dimanche 12 juillet 2015

Yémen: L'espoir d'une trêve s'évapore.

L'espoir d'une trêve humanitaire s'évapore au Yémen avec la poursuite des raids aériens et des combats, au désespoir d'une population durement éprouvée par le conflit entre les rebelles chiites et les forces progouvernementales.
La pause annoncée jeudi par l'ONU était destinée à permettre l'acheminement d'une aide humanitaire cruciale à des millions d'habitants. Mais entrée en vigueur vendredi 23H59 locales (20H59 GMT) et censée durer jusqu'à la fin du mois de jeûne musulman du ramadan, le 17 juillet, elle a été aussitôt violée dans plusieurs régions du pays.
Dimanche à l'aube, l'aviation de la coalition menée par l'Arabie Saoudite a lancé une nouvelle série de raids aériens contre des positions des rebelles chiites Houthis, venant confirmer l'échec de la tentative de l'ONU d'instaurer une pause dans le conflit qui dure depuis fin mars.
Les avions de la coalition ont visé des rassemblements de rebelles à Saada, leur fief dans le nord du pays, d'autres positions au sud de Sanaa, la capitale, et dans la région de Wahat, dans la province méridionale de Lahj, ont indiqué des témoins.
Aucun bilan de ces frappes aériennes n'a pu être obtenu dans l'immédiat.
Les avions continuaient à survoler la capitale à la mi-journée, a constaté un correspondant de l'AFP, ajoutant qu'en raison de la tension beaucoup d'habitants avaient renoncé à faire des emplettes pour la fête proche de l'Aid el-Fitr, marquant la fin du mois de jeûne musulman du ramadan.
Aidés d'unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, les rebelles chiites ont lancé en juillet 2014 une offensive qui leur a permis de prendre de vastes régions dont la capitale Sanaa. Ils ont ensuite pris pied à Aden (sud) poussant fin mars à l'exil le président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui a trouvé refuge en Arabie Saoudite.
Affirmant vouloir empêcher ces rebelles Houthis de s'emparer de la totalité du pays et par extension l'Iran d'élargir son influence, Ryad a pris la tête d'une coalition arabe qui bombarde depuis le 26 mars les insurgés.
Au sol, rebelles et forces pro-gouvernementales ont continué de se battre dans plusieurs régions du pays.
"Les rebelles tentent de déloger les adversaires de plusieurs quartiers du nord de la ville", de Taëz (ouest) a ainsi indiqué à l'AFP une habitante.
Les Houthis ont en outre bloqué les entrées de la ville, empêchant l'entrée de toute assistance humanitaire, et ne cessent d'y envoyer des renforts militaires, selon des habitants.
Les rebelles ont également envoyé des renforts à Mareb, à l'est de la capitale, et dans la province de Chabwa, (sud).
A Habbane, dans le nord de cette dernière province, de violents combats ont opposé durant trois jours les Houthis aux forces de la "résistance" progouvernementales qui ont déploré, dans un communiqué, 21 morts et 36 disparus dans leurs rangs.
A Aden, les Houthis ont bloqué dans la nuit un convoi d'aide humanitaire. En provenance de Hodeïda, ville portuaire de l'ouest du Yémen, le convoi "a été intercepté à Al-Ribat à l'entrée nord d'Aden", a affirmé à l'AFP Adnane al-Kaf, porte-parole d'un collectif de secours.
En annonçant la trêve, l'ONU avait pourtant affirmé avoir reçu de tous les belligérants des assurances suffisantes, et les agences humanitaires avaient tablé sur la pause pour secourir les populations dans les zones les plus durement affectées par le conflit.
Dans un communiqué publié samedi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) annonçait ainsi son intention, dans le cas où la trêve tiendrait, d'envoyer équipements et médicaments dans neuf régions yéménites où le système de santé s'est effondré.
En général, 80% de la population -soit 21 millions de personnes- ont besoin d'aide ou de protection et plus de 10 millions ont du mal à se nourrir ou à trouver de l'eau, selon l'ONU qui précise que le conflit a fait plus de 3.200 morts, dont une moitié de civils, depuis mars.
Le Programme alimentaire mondial, qui a deux bateaux chargés de nourriture et de carburant au large d'Aden espérait venir en aide à plus de 2 millions de personnes.

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