samedi 18 juillet 2015

Yémen: Des ministres en exil rentrent à Aden "libérée" des rebelles

Plusieurs ministres yéménites, jusque là réfugiés en Arabie Saoudite, ont fait leur retour à Aden, après l'annonce par le gouvernement en exil de la libération de la ville portuaire jusqu'alors aux mains des rebelles houthis.
"Nous sommes arrivés la nuit dernière", a précisé samedi à l'AFP le ministre de l'Intérieur Abdo al-Huzeifi, joint par téléphone, ajoutant qu'il était accompagné du ministre des Transports et de plusieurs responsables de sécurité.
M. Huzeifi n'a pas précisé par quel moyen ils avaient rejoint la ville, mais selon un responsable de la sécurité saoudienne cité dans le quotidien Asharq al-Awsat, les hommes ont pris l'avion jusqu'en Erythrée puis le bateau vers Aden.
Le ministre a assuré que les rebelles chiites soutenus par l'Iran avaient été boutés hors de la ville, à l'exception de "quelques groupes assiégés qui refusent de capituler".
Vendredi, le gouvernement yéménite basé à Ryad avait annoncé que les forces loyalistes, qui ont lancé mardi leur première offensive à Aden depuis l'entrée fin mars des rebelles dans la ville, en avaient chassé les houthis et leurs alliés.
"Le gouvernement annonce la libération de la province d'Aden", avait écrit sur sa page Facebook le chef du gouvernement, Khaled Bahah.
Mais la situation est toujours instable et de féroces combats se poursuivaient samedi dans le quartier d'al-Tawahi, toujours aux mains des rebelles selon des témoins.
Un porte parole de la rébellion a pour sa part qualifié l'annonce du gouvernement de "guerre psychologique" et de "tentative de remonter le moral" des milices pro-gouvernementales.
"L'avancée dont ils se vantent ne dépasse pas quelques kilomètres ici et là sur les lignes de front, où ils ont par ailleurs subi de lourdes pertes", soutient le porte-parole dans un communiqué publié par l'agence de presse proche de la rébellion.
Les forces pro-gouvernementales ont pu compter sur le soutien des frappes de la coalition arabe menée par l'Arabie Saoudite, ainsi que sur l'arrivée de combattants entraînés et équipés par le royaume saoudien.
Les avions de la coalition ont visé samedi des positions rebelles dans l'est d'Aden, tuant 25 combattants, a indiqué une source militaire. Un bilan que l'AFP n'est pas en mesure de vérifier.
Les forces loyalistes ont enregistré plusieurs autres avancées. Elles ont lancé une attaque contre la base aérienne d'Al-Anad située dans la province de Lahj et tenue par les Houthis et leurs alliés, des militaires restés fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh.
Lors de l'opération, 47 rebelles, dont des officiers de la Garde républicaine pro-Saleh ont été capturés, a affirmé Qaed Nasser, porte parole de la milice de la Résistance populaire. Cette dernière, opposée aux Houthis, rassemble des combattants pro-gouvernementaux, des tribus sunnites et des sécessionnistes sudistes.
Plus à l'est, les forces pro-régime ont également repris pied à Bayhan, ville située dans la province méridionale de Chabwa, selon la même source.
Les rebelles houthis, aidés d'unités de l'armée fidèles à M. Saleh, ont lancé en juillet 2014 une offensive d'envergure qui leur a permis de prendre de vastes régions dont la capitale Sanaa. Ils sont ensuite entrés dans Aden, la grande ville du sud du Yémen, poussant fin mars à l'exil le président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui a trouvé refuge en Arabie Saoudite.
Après quatre mois de combats acharnés, des pans entiers d'Aden ont été réduits à néant. Depuis mars, l conflit dans le pays le plus pauvre de la péninsule arabique a fait plus de 3.200 morts, dont une moitié de civils selon l'ONU.
La trêve humanitaire arrachée après des semaines de discussions entre les deux parties n'a jamais pu voir le jour sur le terrain.

(18-07-2015)

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