vendredi 26 août 2016

Libye : Le GNA de Tripoli concurrencé par un gouvernement à Baïda

Issu d'un accord interlibyen parrainé par l'ONU et signé en décembre 2015 au Maroc, le GNA gère les affaires courantes, mais peine à asseoir son autorité à l'échelle de tout le pays. Selon l'accord de décembre, le GNA devait obtenir, pour entrer en fonction, un vote de confiance de la part du Parlement. Ce dernier avait rejeté le 25 janvier une première version du gouvernement d'union.
Selon RFI, la majorité des parlementaires trouvent que le GNA a échoué dans sa mission. Il a montré son « incapacité à gérer le pays », indique le député Rida Omran, avant d'ajouter que ce gouvernement, « né faible », a déjà perdu quatre de ses membres. Le 30 juin, les ministres de la Justice, de l'Économie et de l'Industrie, des Finances et de la Réconciliation nationale ont en effet été limogés, car ils n'avaient toujours pas investi leur fonction au sein du GNA. Le GNA peine donc à retrouver des politiques originaires de l'est du pays qui lui soient favorables. « Dans l'est de la Libye, il n'y a que rejet et méfiance pour le GNA », expliquait à l'AFP Mohamed Eljarh, du centre de réflexion Atlantic Council basé à Washington. « Chacun de ces ministres [démissionnaires, NDLR] a dû subir des pressions pour ne pas rejoindre le GNA », supposait-il.
Le Parlement, qui avait dû déménager à Tobrouk (Est) après la prise de Tripoli par une coalition de milices il y a deux ans, est reconnu par la communauté internationale, mais soutient un exécutif rival au GNA, basé à Baïda, également dans la même région. S'il peine à asseoir son autorité, c'est donc en grande partie en raison de l'opposition de cette autorité politique de l'Est. Cependant,  l'existence de ce second organe n'est pas l'unique cause du désaveu du GNA. Lorsque le cabinet dirigé par le Premier ministre Fayez el-Sarraj s'était formé avec le soutien de l'ONU, l'émissaire de l'ONU Martin Kobler estimait que 95 % des Libyens lui étaient favorables, selon ZamanFrance.
« C'était en avril. Il y avait alors beaucoup de bonne volonté en faveur du gouvernement d'union », explique le diplomate allemand dans les colonnes de la Neue Zürcher Zeitung. « Il a depuis perdu une partie de son soutien. » Selon lui, le gouvernement d'accord national (GNA) peine à imposer son autorité dans un pays confronté à de profondes rivalités politiques et militaires ainsi qu'à la multiplication des coupures d'électricité et à une chute de la monnaie qui pénalise les importations de biens indispensables.

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