La Bande de Gaza et le sud d’Israël connaissaient une dramatique
escalade de la violence lundi soir après la mort d’enfants palestiniens
et de civils en Israël, annihilant tout espoir de trêve rapide, au
premier jour de la fête de la fin du ramadan.
"Au nom de l’Humanité, la violence doit s’arrêter", a exhorté le
secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, les principaux dirigeants
occidentaux, dont Barack Obama affirmant la volonté "d’augmenter" la
"pression" pour parvenir à un cessez-le-feu dans ce conflit sanglant qui
a débuté le 8 juillet.
Le président américain avait demandé la veille au Premier ministre
israélien, Benjamin Netanyahu, une trêve "immédiate et sans conditions",
mais ce dernier a promis lundi soir "une longue campagne" militaire
contre l’enclave palestinienne que contrôle le mouvement Hamas.
Lundi, les médias israéliens ont fait état de quatre personnes tuées
dans le kibboutz Be’eri, près de la frontière, par un tir effectué
depuis Gaza, dans ce qui représente le coup le plus dur porté à la
population civile en Israël depuis le début de l’offensive israélienne
sur la Bande de Gaza le 8 juillet. Huit autres ont été blessées dans
cette attaque, revendiquée par le Hamas.
En début de soirée, cinq combattants palestiniens, qui s’étaient
infiltrés dans le sud d’Israël, ont été tués près du kibboutz de Nahal
Oz tout proche de la frontière, a annoncé à l’AFP une source sécuritaire
israélienne. Le Hamas a lui revendiqué une opération dans la région
affirmant avoir tué "plus de 10 soldats".
A Gaza, huit enfants et deux adultes sont morts dans le camp de
réfugiés de Chatti, les deux parties se renvoyant la responsabilité de
cet énième drame sanglant.
Il s’est agi pour des sources médicales palestiniennes et des témoins
de frappes aériennes israéliennes, l’armée israélienne évoquant pour sa
part des tirs à la roquette ratés par le camp adverse, tout comme pour
une explosion survenue, sans faire de victime, dans l’enceinte de
l’hôpital Chifa, le plus grand de l’enclave palestinienne qui faisait
jusqu’à présent figure de rare sanctuaire.
Un autre enfant, âgé de quatre ans, avait déjà été tué dans un tir de char à Jabaliya (nord).
Et la spirale de la violence ne semblait pas devoir s’interrompre
dans un conflit déclenché par Israël pour annihiler les capacités
militaires du Hamas et mettre fin aux tirs de roquettes vers sa
population.
Dans une allocution télévisée lundi soir, Benjamin Netanyahu a
demandé à ses concitoyens de se préparer à "une longue campagne". Et
l’armée israélienne a demandé aux habitants de quartiers périphériques
de la ville de Gaza d’évacuer leurs foyers et se rendre dans le centre
de la ville, laissant présager de nouveaux bombardements massifs.
L’accalmie qu’ont connue dimanche et dans la nuit les Gazaouis aura
été brève. Elle n’avait d’ailleurs pas éteint leur hantise, à en juger
par le calme inhabituel des rues de Gaza quelques heures avant la
célébration de la fête du Fitr marquant la fin du ramadan, qui s’annonce
sinistre pour les 1,8 million d’habitants.
"C’est l’Aïd du sang", résume Abir Chamali en passant doucement la
main sur la terre fraîche qui recouvre le corps de son fils de 16 ans
tué jeudi près de la ville de Gaza.
"L’occupant (israélien) refuse toujours tout cessez-le-feu
humanitaire pour l’Aïd. Il s’agit d’une rebuffade aux croyances des
musulmans et à leur culte", a accusé le porte-parole du Hamas à Gaza,
Sami Abu Zuhri.
En trois semaines, selon les secours locaux, l’offensive israélienne a
fait près de 1.050 morts palestiniens — pour plus des trois-quarts des
civils selon l’ONU — et quelque 6200 blessés dans la bande de Gaza, où
les destructions sont considérables. Côté israélien, 43 soldats et au
moins sept civils ont été tués.
A New York, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU,
réunis en urgence, avaient exprimé dans une déclaration unanime faite
avant la reprise massive des hostilités leur "fort soutien à un
cessez-le-feu humanitaire immédiat et sans conditions" réclamé par
Barack Obama.
Le représentant palestinien à l’ONU Ryad Mansour avait regretté que
le Conseil n’ait pas appelé à la levée du blocus imposé depuis 2006 à
Gaza, tandis qu’Israël jugeait qu’il n’avait pas pris en compte les
impératifs de sécurité d’Israël.
Le président palestinien Mahmud Abbas, qui était dimanche en Arabie
saoudite, devrait se rendre "très bientôt" au Caire à la tête d’une
délégation de son mouvement le Fatah, du Hamas et du Jihad islamique,
pour discuter d’un cessez-le-feu, selon un haut responsable palestinien.
Même si une très hypothétique trêve devait être finalement arrachée,
sur le fond, les désaccords restent profonds sur les termes d’un accord
durable.
Appuyé sur le fort soutien de son opinion publique, Israël entend
finir de neutraliser les souterrains creusés à Gaza pour dissimuler des
armes et lancer des attaques en territoire israélien.
Et le secrétaire d’Etat John Kerry a répété dimanche que toute
résolution du conflit "durable et significative, doit mener au
désarmement du Hamas", alors que l’appel comminatoire à une trêve de
Barack Obama avait jeté de l’huile sur le feu dans les relations déjà
tendues entre les deux alliés.
De son côté, le Hamas exige un retrait israélien de Gaza et une levée du blocus de l’enclave dont il a pris le contrôle en 2007.
(28-07-2014 )
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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