mercredi 1 juillet 2015

Tunisie: Aussitôt commencé, le procès du meurtre de l'opposant Belaïd reporté

Le procès de 24 Tunisiens accusés d'être impliqués dans l'assassinat en 2013 de l'opposant tunisien Chokri Belaïd, farouche critique des islamistes, a été reporté mardi au 30 octobre, a indiqué à l'AFP Sofiène Sliti, le porte-parole du Parquet.
"A la demande de la partie civile et de la défense des accusés, le tribunal a décidé de reporter le procès au 30 octobre", a-t-il précisé.
Les demandes de libération de certains accusés ont été rejetées, a encore ajouté M. Sliti.
Près de 200 avocats, de nombreux journalistes ainsi que des policiers en civil étaient présents mardi au tribunal pour la première audience de ce procès tandis que des dizaines de personnes manifestaient dans la rue en scandant "Tunisie libre, terrorisme dehors", selon une journaliste de l'AFP sur place.
Face à l'affluence, l'audience se tenait non pas dans l'une des salles du Palais de justice de Tunis mais dans le grand hall au premier étage du bâtiment, "un espace qui ne convient pas à un procès historique attendu par les Tunisiens", a souligné l'avocat Slah Hajri au juge.
"Aujourd'hui, nous allons voir si justice sera faite ou non. Il y aura des indices sur la volonté ou pas de rendre justice", avait dit plus tôt à l'AFP la veuve de l'opposant, Basma Khalfaoui.
Chokri Belaïd, un farouche critique des islamistes d'Ennahda alors au pouvoir, a été tué devant chez lui le 6 février 2013 à Tunis, un assassinat qui avait choqué le pays et provoqué une crise politique.
Sur les 24 accusés, 23 sont en détention et un est en liberté, selon le parquet.
Quatre seulement étaient visibles dans le hall archiplein. Les autres qui ont été ramenés au tribunal ont refusé de comparaître devant le juge, selon leurs avocats.
"Les accusés subissaient depuis plus d'une semaine une vague d'agressions et violations de leur intégrité physique dans la prison de Borj Erroumi et la prison de Mornaguia où ils sont même empêchés de faire la prière", a affirmé l'avocate Sarra Harath au juge.
"Tant que leurs droits ne sont pas respectés, ils refuseront de comparaître devant le tribunal", a-t-elle ajouté.
Ils sont poursuivis pour "incitation à commettre des crimes terroristes", "adhésion à des groupes en relation avec des organismes terroristes" et meurtre avec préméditation, avait indiqué l'avocat de l'un des accusés.
Ils sont aussi soupçonnés d'avoir "fourni des informations, un local et des dons directs afin de financer des personnes ayant des activités terroristes" et d'avoir "fourni des armes et des explosifs à un organisme en relation avec des crimes terroristes", a précisé le Parquet à l'AFP.
Les avocats de la partie civile ont demandé une diffusion télévisée en direct des prochaines audiences, demande refusée par des avocats des accusés.
Les autorités avaient attribué le meurtre de M. Belaïd à la mouvance jihadiste et annoncé en février 2014 avoir tué, dans une opération antiterroriste, son assassin présumé Kamel Gadhgadhi.
En décembre 2014, des jihadistes ralliés au groupe Etat islamique (EI) ont pour la première fois revendiqué l'assassinat de Chokri Belaïd et celui d'un autre opposant, le député Mohamed Brahmi, tué en juillet 2013.
Mais la famille de Chokri Belaïd continue de dénoncer des "zones d'ombre" et de réclamer la vérité.
Ce procès s'est ouvert alors que la Tunisie est encore sous le choc après un attentat sanglant vendredi contre des touristes près de Sousse revendiqué par l'EI.

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