Une intensification de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza a
provoqué mercredi la mort de dizaines de Palestiniens au moment où les
minces espoirs de cessez-le-feu restent suspendus à la volonté du Hamas
et de Benjamin Netanyahu.
La radio militaire israélienne a annoncé mercredi "une
intensification significative des manoeuvres" et une "percée des forces
d’artillerie en direction de la mer" vers l’ouest, soit plus en
profondeur à l’intérieur du territoire palestinien.
Appuyés par l’aviation, les blindés israéliens s’efforçaient de
resserrer leur étau dans le sud et le nord de l’enclave, les
bombardements ayant déjà fait plus de 50 morts depuis minuit, selon un
bilan des secours en fin de matinée.
Des obus de chars, qui ont touché de plein fouet deux salles de
classes d’une école de l’ONU dans le camp de réfugiés de Jabaliya (ONU),
ont notamment tué au moins 16 Palestiniens qui s’y étaient installés,
chassés de chez eux par la guerre.
Des adolescents, le visage enveloppé dans le foulard des scouts de
Gaza, ramassaient à main nue des restes humains qui jonchaient une des
salles transformée depuis plusieurs jours en dortoir de fortune, a
constaté un photographe de l’AFP.
"Il n’y avait que des enfants, que des jeunes ici. Pourquoi font-ils
ça ? Où peut aller la population", se désole Hicham al-Masri, un des
réfugiés présents dans l’école quand les obus ont explosé. D’autres
enfants ont ensuite été fauchés à Touffah, une banlieue de la ville de
Gaza, puis à Khan Younès, dans le sud, où sept membres d’une même
famille ont péri.
Entamée le 8 juillet, cette guerre a déjà fait près de 1300 morts
palestiniens en trois semaines, dont les trois quarts sont des civils
selon l’ONU. Et la communauté internationale semble impuissante à briser
cette infernale spirale de violence.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a assuré que le Premier
ministre Benjamin Netanyahu avait évoqué avec lui l’hypothèse d’une
trêve. A en croire l’Organisation de libération de la Palestine (OLP),
le Hamas et son allié du Jihad islamique seraient prêts à observer un
cessez-le-feu de 24 heures.
Mais rien de concret n’a pour l’instant suivi ces déclarations et le
dialogue de sourds perdure. Israël a prévenu qu’il ne quitterait Gaza,
dont il s’était unilatéralement retiré en 2005, tant que ne serait pas
annihilée la menace militaire que font peser les groupes armés de Gaza
sur sa population.
Dans une rare déclaration publique, Mohammed Deïf, le chef de la
branche armée du Hamas, a répété qu’un cessez-le-feu était hors de
question "sans l’arrêt de l’agression (israélienne) et la levée du
siège", c’est-à-dire du blocus imposé depuis 2006 par Israël sur la
bande de Gaza.
Seule initiative diplomatique annoncée, le déplacement prévu au Caire
d’une délégation regroupant les principaux mouvements palestiniens,
dont le Hamas. L’Egypte a joué dans le passé le rôle de médiateur entre
le mouvement islamiste palestinien et Israël.
La délégation attendait toutefois mercredi une invitation officielle de l’Égypte, selon des sources palestiniennes.
La chemin de la paix risque donc d’être long et parsemé d’embûches,
d’autant que la trêve évoquée ne serait qu’"humanitaire" et laisserait
entières les questions de fond : blocus du territoire, retrait des
troupes israéliennes, stocks d’armes et tunnels du Hamas.
Le cabinet de sécurité israélien, qui regroupe les principaux
ministres, devait se réunir mercredi après-midi sur la suite à donner à
la campagne militaire qui, à en croire les sondages, bénéficie du
soutien largement majoritaire de l’opinion publique.
Les tirs de roquettes déclenchent sans cesse les sirènes des villes
israéliennes et les tunnels creusés depuis Gaza pour mener des attaques
en territoire israélien hantent la population du sud du pays. Deux
civils israéliens et un ouvrier thaïlandais ont péri dans des tirs de
roquettes depuis le 8 juillet.
Mais "on ne peut pas mener une opération en s’appuyant sur les états
d’âme de l’opinion, ni sur les sondages", a commenté le porte-parole de
l’armée, le général Moti Almoz.
"Ce sont des journées cruciales, l’échelon politique va devoir
décider si la campagne à Gaza continue ou s’arrête là", a résumé le
quotidien Yediot Aharonot.
L’armée israélienne, qui avec 53 morts connaît son bilan le plus
lourd depuis sa guerre contre le Hezbollah libanais en 2006, est
confronté à un adversaire, le dos au mur, de plus en plus aguerri.
"Les combats sont compliqués et Tsahal (acronyme de l’armée en
hébreu) aura encore à faire avec les tunnels une fois l’opération
terminée", a analysé le commandant d’infanterie Nadav Lotan dans un
entretien à la radio militaire.
Pour preuve, les Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du
Hamas, ont diffusé une vidéo, déjà visionnée près de 700 000 fois sur
Youtube, qui montre de bout en bout l’opération millimétrée dans
laquelle un de leurs commandos, sorti d’un tunnel, a tué lundi cinq
soldats israéliens dans une tour de guet près du kibboutz de Nahal Oz.
Avant de repartir via le tunnel vers leur base à Gaza, avec au moins un
fusil d’assaut israélien comme trophée.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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