Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a prévenu jeudi que
l’armée "finirait le travail" dans la bande de Gaza, malgré les
critiques de l’ONU sur les lourdes pertes civiles palestiniennes et
l’appel à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat et sans conditions" et à
des "pauses humanitaires" pour secourir la population à Gaza. "Nous
sommes déterminés à achever" la destruction des tunnels utilisés par le
Hamas pour porter des attaques au coeur de l’État hébreu, "avec ou sans
cessez-le-feu", a averti Benyamin Netanyahou après l’annonce de la
mobilisation de 16 000 réservistes supplémentaires et de la livraison de
munitions américaines.
"Nous n’accepterons donc aucune proposition qui ne permettrait pas à
l’armée israélienne de finir ce travail", a-t-il prévenu à l’ouverture
du Conseil des ministres, au 24e jour d’un conflit dévastateur. Une
mission qui est "une question de jours", a estimé le général en charge
du secteur de Gaza, Sami Turgeman. Avant tout cessez-le-feu, le Hamas
qui contrôle l’enclave palestinienne exige un retrait des troupes
israéliennes du territoire, un arrêt des frappes et une levée du blocus
imposé par Israël depuis 2006. Après le secrétaire général de l’ONU Ban
Ki-moon, la haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Navi Pillay a
condamné les attaques touchant des maisons, des écoles, des hôpitaux et
des centres de réfugiés, qui "semblent être un acte de défi délibéré
vis-à-vis des obligations résultant du droit international".
L’armée israélienne, qui accuse le Hamas de se servir des Gazaouis
comme "boucliers humains", a encore intensifié son offensive, entrant
plus profondément dans l’enclave palestinienne d’où les roquettes
continuent à être tirées sur Israël. Jeudi encore, une dizaine de
Palestiniens, dont deux femmes, ont péri dans les bombardements. Au
total, plus de 1 370 Palestiniens ont été tués, en grande majorité des
civils et quelque 7 700 blessés, ont indiqué les secours locaux. Plus de
245 enfants figurent parmi les morts selon l’Unicef.
La veille, dans cette étroite enclave où les 1,8 million habitants ne
sont nulle part à l’abri, près de 120 Palestiniens ont perdu la vie,
l’une des journées les plus meurtrières de cette guerre. Seize
Palestiniens ont été tués quand deux obus ont frappé de plein fouet une
école de l’ONU à Jabaliya (Nord) où s’étaient abrités environ 3 000
Gazaouis. La chute d’au moins un obus sur un marché de Chajaya, une
banlieue de la ville de Gaza, a fauché, selon les secours locaux, 17
Palestiniens et blessé 150 pendant une "fenêtre humanitaire" qui avait
pourtant été décidée par Israël. Avec des scènes insoutenables de corps
mutilés, de morts, de sang.
L’agence onusienne pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) a
clairement accusé l’armée israélienne d’être responsable du drame de son
école, déplorant la mort d’enfants "tués alors qu’ils dormaient à côté
de leurs parents sur le sol d’une salle de classe". L’armée israélienne a
émis l’hypothèse de tirs du Hamas. La Maison Blanche a estimé jeudi
qu’il existait peu de doutes que le bombardement d’une école de l’ONU
dans la bande Gaza était le fait de l’armée israélienne, appelant une
nouvelle fois l’Etat hébreu à "faire plus" pour protéger les civils.
L’allié américain soupçonne également un tir israélien. "Si nous
sommes attachés à une enquête complète et rapide sur cet incident
tragique, il ne semble pas qu’il y ait beaucoup de doutes sur l’origine
de l’artillerie en cause", a déclaré le porte-parole de la Maison
Blanche Josh Earnest, jugeant "totalement inacceptable et totalement
indéfendable" de bombarder un bâtiment de l’ONU "qui accueille des
civils innocents qui fuient la violence". "Le secrétaire général de
l’ONU a indiqué que toutes les preuves tendaient à montrer que
l’artillerie israélienne était en cause. Nous n’avons aucun élément
contredisant (...) ce que dit l’ONU sur cet incident", a poursuivi le
porte-parole de l’exécutif américain. "C’est la raison pour laquelle
nous continuons de demander aux responsables militaires israéliens
d’être à la hauteur des exigences qu’ils se sont fixées pour la
protection des civils innocents".
Dans l’enclave de 360 km2, soumise à de violents bombardements depuis
le début le 8 juillet d’une offensive aérienne israélienne suivie neuf
jours plus tard d’une opération terrestre, la situation humanitaire est
dramatique. Le chef de l’UNRWA Pierre Krähenbühl, pour qui "220 000
réfugiés dans 85 centres à Gaza, ce n’est pas tenable", a évoqué ses
"craintes d’apparition de maladies". Près d’un Gazaoui sur huit a dû
venir s’abriter dans un de ces centres, où les pénuries en eau et en
vivres se font durement ressentir. Le bilan humain de l’offensive
Bordure protectrice s’approche à grands pas de celui de l’Opération
Plomb durci (2008-2009), le plus meurtrier pour les Palestiniens des
quatre principaux conflits entre Israël et le Hamas avec 1 440 morts.
Avec 56 morts, l’armée israélienne déplore son bilan le plus lourd
depuis la guerre contre le Hezbollah au Liban en 2006. Trois des soldats
ont péri mercredi, selon l’armée, dans une ancienne clinique de l’UNRWA
où débouchait un tunnel qui avait été piégé. L’armée a indiqué avoir
détruit 32 de ces boyaux souvent reliés entre eux, les Israéliens
évoquant un "Gaza sous Gaza" d’où le Hamas dirige et mène la bataille.
Malgré l’intensification des opérations israéliennes, des roquettes
continuent d’être tirées sur Israël. Depuis le 8 juillet, plus de 2.800
ont été comptabilisées par l’armée, tuant trois civils, dont un ouvrier
agricole thaïlandais. Jusqu’à présent vaines, les démarches
diplomatiques ont repris. Une délégation israélienne est revenue du
Caire après une rencontre avec des responsables égyptiens, habituels
intermédiaires, et une délégation conjointe des principaux mouvements
palestiniens, dont le Hamas, pourrait suivre jeudi.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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