait choqué les
autorités israéliennes.
Cette interdiction de vol, également endossée par les autorités de
l’aviation civile européennes, avait été saluée comme une "grande
victoire" par le mouvement islamiste Hamas.
Mais le chemin vers la paix reste long et les efforts diplomatiques
n’ont pour l’heure pas de conséquence concrète pour les Gazaouis : sept
Palestiniens ont été tués jeudi matin près de Khan Younès, dans le Sud
de la bande de Gaza, dans une série de frappes israéliennes tout près de
la frontière.
Depuis le début de l’opération "Bordure protectrice" le 8 juillet,
plus de 720 Palestiniens ont été tués, très majoritairement des civils
dont de nombreux enfants.
Un bilan toutefois difficile à vérifier avec certitude en raison du
chaos à Gaza où 110 000 personnes ont quitté leur habitation pour
trouver refuge dans des bâtiments de l’ONU.
Trente-deux militaires et deux civils israéliens, ainsi qu’un ouvrier
thaïlandais ont également perdu la vie. Jamais l’armée israélienne
n’avait connu de pertes aussi lourdes depuis sa guerre contre le
Hezbollah libanais en 2006.
Pour la première fois depuis le début des hostilités, aucune roquette
n’a été tirée vers Israël pendant la nuit. L’armée israélienne a
annoncé pour sa part avoir frappé "35 cibles terroristes" dans la nuit à
Gaza, minuscule territoire de 362 km2 contrôlé par le Hamas.
Selon un responsable américain qui voyage avec John Kerry, si un
compromis devait être trouvé il faudra ensuite entamer "de sérieuses
négociations pour trouver une solution durable à la situation à Gaza".
Avant tout cessez-le-feu, le Hamas exige notamment qu’Israël s’engage
à lever le blocus qu’il impose à la bande de Gaza depuis huit ans, et
qui pèse lourdement sur la situation économique de ce territoire où
s’entassent dans la misère quelque 1,8 million de personnes.
De son côté, l’armée israélienne entend mener à son terme la
neutralisation des capacités militaires du Hamas, notamment ses tirs de
roquettes. L’armée en a comptabilisé environ 2300 depuis le
déclenchement du conflit.
Israël veut en particulier détruire les "tunnels offensifs" bâtis par
le Hamas et destinés à mener des attaques au coeur même de son
territoire. Elle a annoncé jeudi matin en avoir découvert 31.
"Notre objectif est que les citoyens israéliens puissent vivre sans
menaces de roquettes ou de tunnels, nous ne ferons aucun compromis sur
cet objectif", a prévenu le ministre de l’Intérieur Gideon Saar, un
faucon du gouvernement. "Le renversement du Hamas n’est pas un objectif
défini par le cabinet mais c’est une possibilité", a-t-il averti.
Alors que les critiques contre l’opération israélienne croissent à
mesure que le bilan humain s’alourdit, le Conseil des droits de l’Homme
de l’ONU a décidé l’envoi d’une mission pour enquêter sur de possibles
"crimes de guerre" commis par l’armée israélienne à Gaza et a dénoncé
les attaques aveugles du Hamas contre des zones civiles en Israël.
"Le conflit à Gaza affecte de nombreuses personnes et les besoins en
nourriture augmentent chaque jour", selon Pablo Recalde, responsable du
Programme alimentaire mondial de l’ONU.
Palestiniens et Israéliens se rejettent la responsabilité des pertes
civiles, les premiers évoquant des "crimes contre l’"humanité", les
seconds accusant le Hamas de se servir des habitants de Gaza comme
boucliers humains et de dissimuler ses armes et ses centres
opérationnels dans des hôpitaux, des écoles et des zones d’habitation.
Ce conflit, le quatrième depuis que l’armée israélienne s’est
unilatéralement retirée de Gaza en 2005, a éclipsé le départ de la
présidence israélienne de Shimon Peres, 90 ans, l’homme qui avait
incarné aux yeux du monde le dialogue avec les Palestiniens. Son
successeur, Reuven Rivlin, 74 ans, qui appartient à l’aile la plus
droitière du Likoud au pouvoir, n’a jamais caché son hostilité à la
création d’un État palestinien.
(24-07-2014 )
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