Le conflit entre Israël et le Hamas a connu une dramatique escalade
lundi après la mort d’enfants palestiniens et des attaques meurtrières
contre l’armée israélienne, suivies d’incessants bombardements à Gaza,
annihilant tout espoir de trêve à l’occasion de la fin du ramadan. "Au
nom de l’humanité, la violence doit s’arrêter", a exhorté le secrétaire
général de l’ONU Ban Ki-moon, tandis que les principaux dirigeants
occidentaux, dont Barack Obama, ont affirmé leur volonté "d’augmenter"
la "pression" pour parvenir à un cessez-le-feu.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a promis de son
côté lundi "une longue campagne" contre le mouvement islamiste
palestinien Hamas, dont Israël entend annihiler la puissance de feu. Et
dans les faits, les bombardements et les tirs d’artillerie israéliens se
succédaient mardi matin sur l’ensemble de la bande de Gaza, faisant au
moins vingt-six morts côté palestinien depuis minuit, mardi matin. Parmi
ces 26 Palestiniens tués figurent au moins 9 femmes et 4 enfants, tués
dans des frappes à Rafah (sud) et dans des tirs d’artillerie israéliens
sur le camp de réfugiés de Bureij (centre) qui ont fait 11 morts à eux
seuls mardi matin, a indiqué Achraf al-Qoudra, porte-parole des secours à
Gaza. 1 113 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de
l’opération israélienne le 8 juillet, a précisé Achraf al-Qoudra.
L’aviation israélienne a notamment bombardé la maison d’Ismaïl
Haniyeh, le dirigeant du Hamas à Gaza, qui se trouve dans le camp de
réfugiés de Chati (nord-ouest de Gaza), a affirmé mardi son fils. Dans
ce camp de réfugiés, huit enfants et deux adultes sont morts lundi,
Israël et le Hamas se renvoyant la responsabilité de ce énième drame
sanglant d’une guerre déclenchée le 8 juillet. Selon des témoins, des
chasseurs F-16 israéliens ont lancé 5 missiles sur un groupe d’enfants.
L’armée israélienne, elle, affirme qu’il s’agit de tirs de roquettes
ratés par le camp adverse.
Trois roquettes ont été tirées mardi matin sur Israël, dont une
interceptée et deux qui se sont écrasées près de Rishon LeZion, à 10
kilomètres au sud de Tel-Aviv, des tirs revendiqués par la branche armée
du Hamas. Mais Israël a aussi enregistré de lourdes pertes. Quatre de
ses soldats à bord de chars ont été tués par un tir de mortier le long
de la frontière avec l’enclave palestinienne, selon l’armée. Les médias
israéliens avaient d’abord fait état de victimes civiles. Cette attaque a
été revendiquée par le Hamas. Un cinquième militaire est tombé au
combat dans le sud de la bande de Gaza.
L’armée israélienne a encore annoncé qu’elle avait tué un membre d’un
commando palestinien qui s’était infiltré près du kibboutz de Nahal Oz
(Sud), proche de la frontière. Le Hamas a aussi assumé la responsabilité
d’une opération dans la région, disant avoir tué "plus de 10 soldats",
ce que l’armée n’a pas commenté.
L’accalmie qu’ont connue dimanche et dans la nuit les Gazaouis aura
été très éphémère. Elle n’avait d’ailleurs pas éteint leur hantise des
bombardements, à en juger par le calme inhabituel des rues de Gaza
quelques heures avant la célébration de la fête du Fitr marquant la fin
du ramadan, qui s’annonce sinistre pour les 1,8 million d’habitants.
"C’est l’Aïd du sang", a résumé Abir Chamali en caressant la terre
fraîche qui recouvre le corps de son fils de 16 ans tué jeudi près de la
ville de Gaza. "L’occupant (israélien) refuse toujours tout
cessez-le-feu humanitaire pour l’Aïd. Il s’agit d’une rebuffade aux
croyances des musulmans et à leur culte", a accusé le porte-parole du
Hamas à Gaza, Sami Abou Zouhri.
À New York, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU,
réunis en urgence, avaient exprimé avant la reprise massive des
hostilités, leur "fort soutien à un cessez-le-feu humanitaire immédiat
et sans condition" réclamé par Barack Obama. Cette déclaration unanime a
été fraîchement accueillie. Le représentant palestinien à l’ONU Ryad
Mansour a regretté que le Conseil n’ait pas appelé à la levée du blocus
imposé depuis 2006 à Gaza, tandis qu’Israël jugeait qu’il n’avait pas
pris en compte les impératifs de sécurité d’Israël.
Le président palestinien Mahmud Abbas, qui semble essayer de
reprendre la main sur les négociations en vue d’un cessez-le-feu, après
un passage dimanche par l’Arabie saoudite, devrait se rendre "très
bientôt" au Caire à la tête d’une délégation de son mouvement le Fatah,
du Hamas et du Jihad islamique, pour discuter d’un arrêt des combats.
Même si une très hypothétique trêve devait être finalement arrachée, sur
le fond, les désaccords resteraient profonds sur les termes d’un accord
durable.
Appuyé sur le fort soutien de son opinion publique, Israël entend
finir de neutraliser les souterrains creusés à Gaza pour dissimuler des
armes et lancer des attaques en territoire israélien. Et le secrétaire
d’État John Kerry a répété dimanche que toute résolution du conflit
"durable et significative doit mener au désarmement du Hamas", qui
contrôle la bande de Gaza. La déclaration vient au lendemain de l’appel
comminatoire à une trêve de Barack Obama. De son côté, le Hamas exige un
retrait israélien de Gaza et une levée du blocus de l’enclave dont il a
pris le contrôle en 2007, deux ans après que l’armée israélienne s’en
était unilatéralement retiré.
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