mardi 29 juillet 2014

Israël/Palestine : Escalade de violence dans la Bande de Gaza et le Sud d’Israël

La Bande de Gaza et le sud d’Israël connaissaient une dramatique escalade de la violence lundi soir après la mort d’enfants palestiniens et de civils en Israël, annihilant tout espoir de trêve rapide, au premier jour de la fête de la fin du ramadan.
"Au nom de l’Humanité, la violence doit s’arrêter", a exhorté le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, les principaux dirigeants occidentaux, dont Barack Obama affirmant la volonté "d’augmenter" la "pression" pour parvenir à un cessez-le-feu dans ce conflit sanglant qui a débuté le 8 juillet.
Le président américain avait demandé la veille au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, une trêve "immédiate et sans conditions", mais ce dernier a promis lundi soir "une longue campagne" militaire contre l’enclave palestinienne que contrôle le mouvement Hamas.
Lundi, les médias israéliens ont fait état de quatre personnes tuées dans le kibboutz Be’eri, près de la frontière, par un tir effectué depuis Gaza, dans ce qui représente le coup le plus dur porté à la population civile en Israël depuis le début de l’offensive israélienne sur la Bande de Gaza le 8 juillet. Huit autres ont été blessées dans cette attaque, revendiquée par le Hamas.
En début de soirée, cinq combattants palestiniens, qui s’étaient infiltrés dans le sud d’Israël, ont été tués près du kibboutz de Nahal Oz tout proche de la frontière, a annoncé à l’AFP une source sécuritaire israélienne. Le Hamas a lui revendiqué une opération dans la région affirmant avoir tué "plus de 10 soldats".
A Gaza, huit enfants et deux adultes sont morts dans le camp de réfugiés de Chatti, les deux parties se renvoyant la responsabilité de cet énième drame sanglant.
Il s’est agi pour des sources médicales palestiniennes et des témoins de frappes aériennes israéliennes, l’armée israélienne évoquant pour sa part des tirs à la roquette ratés par le camp adverse, tout comme pour une explosion survenue, sans faire de victime, dans l’enceinte de l’hôpital Chifa, le plus grand de l’enclave palestinienne qui faisait jusqu’à présent figure de rare sanctuaire.
Un autre enfant, âgé de quatre ans, avait déjà été tué dans un tir de char à Jabaliya (nord).
Et la spirale de la violence ne semblait pas devoir s’interrompre dans un conflit déclenché par Israël pour annihiler les capacités militaires du Hamas et mettre fin aux tirs de roquettes vers sa population.
Dans une allocution télévisée lundi soir, Benjamin Netanyahu a demandé à ses concitoyens de se préparer à "une longue campagne". Et l’armée israélienne a demandé aux habitants de quartiers périphériques de la ville de Gaza d’évacuer leurs foyers et se rendre dans le centre de la ville, laissant présager de nouveaux bombardements massifs.
L’accalmie qu’ont connue dimanche et dans la nuit les Gazaouis aura été brève. Elle n’avait d’ailleurs pas éteint leur hantise, à en juger par le calme inhabituel des rues de Gaza quelques heures avant la célébration de la fête du Fitr marquant la fin du ramadan, qui s’annonce sinistre pour les 1,8 million d’habitants.
"C’est l’Aïd du sang", résume Abir Chamali en passant doucement la main sur la terre fraîche qui recouvre le corps de son fils de 16 ans tué jeudi près de la ville de Gaza.
"L’occupant (israélien) refuse toujours tout cessez-le-feu humanitaire pour l’Aïd. Il s’agit d’une rebuffade aux croyances des musulmans et à leur culte", a accusé le porte-parole du Hamas à Gaza, Sami Abu Zuhri.
En trois semaines, selon les secours locaux, l’offensive israélienne a fait près de 1.050 morts palestiniens — pour plus des trois-quarts des civils selon l’ONU — et quelque 6200 blessés dans la bande de Gaza, où les destructions sont considérables. Côté israélien, 43 soldats et au moins sept civils ont été tués.
A New York, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU, réunis en urgence, avaient exprimé dans une déclaration unanime faite avant la reprise massive des hostilités leur "fort soutien à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et sans conditions" réclamé par Barack Obama.
Le représentant palestinien à l’ONU Ryad Mansour avait regretté que le Conseil n’ait pas appelé à la levée du blocus imposé depuis 2006 à Gaza, tandis qu’Israël jugeait qu’il n’avait pas pris en compte les impératifs de sécurité d’Israël.
Le président palestinien Mahmud Abbas, qui était dimanche en Arabie saoudite, devrait se rendre "très bientôt" au Caire à la tête d’une délégation de son mouvement le Fatah, du Hamas et du Jihad islamique, pour discuter d’un cessez-le-feu, selon un haut responsable palestinien.
Même si une très hypothétique trêve devait être finalement arrachée, sur le fond, les désaccords restent profonds sur les termes d’un accord durable.
Appuyé sur le fort soutien de son opinion publique, Israël entend finir de neutraliser les souterrains creusés à Gaza pour dissimuler des armes et lancer des attaques en territoire israélien.
Et le secrétaire d’Etat John Kerry a répété dimanche que toute résolution du conflit "durable et significative, doit mener au désarmement du Hamas", alors que l’appel comminatoire à une trêve de Barack Obama avait jeté de l’huile sur le feu dans les relations déjà tendues entre les deux alliés.
De son côté, le Hamas exige un retrait israélien de Gaza et une levée du blocus de l’enclave dont il a pris le contrôle en 2007.

(28-07-2014 )

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