Les efforts pour arracher une trêve entre Israël et le Hamas dans la
bande de Gaza se poursuivaient en ce dernier vendredi de ramadan, qui
voyait la situation se tendre singulièrement en Cisjordanie, où cinq
Palestiniens ont été tués. En attendant un très hypothétique
cessez-le-feu, les combats se poursuivent à Gaza, où, selon un bilan des
secours locaux, 832 Palestiniens ont été tués et 5 400 blessés, en 18
jours d’offensive israélienne contre le mouvement islamiste Hamas.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, s’est entretenu au Caire
avec le secrétaire d’État américain John Kerry sur fond de discussions
sur une "trêve humanitaire". Le cabinet de sécurité israélien étudiait
dans l’après-midi une proposition de cessez-le-feu transmise par John
Kerry, qui devait s’exprimer vendredi. "Ce qui se dessine serait une
trêve humanitaire de sept jours pour permettre à toutes les parties de
venir discuter au Caire", a expliqué à l’AFP un proche du président
palestinien Mahmud Abbas. "En cas de trêve humanitaire, il y aura des
négociations sérieuses", a assuré un diplomate occidental. Mais un autre
a mis en garde contre tout optimisme prématuré : "Les Israéliens ne
veulent pas qu’on leur impose une quelconque condition, le Hamas,
échaudé par des expériences précédentes, a le sentiment qu’il lui en
faut."
Le Hamas pose comme condition à une trêve la levée du blocus qui
asphyxie depuis 2006 l’économie de la bande de Gaza. Une exigence
répétée dans un entretien à la BBC par le chef du Hamas Khaled Mechaal,
en exil au Qatar. En visite dans cet émirat pour négocier une trêve, le
ministre turc des Affaires étrangères a rencontré Khaled Mechaal
vendredi après-midi, selon un responsable gouvernemental turc qui a
précisé que les discussions prenaient "une direction positive".
En attendant, le Hamas entend démontrer que ses moyens militaires ne
sont pas annihilés : des roquettes continuent de viser Israël et le
mouvement islamiste palestinien a affirmé en avoir tiré trois vers
l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv. Le trafic international y reste
perturbé par la suspension de certains vols consécutive à la chute d’une
roquette mardi à proximité, ce que le Hamas avait salué comme "une
grande victoire". Certaines compagnies comme Air France n’ont pas repris
leurs rotations. Lufthansa a en revanche annoncé reprendre les siennes à
partir de samedi.
Et l’armée israélienne a annoncé le décès vendredi d’un réserviste de
36 ans et confirmé celui du soldat Oron Shaul, dont le Hamas avait
revendiqué l’enlèvement. Avec 34 morts au combat, il s’agit de ses
pertes les plus lourdes depuis la guerre contre le Hezbollah libanais en
2006. Des roquettes ont également tué trois civils en Israël.
Devant les critiques croissantes à mesure que le tribut payé par les
civils palestiniens s’alourdit, les responsables israéliens affichent
leur détermination : ils veulent réduire à néant la puissance de feu du
Hamas et de ses alliés du Djihad islamique. L’armée a annoncé avoir
frappé depuis le début des hostilités à Gaza quelque 2 500 objectifs,
rampes de lancement de roquettes, centres de commandement, ateliers de
fabrication d’armes et tunnels destinés à lancer des attaques au coeur
d’Israël. Elle estime aussi avoir tué 240 combattants depuis le début de
l’opération, dont 6 en début d’après-midi dans un accrochage dans le
sud de la bande de Gaza. Mais c’est la population palestinienne qui paie
le prix le plus lourd du conflit entre Israël et le Hamas. L’Unicef a
fait état vendredi d’un bilan d’"au moins 192 enfants" tués.
Au lendemain du drame dans son école de Beit Hanoun (nord), où, selon
les secours palestiniens, une quinzaine de réfugiés ont été tués par un
obus israélien, l’Agence pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) a
de nouveau lancé un signal d’alarme. "Le nombre de personnes déplacées à
Gaza est désormais le triple du pic du conflit de 2008-2009", selon
l’UNWRA. Cette opération avait été la plus meurtrière des quatre
conflits avec le Hamas depuis le retrait unilatéral de l’armée
israélienne de Gaza en 2005. Si elle a promis d’enquêter sur Beit
Hanoun, comme le réclame en particulier l’Union européenne, l’armée
israélienne a de nouveau accusé le Hamas de se servir des civils comme
de "boucliers humains", en dissimulant ses armes dans des écoles,
mosquées, hôpitaux.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé la création d’un
couloir humanitaire à Gaza pour apporter soins et médicaments aux
blessés, pour lesquels l’Arabie saoudite a annoncé une aide de 26
millions de dollars.
L’UNWRA a aussi mis en garde vendredi contre les conséquences des
coupures d’électricité et de la pénurie chronique d’eau dans ce
territoire misérable de 362 km2 où s’entassent 1,8 million d’habitants,
dont 150 000 ont été chassés de leur domicile par les combats.
Mais la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, commence aussi à
susciter l’inquiétude avec des scènes d’affrontements rappelant les deux
intifadas (1987-1991 et 2000-2005), près de Hébron, de Naplouse ou
encore à Jérusalem-Est. Cinq Palestiniens ont été tués par balle quand
des manifestations ont dégénéré à Hébron (sud) et Naplouse (nord),
portant à neuf le nombre de Palestiniens tués dans ces territoires
depuis quelques jours. Les principales organisations palestiniennes
avaient appelé à un "jour de colère" à l’occasion du dernier vendredi de
ramadan en Cisjordanie.
(25-07-2014 )
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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