mardi 29 juillet 2014

Israël/Palestine : l’Aïd du sang

Le conflit entre Israël et le Hamas a connu une dramatique escalade lundi après la mort d’enfants palestiniens et des attaques meurtrières contre l’armée israélienne, suivies d’incessants bombardements à Gaza, annihilant tout espoir de trêve à l’occasion de la fin du ramadan. "Au nom de l’humanité, la violence doit s’arrêter", a exhorté le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, tandis que les principaux dirigeants occidentaux, dont Barack Obama, ont affirmé leur volonté "d’augmenter" la "pression" pour parvenir à un cessez-le-feu.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a promis de son côté lundi "une longue campagne" contre le mouvement islamiste palestinien Hamas, dont Israël entend annihiler la puissance de feu. Et dans les faits, les bombardements et les tirs d’artillerie israéliens se succédaient mardi matin sur l’ensemble de la bande de Gaza, faisant au moins vingt-six morts côté palestinien depuis minuit, mardi matin. Parmi ces 26 Palestiniens tués figurent au moins 9 femmes et 4 enfants, tués dans des frappes à Rafah (sud) et dans des tirs d’artillerie israéliens sur le camp de réfugiés de Bureij (centre) qui ont fait 11 morts à eux seuls mardi matin, a indiqué Achraf al-Qoudra, porte-parole des secours à Gaza. 1 113 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de l’opération israélienne le 8 juillet, a précisé Achraf al-Qoudra.
L’aviation israélienne a notamment bombardé la maison d’Ismaïl Haniyeh, le dirigeant du Hamas à Gaza, qui se trouve dans le camp de réfugiés de Chati (nord-ouest de Gaza), a affirmé mardi son fils. Dans ce camp de réfugiés, huit enfants et deux adultes sont morts lundi, Israël et le Hamas se renvoyant la responsabilité de ce énième drame sanglant d’une guerre déclenchée le 8 juillet. Selon des témoins, des chasseurs F-16 israéliens ont lancé 5 missiles sur un groupe d’enfants. L’armée israélienne, elle, affirme qu’il s’agit de tirs de roquettes ratés par le camp adverse.
Trois roquettes ont été tirées mardi matin sur Israël, dont une interceptée et deux qui se sont écrasées près de Rishon LeZion, à 10 kilomètres au sud de Tel-Aviv, des tirs revendiqués par la branche armée du Hamas. Mais Israël a aussi enregistré de lourdes pertes. Quatre de ses soldats à bord de chars ont été tués par un tir de mortier le long de la frontière avec l’enclave palestinienne, selon l’armée. Les médias israéliens avaient d’abord fait état de victimes civiles. Cette attaque a été revendiquée par le Hamas. Un cinquième militaire est tombé au combat dans le sud de la bande de Gaza.
L’armée israélienne a encore annoncé qu’elle avait tué un membre d’un commando palestinien qui s’était infiltré près du kibboutz de Nahal Oz (Sud), proche de la frontière. Le Hamas a aussi assumé la responsabilité d’une opération dans la région, disant avoir tué "plus de 10 soldats", ce que l’armée n’a pas commenté.
L’accalmie qu’ont connue dimanche et dans la nuit les Gazaouis aura été très éphémère. Elle n’avait d’ailleurs pas éteint leur hantise des bombardements, à en juger par le calme inhabituel des rues de Gaza quelques heures avant la célébration de la fête du Fitr marquant la fin du ramadan, qui s’annonce sinistre pour les 1,8 million d’habitants. "C’est l’Aïd du sang", a résumé Abir Chamali en caressant la terre fraîche qui recouvre le corps de son fils de 16 ans tué jeudi près de la ville de Gaza. "L’occupant (israélien) refuse toujours tout cessez-le-feu humanitaire pour l’Aïd. Il s’agit d’une rebuffade aux croyances des musulmans et à leur culte", a accusé le porte-parole du Hamas à Gaza, Sami Abou Zouhri.
À New York, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU, réunis en urgence, avaient exprimé avant la reprise massive des hostilités, leur "fort soutien à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et sans condition" réclamé par Barack Obama. Cette déclaration unanime a été fraîchement accueillie. Le représentant palestinien à l’ONU Ryad Mansour a regretté que le Conseil n’ait pas appelé à la levée du blocus imposé depuis 2006 à Gaza, tandis qu’Israël jugeait qu’il n’avait pas pris en compte les impératifs de sécurité d’Israël.
Le président palestinien Mahmud Abbas, qui semble essayer de reprendre la main sur les négociations en vue d’un cessez-le-feu, après un passage dimanche par l’Arabie saoudite, devrait se rendre "très bientôt" au Caire à la tête d’une délégation de son mouvement le Fatah, du Hamas et du Jihad islamique, pour discuter d’un arrêt des combats. Même si une très hypothétique trêve devait être finalement arrachée, sur le fond, les désaccords resteraient profonds sur les termes d’un accord durable.
Appuyé sur le fort soutien de son opinion publique, Israël entend finir de neutraliser les souterrains creusés à Gaza pour dissimuler des armes et lancer des attaques en territoire israélien. Et le secrétaire d’État John Kerry a répété dimanche que toute résolution du conflit "durable et significative doit mener au désarmement du Hamas", qui contrôle la bande de Gaza. La déclaration vient au lendemain de l’appel comminatoire à une trêve de Barack Obama. De son côté, le Hamas exige un retrait israélien de Gaza et une levée du blocus de l’enclave dont il a pris le contrôle en 2007, deux ans après que l’armée israélienne s’en était unilatéralement retiré.

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