L’armée israélienne poursuivait jeudi ses frappes, malgré les efforts
diplomatiques pour obtenir un cessez-le-feu dans un conflit avec le
Hamas à Gaza qui a déjà fait près de 750 morts côté palestinien et 35
côté israélien. Après avoir rencontré mercredi le Premier ministre
israélien Benyamin Netanyahou, le secrétaire d’État américain John Kerry
a quitté Israël pour Le Caire en évoquant des "progrès" en vue d’une
trêve. Jeudi, il a appelé ses homologues du Qatar et de Turquie, deux
alliés du Hamas, pour qu’ils fassent pression sur le mouvement islamiste
palestinien afin de le convaincre d’accepter un cessez-le-feu. Le chef
du Hamas, Khaled Mechaal, vit en exil au Qatar. Avant tout
cessez-le-feu, le Hamas exige qu’Israël s’engage à lever le blocus
imposé depuis huit ans à la bande de Gaza, où s’entassent dans la misère
quelque 1,8 million de personnes.
L’armée israélienne entend pour sa part mener à son terme la
neutralisation des capacités militaires du Hamas et de son allié du
Djihad islamique, en particulier ses tirs de roquettes. L’armée en a
comptabilisé environ 2 300 depuis le déclenchement du conflit. Israël
veut en particulier détruire les "tunnels offensifs" mis en place par le
Hamas pour mener des attaques au coeur du territoire de l’État hébreu.
L’armée a annoncé jeudi matin en avoir démoli 31.
"Notre objectif est que les citoyens israéliens puissent vivre sans
menaces de roquettes ou de tunnels, nous ne ferons aucun compromis sur
cet objectif", a prévenu le ministre de l’Intérieur Gideon Saar, un
"faucon" du gouvernement. Les efforts diplomatiques n’ont pour l’heure
pas de conséquence pour les Gazaouis : sept Palestiniens ont été tués
jeudi matin près de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, dans
des frappes menées par des chars et des avions tout près de la
frontière. Le porte-parole des secours palestiniens a indiqué avoir reçu
"des dizaines d’appels" d’habitants de cette zone demandant à être
évacués ou faisant état "de nombreuses personnes tuées ou blessées sous
les ruines de leur maison". L’armée israélienne a également annoncé
avoir frappé "35 cibles terroristes" dans la nuit, qui n’a pour la
première fois depuis début juillet pas vu de roquettes tirées vers
Israël.
Depuis le début de Bordure protectrice le 8 juillet, près de 750
Palestiniens ont été tués et 4 620 blessés, selon un bilan des secours
locaux jeudi à la mi-journée. Parmi les victimes, une grande majorité
sont des civils, dont de nombreux enfants. Le bilan reste toutefois
difficile à vérifier avec exactitude en raison du chaos qui règne à
Gaza, où 110 000 personnes ont quitté leur habitation pour trouver
refuge dans des bâtiments de l’ONU. Trente-deux militaires et deux
civils israéliens, ainsi qu’un travailleur agricole thaïlandais ont
également perdu la vie. Jamais l’armée israélienne n’avait connu de
pertes aussi lourdes depuis sa guerre contre le Hezbollah libanais en
2006. Le chef de la diplomatie britannique Philip Hammond, à Jérusalem, a
exprimé l’inquiétude de Londres sur le prix payé par les civils dans ce
quatrième conflit avec le Hamas depuis qu’Israël a quitté la bande de
Gaza en 2005. La France a pour sa part annoncé avoir débloqué 11
millions d’euros d’aide humanitaire.
Face aux critiques, Benyamin Netanyahou accuse le Hamas d’utiliser les civils de Gaza comme "bouclier humain"
Et Israël voit croître les critiques à mesure que le bilan humain
s’alourdit. Jeudi, la chef des opérations humanitaires de l’ONU, Valérie
Amos, a relevé qu’il était "presque impossible" pour les civils de se
mettre à l’abri dans cette bande de terre de 362 km2. Le Conseil des
droits de l’homme de l’ONU a décidé mercredi l’envoi d’une mission
d’enquête sur de possibles "crimes de guerre" commis par l’armée
israélienne à Gaza et a dénoncé les attaques aveugles du Hamas contre
des zones civiles en Israël. L’annonce de cette enquête a suscité la
colère de Benyamin Netanyahou qui a dénoncé "une parodie de justice" et
de nouveau accusé le Hamas d’utiliser la population de Gaza comme
"bouclier humain" en dissimulant ses armes et ses centres opérationnels
dans des hôpitaux, des écoles, des mosquées...
Lors d’une conférence de presse avec Philip Hammond, Benyamin
Netanyahou s’est félicité que British Airways, à l’inverse des autres
grandes compagnies internationales, n’ait pas suspendu ses vols sur
Tel-Aviv après la chute d’une roquette mardi près de l’aéroport
Ben-Gourion. L’Agence fédérale de l’aviation américaine (FAA) a levé
jeudi son interdiction, mais plusieurs compagnies comme Air France ou la
Lufthansa n’ont pas repris leurs vols.
Cette interdiction avait été saluée comme une "grande victoire" par
le Hamas. Ce conflit a éclipsé le départ jeudi de la présidence
israélienne de Shimon Peres, 90 ans, l’homme qui avait incarné aux yeux
du monde le dialogue avec les Palestiniens. Son successeur, Reuven
Rivlin, 74 ans, un dur du Likoud, n’a jamais caché son hostilité à la
création d’un État palestinien.
(24-07-2014 )
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