La principale base militaire à Benghazi, dans l’est libyen, est
tombée mardi aux mains de groupes islamistes, au moment où les autorités
impuissantes font déjà face à des combats meurtriers dans la capitale
menacée par un immense incendie. Face à ce chaos, la France est sur le
point d’évacuer ses ressortissants de Libye par voie maritime, après la
décision de plusieurs États occidentaux, dont les États-Unis, les
Pays-Bas, le Canada et la Bulgarie, d’évacuer leur personnel
diplomatique. Plusieurs pays ont appelé leurs ressortissants à quitter
ce pays, théâtre depuis plus de deux semaines de combats meurtriers
entre milices à Tripoli et Benghazi.
En effet, depuis la chute en octobre 2011 du régime de Muammar
Kadhafi après huit mois de rébellion soutenue par les Occidentaux, les
autorités libyennes ne parviennent pas à contrôler les dizaines de
milices formées d’ex-insurgés qui font la loi en Libye en l’absence
d’une armée et d’une police régulières bien entraînées. Ainsi, le
Conseil de Choura des révolutionnaires de Benghazi, une alliance de
groupes islamistes et djihadistes, a annoncé dans un communiqué mardi
avoir pris le contrôle du quartier général des forces spéciales. Une
source militaire a confirmé que "la base principale des forces spéciales
est tombée mardi" aux mains de ces groupes, dont celui d’Ansar Asharia,
classé comme organisation terroriste par Washington. Sur sa page
Facebook, Ansar Asharia a publié des photos de leurs "butins" de
guerre : des dizaines d’armes et de caisses de munitions.
Les combats font rage depuis une semaine à Benghazi, faisant une
soixantaine de morts depuis samedi, selon des sources médicales de cette
ville. L’unité des forces spéciales est une des rares brigades de
l’armée régulière en Libye. Elle a annoncé son soutien aux opérations du
général dissident Khalifa Haftar, sans toutefois se placer sous son
commandement. Ce général à la retraite mène depuis le 16 mai une
opération contre les groupes "terroristes" à Benghazi. Accusé par ses
détracteurs de mener un coup d’État, il bénéficie du soutien de
plusieurs unités de l’armée régulière, dont les forces de l’armée de
l’air.
À Tripoli, un incendie ravageait mercredi pour la quatrième journée
consécutive un immense dépôt de stockage d’hydrocarbures à Tripoli,
provoqué par des combats entre milices rivales. Le gouvernement ayant
demandé de l’aide à l’étranger, mais des pays comme la France et
l’Italie ont exigé au préalable l’arrêt des violences. Depuis le 13
juillet, des combats opposent des milices rivales dans le sud de la
capitale, en particulier autour de l’aéroport fermé depuis le début des
heurts qui ont fait au moins une centaine de morts et 400 blessés. Ce
sont des roquettes tirées durant ces combats qui ont touché dimanche un
important dépôt de stockage d’hydrocarbures, situé à proximité,
provoquant un énorme incendie. Le dépôt de stockage en feu contient au
total plus de 90 millions de litres de carburant, ainsi qu’une cuve de
gaz ménager. Les autorités ont annoncé que l’incendie était "hors de
contrôle" et dit craindre "une catastrophe humaine et environnementale".
Les affrontements autour de l’aéroport ont éclaté après une attaque
menée par des combattants islamistes et d’ex-rebelles de la ville de
Misrata (200 km à l’est de Tripoli) qui tentent de chasser de l’aéroport
leurs anciens compagnons d’armes venus de la ville de Zenten.
Considérés comme le bras armé de la mouvance libérale, les ex-rebelles
de Zenten (170 km au sud-ouest de Tripoli) contrôlent l’aéroport de
Tripoli et plusieurs autres sites militaires et civils du sud de la
capitale.
Toutes les tentatives de médiation du gouvernement pour mettre fin
aux combats ont échoué jusqu’ici. Les espoirs se tournent désormais vers
le nouveau Parlement, issu des élections du 25 juin, qui pourrait
imposer un arrêt des combats. Mais des incertitudes planent déjà sur la
capacité des élus à se réunir à Benghazi, théâtre d’affrontements quasi
quotidiens. Profitant de la situation anarchique dans le pays et d’une
météo clémente, des centaines de migrants clandestins s’entassent sur
des embarcations de fortune pour tenter la traversée vers les côtés
européennes au péril de leur vie. Cette semaine encore, plus de vingt
migrants sont morts et des dizaines d’autres disparus dans le naufrage
d’une embarcation de fortune qui a coulé au large de la Libye, a indiqué
mardi soir à l’AFP le porte-parole de la marine libyenne. Selon lui,
vingt-deux migrants ont été secourus et plus de vingt corps repêchés.
Quelque cent cinquante migrants étaient à bord de l’embarcation, selon
des rescapés.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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