jeudi 31 juillet 2014

Israël/Palestine : Eid Shahid ! (Samah Jabr)

Eid est le nom de la fête qui suit le mois de Ramadan. Certains occidentaux la préfèrent à Eid Al Adha qui marque la fin du pèlerinage à la Mecque. Les français appellent cette dernière la « Fête de moutons » et certains, comme Brigitte Bardot, la critique à cause de l’abattage d’un grand tat de moutons !

Eid est aussi le prénom du jeune palestinien, Eid Rabah, du camp de réfugiés d’Al Aroub (près de Bethléem). Eid est un parmi 10 martyrs qui ont été tué par des soldats israéliens lors d’une manifestation en solidarité avec Gaza. Shahid en arabe signifie « martyr », mais ce n’est pas obligatoire d’être tué pour devenir Shahid, le mot a plusieurs sens. « Shahed » signifie un témoin, et le « Shahid » c’est celui qui témoigne et dit la vérité et agit en fonction, même si cela peut couter cher, voire même son sang et sa chaire.

Normalement on dit « Eid Saeid » pour saluer les gens à la fin du Ramadan ; mais cette fois-ci les palestiniens disent Eid Shahid. Il suffit de penser à tous ceux qui ne critiquent pas « l’abattage des êtres humains », tous ceux qui sont très lents à réagir par rapport au carnage de Gaza qui a duré pendant tout le mois sacré du Ramadan et s’est accentué pendant les jours de l’Eid : on a vu des gens bombardés sous le drapeau des Nations-Unies après avoir cherché refuge dans les écoles de l’UNRWA ; on a vu une petite fille déchirée par des missiles israéliens tout en tenant fort à son cadeau d’el Eid ; et on a vu le lauréat du Baccalauréat Palestinien tué quelques jours après avoir appris ses résultats. Dans des conditions pareilles, il est vrai, je ne peux que dire Eid Shahid !

Cet Eid est témoin et martyr de l’apathie, l’impuissance et la complicité du monde avec Israël et les Etats-Unis.

Quand on pense aux centaines de palestiniens qui ont perdu leur vie récemment, aux cris des milliers d’enfants blessés et horrifiés, aux familles forcément déplacées de leurs maisons, aux destructions massives de la vie des palestiniens, on sent le vide. Un vide qui ne se remplit que par les personnes que nous aimons et cherchons à revoir mais que nous ne trouvons plus.

Samah Jabr
31 juillet 2014

Samah Jabr est Jérusalémite, psychiatre et psychothérapeute, dévouée au bien-être de sa communauté, au-delà des questions de la maladie mentale.

Texte Diffusé à l’émission de radio « info Palestine » sur Radio Galère le jeudi 31 Juillet 2014

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