Le départ du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki constituerait "une
part importante" de la solution à la crise politique en Irak, estime le
porte-parole d’un influent religieux chiite dans un entretien à l’AFP.
Il s’agit de la première fois qu’un leader religieux chiite appuie
ouvertement un départ du pouvoir de Maliki, lui-même chiite.
Par ailleurs, cette déclaration de cheikh Ali al-Najafi, porte-parole de
son père, le grand ayatollah Bachir al-Najafi, apparaît comme un signe
supplémentaire de la volonté du clergé chiite, habituellement discret,
de jouer un rôle plus actif dans les affaires du pays.
La formation rapide d’un gouvernement d’union est vue comme une étape
cruciale pour faire face à l’offensive fulgurante des insurgés sunnites,
menés par les jihadistes de l’Etat islamique (EI), qui ont su exploiter
les profondes divisions politiques.
"C’est une partie de la solution. Une partie importante", a déclaré lundi M. al-Najafi, en référence au départ de Maliki.
"C’est le point de vue du marja al-Najafi", a-t-il-dit, en parlant de
son père, l’un des quatre plus importants leaders religieux chiites, qui
constituent la marjaïya.
Le grand ayatollah Ali Sistani, à la tête de la marjaïya, avait déjà
appelé le 20 juin, via son porte-parole, à la "formation d’un
gouvernement efficace qui soit acceptable sur le (...) plan national (et
qui) évite les erreurs du passé".
Cette déclaration n’était pas à proprement parler un appel au départ de Maliki, mais constituait une critique implicite du Premier ministre
sortant, un homme accusé d’avoir accaparé le pouvoir et marginalisé la
communauté sunnite (minoritaire), préparant ainsi le terrain à
l’offensive des insurgés sunnites lancée le 9 juin.
Maliki, au pouvoir depuis 2006, entend briguer un troisième mandat,
son bloc parlementaire étant arrivé en tête aux législatives, mais les
Arabes sunnites comme les Kurdes, et même certains chiites, réclament
son départ.
L’ayatollah Sistani avait également appelé à armer ceux voulant
combattre les insurgés, dans la première fatwa appelant au jihad de la
marjaïya depuis plus de 90 ans, malgré des dizaines d’années de guerre
et de violences.
"Désormais, la marjaïya voit un réel (...) danger pour l’Irak, (...)
l’Irak pourrait s’effondrer en quelques heures ou quelques jours, et a
besoin d’une position (commune) de la part de tout son peuple pour
protéger l’unité du pays", a déclaré M. Najafi, qui s’exprimait dans la
ville sainte de Najaf, à 150 km au sud de Bagdad.
L’Irak avait été plongé en 2006 et 2007 dans un conflit meurtrier
opposant milices chiites à Al-Qaïda, appuyé par les sunnites, déclenché
par un attentat contre un mausolée chiite au nord de la capitale.
"L’ampleur et le type des combats sont différents cette fois. Le nombre
de combattants est différent. Daash est différent d’Al-Qaïda", a indiqué
M. Najafi, en référence à l’acronyme arabe de l’EI.
"C’est quelque chose de plus développé qu’Al-Qaïda, en termes de force,
de coordination, d’organisation et de financement", estime-t-il, alors
que les insurgés se sont emparés en l’espace de quelques jours de
plusieurs pans du territoire dans le nord et l’est du pays.
La marjaïya avait dans le passé une position plus circonspecte et pris garde de rester à l’égard de l’arène politique.
Mais la situation a évolué, a assuré M. Najafi, sous-entendant que la marjaïya allait désormais donner plus de voix.
"Quand il y a un problème (au sein d’une famille, ndlr), c’est au père
de le régler (...) la marjaïya, c’est ce père", a-t-il dit.
"Dans toute crise, vous aurez le conseil de la marjaïya. Et cela pour la
stabilité de l’Irak, sa protection, son unité, et pour rassurer" les
Irakiens et leurs voisins, a-t-il poursuivi.
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