D’intenses affrontements faisaient rage jeudi entre milices rivales
autour de l’aéroport de Tripoli en Libye, où l’évacuation des
ressortissants étrangers s’accélérait face à l’escalade des violences.
Les Philippines ont annoncé qu’elles affréteraient des ferries pour
évacuer leurs 13 000 ressortissants, après l’enlèvement et le viol d’une
infirmière cette semaine par un groupe armé, et la découverte il y a
dix jours du cadavre décapité d’un ouvrier philippin.
L’Espagne a de son côté évacué temporairement le personnel de son
ambassade face "à l’aggravation de la situation" dans la capitale
libyenne. L’Union européenne, la Grèce, la Suisse et la République
tchèque ont aussi fermé leurs représentations et évacué leurs
diplomates.
En revanche, l’ambassade d’Italie, tout comme celle du Royaume-Uni,
restait ouverte. "Rester en Libye signifie tenter d’avoir un rôle sur
quelques-unes des questions géopolitiques les plus importantes de ces
prochaines années : la paix, la sécurité et l’immigration", a justifié
le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi.
Cette accélération dans les évacuations est survenue alors que de
violents combats ont rzepris jeudi autour de l’aéroport de Tripoli,
après deux jours de relative accalmie.
"Des assaillants ont mené une nouvelle offensive sur l’aéroport,
faisant usage d’armes lourdes et légères", a déclaré à l’AFP le chef de
la force chargée de la sécurité de l’aéroport, al-Jilani al-Dahech, qui
se trouvait sur place.
Le bruit de tirs et d’explosions pouvait être entendu durant la conversation téléphonique.
M. Dahech a fait état de "quelques blessés" parmi ses hommes. Ces
derniers combattent au côté des miliciens de Zenten (ouest de Tripoli),
que des combattants islamistes et de Misrata (est de Tripoli) tentent de
chasser de l’aéroport depuis le 13 juillet.
Selon des témoins, d’autres combats ont été signalés sur la route de
l’aéroport et dans la banlieue ouest de la capitale. Des explosions
étaient entendues depuis le centre-ville.
Les combats autour de l’aéroport, les plus violents en près de trois
ans à Tripoli, ont fait 102 morts et 452 blessés depuis le 13 juillet,
selon un dernier bilan officiel arrêté mercredi soir.
L’aéroport est fermé depuis cette date et plusieurs avions ont été
endommagés par les combats entre ces anciens rebelles qui avaient
combattu ensemble pendant huit mois le régime du dictateur Muammar
Kadhafi en 2011.
Jeudi soir, des centaines d’habitants de la capitale ont manifesté
dans leurs quartiers et dans le centre-ville, pour dénoncer les
violences et réclamer l’arrêt des combats.
Selon des experts, ces combats entrent dans le cadre d’une lutte
d’influence entre régions mais aussi entre courants politiques, dans un
pays plongé dans le chaos, les autorités ne parvenant pas à contrôler
les dizaines de milices qui font la loi en l’absence d’une armée et
d’une police bien structurées et entraînées.
Parallèlement, sur la route de l’aéroport, les pompiers s’activaient à
éteindre le feu faisant rage depuis dimanche dans un dépôt de stockage
d’hydrocarbures qui contient plus de 90 millions de litres de carburant,
ainsi qu’une cuve de gaz ménager. Leur travail a été interrompu maintes
fois à cause des tirs.
Les autorités, affirmant craindre "une catastrophe humaine et
environnementale", ont appelé des pays étrangers à l’aide mais les
violences ont dissuadé ces Etats d’envoyer des équipes techniques.
Les combats ont quasiment paralysé la capitale, où banques et
administrations sont fermées depuis plusieurs jours. Des pénuries de
carburant et d’électricité ainsi que des coupures d’eau empoisonnent la
vie des habitants.
La capitale était quasi-vide jeudi et la plupart des commerces
avaient baissé le rideau, même si le centre-ville a été jusqu’à présent
épargné par les affrontements.
A Benghazi, dans l’est du pays, la situation était relativement
calme, après plusieurs jours de combats qui ont fait près de 100 morts
et à l’issue desquels des milices islamistes sont parvenues à s’emparer
de la principale base militaire de la ville, selon un journaliste de
l’AFP.
Les groupes islamistes ont en outre repris le contrôle de l’hôpital
al-Jala, dans le centre-ville, après en avoir été chassés par des
dizaines de manifestants, selon des témoins.
Face au chaos, le nouveau Parlement issu des élections du 25 juin a
décidé de se réunir d’urgence samedi à Tobrouk (est), avançant de 48
heures la séance inaugurale prévue le 4 août à Benghazi, devenue trop
dangereuse.
Mais il n’est pas sûr que cette réunion ait lieu, le président du
Parlement sortant ayant affirmé que la réunion serait maintenue au 4
août, mais à Tripoli.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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