Quinze Palestiniens qui avaient trouvé refuge dans une école de l’ONU
dans la bande de Gaza ont été tués jeudi après-midi par un tir
israélien, une nouvelle tragédie qui éclipse le ballet diplomatique pour
aboutir à une trêve.
Les secours locaux ont fait état d’un bilan de quinze morts dans une
école de l’Agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA)
à Beit Hanoun, dans le nord de l’enclave palestinienne, où s’étaient
abritées des personnes déplacées par les combats.
Un photographe de l’AFP a dénombré au moins neuf corps, dont ceux
d’un bébé d’un an et de sa mère à la morgue de l’hôpital de Jabaliya,
près de Beit Hanoun.
L’armée israélienne a promis d’enquêter sur ce drame, disant ne pas
exclure qu’il s’agisse d’une roquette tirée par des combattants du
mouvement islamiste Hamas.
Quelque 110 000 civils de ce minuscule territoire où s’entassent 1,8
million d’habitants se sont réfugiés dans les écoles de l’UNRWA.
Un porte-parole de l’UNWRA a expliqué à l’AFP que l’agence avait en
vain tenté d’organiser une trêve pour évacuer le bâtiment, autour duquel
des combats faisaient rage.
Selon les services d’urgence locaux, le bilan de l’opération "Bordure
Protectrice", lancée le 8 juillet dans la bande de Gaza, s’élève
maintenant à 777 Palestiniens tués et 4.750 blessés, en très grande
majorité des civils dont des dizaines d’enfants, ce qui suscite les
critiques croissantes contre Israël.
Trente-deux militaires et deux civils israéliens, ainsi qu’un ouvrier agricole thaïlandais ont également perdu la vie.
Pourtant, un espoir de cessez-le-feu semblait poindre, le secrétaire
d’Etat américain John Kerry évoquant mercredi des "progrès". Jeudi, il a
appelé ses homologues du Qatar et de Turquie pour leur demander de
faire pression sur le Hamas, dont ils sont des alliés.
Le président palestinien Mahmud Abbas s’est de son côté rendu
brièvement à Amman jeudi après-midi pour des discussions urgentes avec
le roi Abdallah avant de retourner à Ramallah (Cisjordanie).
Avant tout cessez-le-feu, le Hamas exige qu’Israël s’engage à lever le blocus imposé depuis huit ans à Gaza.
L’armée israélienne entend pour sa part achever la neutralisation des
capacités militaires du Hamas et de son allié du Jihad islamique, et
mettre un terme aux tirs de roquettes.
Israël veut en particulier détruire les "tunnels offensifs" mis en
place par le Hamas pour mener des attaques en territoire israélien.
L’armée a annoncé mercredi en avoir détruit une trentaine.
"Notre objectif est que les citoyens israéliens puissent vivre sans
menaces de roquettes ou de tunnels, nous ne ferons aucun compromis sur
cet objectif", a prévenu le ministre de l’Intérieur Gideon Saar, un
"faucon".
Les efforts diplomatiques n’ont pour l’heure pas de conséquence pour les Gazaouis.
Juste avant la prière de l’aube à Jabaliya, dans le nord de
l’enclave, "une très forte explosion a détruit toutes les maisons aux
alentours et la mosquée", a raconté à l’AFPTV un habitant, Faeq Hussein.
"La mosquée n’a rien à voir avec l’armée ou les roquettes", a-t-il affirmé tandis que les résidents fouillaient les décombres.
"A mesure que (...) le nombre de victimes civiles augmente, l’opinion
publique occidentale est de plus en plus inquiète et de moins en moins
compréhensive pour Israël", a prévenu le chef de la diplomatie
britannique Philip Hammond après une visite en Israël.
Avant le drame de l’école de Beit Hanoun, la chef des opérations
humanitaires de l’ONU, Valérie Amos, avait relevé qu’il était "presque
impossible" pour les civils de se mettre à l’abri dans cette bande de
terre de 362 km2.
Et le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a diligenté une enquête
sur de possibles "crimes de guerre" commis par l’armée israélienne à
Gaza et a dénoncé les attaques aveugles du Hamas en Israël.
Cette enquête a suscité la colère de Netanyahu qui a dénoncé "une
parodie de justice" et de nouveau accusé le Hamas d’utiliser la
population de Gaza comme d’un "bouclier humain", un argument de nouveau
utilisé après le carnage de l’école de Beit Hanoun.
Ce conflit meurtrier, le quatrième depuis que l’armée s’est retirée
de la bande de Gaza en 2005, a éclipsé le départ jeudi de la présidence
israélienne de Shimon Peres, 90 ans, l’homme qui a incarné aux yeux du
monde le dialogue avec les Palestiniens.
Son successeur, Reuven Rivlin, 74 ans, un dur du Likoud, n’a jamais caché son hostilité à la création d’un Etat palestinien.
Le conflit est pour l’instant concentré à Gaza mais la tension monte
en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et dans les grandes villes du nord où
vivent une grande partie des 1,4 million d’Arabes israéliens. Les heurts
avec la police y sont désormais réguliers.
Selon une source policière, d’importants renforts policiers seront
mobilisés jeudi soir à Jérusalem pour la Nuit du Destin (Laïlat
al-Qadr), une des dates importantes du mois de ramadan qui s’achève la
semaine prochaine.
A l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, près duquelle une roquette est
tombée mardi, l’Agence fédérale de l’aviation américaine (FAA) a levé
jeudi son interdiction de voler, mais plusieurs compagnies comme Air
France ou la Lufthansa n’ont toujours pas repris leurs liaisons.
(24-07-2014 )
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