samedi 26 juillet 2014

Libye : Les Etats-Unis évacuent tout leur personnel diplomatique de Libye

Les Etats-Unis ont évacué samedi sous escorte aérienne tout leur personnel diplomatique de leur ambassade en Libye, qui s’était retrouvé pris, depuis le 13 juillet, au milieu de violents combats entre milices rivales sur la route de l’aéroport de Tripoli.
L’aéroport de la capitale est fermé depuis le début des combats entre groupes armés qui s’affrontent pour le contrôle de cette installation stratégique et plusieurs sites militaires autour.
La Turquie avait annoncé vendredi soir avoir évacué le personnel de son ambassade à Tripoli et "suspendu temporairement" ses opérations, en raison de la détérioration de la sécurité dans le pays.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a précisé que les Etats-Unis avaient "suspendu" leurs opérations diplomatiques en Libye, en raison d’un "risque réel".
"En raison des violences actuelles résultant des affrontements entre milices libyennes dans le voisinage immédiat de l’ambassade des Etats-Unis à Tripoli, nous avons temporairement relocalisé tout notre personnel hors de Libye", a expliqué la porte-parole adjointe du département d’Etat Marie Harf dans un communiqué.
L’ambassade est en effet située sur la route de l’aéroport.
Les Etats-Unis redoublent de prudence depuis l’attaque meurtrière contre la mission diplomatique américaine de Benghazi, dans l’est du pays, en 2012, qui avait coûté la vie à l’ambassadeur Christopher Stevens et à trois autres agents américains.
Le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby, a expliqué que le personnel de l’ambassade avait été conduit en Tunisie au cours d’une opération surveillée depuis les airs.
Vers 05H00 du matin (03H00 GMT), des jets militaires et au moins un hélicoptère ont survolé la capitale, selon un journaliste de l’AFP.
Une source de sécurité libyenne a expliqué à l’AFP qu’il s’agissait de l’escorte aérienne pour l’opération d’évacuation.
Des combats, qui étaient en cours entre milices se sont alors arrêtés brusquement et un convoi de plusieurs véhicules blindés a quitté l’ambassade juste après, selon des témoins.
La connexion internet a été coupée dans la foulée à Tripoli et dans d’autres villes de l’ouest du pays. La compagnie nationale de télécommunication a cependant expliqué qu’il s’agissait d’une panne.
Le département d’Etat a également diffusé un nouvel avertissement de voyage, recommandant aux citoyens américains de ne pas se rendre en Libye et pressant tous ses ressortissants de "quitter immédiatement" le pays.
Le gouvernement libyen a appelé de nouveau vendredi à l’arrêt des combats à Tripoli, mettant en garde contre "l’effondrement de l’Etat", notamment après que le Premier ministre Abdallah al-Theni a été empêché jeudi par une milice de prendre l’avion à l’aéroport militaire de Miitiga, à côté de Tripoli.
Les autorités libyennes n’arrivent pas à contrôler les dizaines de milices qui font la loi dans le pays depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Les combats autour de l’aéroport ont fait au moins 47 morts et 120 blessés, selon un bilan du ministère de la Santé datant du 19 juillet. Mais selon des sources médicales, le bilan serait beaucoup plus lourd, après les combats des derniers jours.
Ces affrontements, les plus violents à Tripoli depuis 2011, ont éclaté après une attaque menée par des combattants islamistes et d’ex-rebelles de la ville de Misrata (200 km à l’est de Tripoli) qui tentent de chasser de l’aéroport les ex-rebelles de Zenten, anciens compagnons d’armes.
Considérés comme le bras armé de la mouvance libérale, les ex-rebelles de Zenten (170 km au sud-ouest de Tripoli) contrôlent l’aéroport de Tripoli ainsi que plusieurs autres sites militaires et civils du sud de la capitale.
Des analystes libyens estiment que les combats font partie d’une lutte d’influence entre courants politiques, après les législatives du 25 juin, dont les résultats officiels n’ont pas encore été annoncés.
Selon des élus et des observateurs, les libéraux auraient remporté plus de sièges que les islamistes, qui tentent désormais de marquer des points sur le plan militaire.
L’insécurité à Tripoli a contraint les banques et les stations-services à fermer, paralysant la capitale où les coupures d’électricité deviennent de plus en plus fréquentes.
Des coupures d’eau et une pénurie de carburant et de bonbonnes de gaz empoisonnent également la vie des Tripolitains, dont des dizaines ont manifesté vendredi soir dans le centre-ville pour dénoncer les violences.

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