vendredi 26 août 2016

Libye : Une possible crise institutionnelle (Oksanna Le Rallec)

Depuis des mois, les puissances étrangères mettent la pression pour que les deux camps se rapprochent afin, notamment, de mieux coordonner la lutte contre le groupe djihadiste État islamique (EI), actif dans ce pays proche des côtes européennes. « Reste à savoir si M. Sarraj et les députés qui le soutiennent vont reconnaître la légitimité de ce vote », a indiqué à l'AFP Mattia Toaldo, expert au sein du groupe de réflexion European Council on Foreign Relations. Selon lui, « il est possible que ce vote [...] finisse par faire tomber le Conseil présidentiel (CP) », un organe composé de neuf membres, dont le Premier ministre, des vice-Premiers ministres et des ministres, et qui désigne les membres du cabinet. « Cela pourrait donner lieu à une nouvelle crise institutionnelle en minant la légitimité du GNA et ramenant le processus [politique] à la case départ », a ajouté M. Toaldo. Par ailleurs, selon lui, des pourparlers impliquant des acteurs « à la fois libyens et étrangers » ont eu lieu cet été sur un éventuel remplacement du gouvernement et même du CP.
Après avoir rejeté la confiance au GNA, le Parlement a réclamé au CP la formation d'un « gouvernement restreint » en lui donnant « un délai de 10 jours » pour soumettre de nouveaux candidats, selon un texte obtenu par l'AFP auprès de M. Boussakhra. Selon cette déclaration, acceptée par les députés présents, selon M. Boussakhra, « il s'agit de la dernière chance » pour le CP pour former un gouvernement susceptible d'obtenir l'aval du Parlement. En attendant, le Parlement a affirmé que toutes les décisions adoptées par le CP étaient considérées comme « nulles et non avenues ».
Si le GNA ne parvient pas à contrôler l'ensemble du pays, il a toutefois réussi à rassembler des forces en vue de chasser l'EI de Syrte, une ville située à 450 kilomètres à l'est de Tripoli et place forte des djihadistes. Les forces progouvernementales ont réussi à s'emparer d'une grande partie de cette ville depuis le début du mois d'août, disposant notamment du soutien de l'aviation américaine. « Nos forces ont pris le quartier al-Naga et un ancien bâtiment de la Sécurité intérieure que l'EI utilisait comme prison », dans le centre-ville, a indiqué lundi le centre de presse de ces forces. D'après la même source, des combats se sont déroulés au sud du quartier résidentiel n° 1 situé dans le nord de la ville en bord de mer, l'un des derniers, avec le quartier n° 3, à ne pas avoir encore été « libéré ».
Sur le plan économique, le GNA tente également de relancer les exportations de pétrole, qui pourrait redevenir une grande source de revenus, étant donné que la Libye dispose des plus grandes réserves de pétrole en Afrique. Selon Impact 24, cette activité rapportait entre 45 et 50 milliards de dollars en 2010, contre 4 milliards de dollars aujourd'hui. Pour relancer ce commerce, le GNA a ainsi conclu un accord avec la milice des Gardes des installations pétrolières qui monopolise les sites pétroliers. Les efforts de ce gouvernement n'auront pourtant pas suffi à convaincre. Reste à voir la nouvelle formation que proposera le conseil présidentiel.

(26-08-2016 - Par Oksanna Le Rallec)

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