jeudi 31 juillet 2014

Israël/Palestine : Israël veut "finir le travail", l’ONU réclame un "cessez-le-feu immédiat"

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a prévenu jeudi que l’armée "finirait le travail" dans la bande de Gaza, malgré les critiques de l’ONU sur les lourdes pertes civiles palestiniennes et l’appel à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat et sans conditions" et à des "pauses humanitaires" pour secourir la population à Gaza. "Nous sommes déterminés à achever" la destruction des tunnels utilisés par le Hamas pour porter des attaques au coeur de l’État hébreu, "avec ou sans cessez-le-feu", a averti Benyamin Netanyahou après l’annonce de la mobilisation de 16 000 réservistes supplémentaires et de la livraison de munitions américaines.
"Nous n’accepterons donc aucune proposition qui ne permettrait pas à l’armée israélienne de finir ce travail", a-t-il prévenu à l’ouverture du Conseil des ministres, au 24e jour d’un conflit dévastateur. Une mission qui est "une question de jours", a estimé le général en charge du secteur de Gaza, Sami Turgeman. Avant tout cessez-le-feu, le Hamas qui contrôle l’enclave palestinienne exige un retrait des troupes israéliennes du territoire, un arrêt des frappes et une levée du blocus imposé par Israël depuis 2006. Après le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, la haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Navi Pillay a condamné les attaques touchant des maisons, des écoles, des hôpitaux et des centres de réfugiés, qui "semblent être un acte de défi délibéré vis-à-vis des obligations résultant du droit international".
L’armée israélienne, qui accuse le Hamas de se servir des Gazaouis comme "boucliers humains", a encore intensifié son offensive, entrant plus profondément dans l’enclave palestinienne d’où les roquettes continuent à être tirées sur Israël. Jeudi encore, une dizaine de Palestiniens, dont deux femmes, ont péri dans les bombardements. Au total, plus de 1 370 Palestiniens ont été tués, en grande majorité des civils et quelque 7 700 blessés, ont indiqué les secours locaux. Plus de 245 enfants figurent parmi les morts selon l’Unicef.
La veille, dans cette étroite enclave où les 1,8 million habitants ne sont nulle part à l’abri, près de 120 Palestiniens ont perdu la vie, l’une des journées les plus meurtrières de cette guerre. Seize Palestiniens ont été tués quand deux obus ont frappé de plein fouet une école de l’ONU à Jabaliya (Nord) où s’étaient abrités environ 3 000 Gazaouis. La chute d’au moins un obus sur un marché de Chajaya, une banlieue de la ville de Gaza, a fauché, selon les secours locaux, 17 Palestiniens et blessé 150 pendant une "fenêtre humanitaire" qui avait pourtant été décidée par Israël. Avec des scènes insoutenables de corps mutilés, de morts, de sang.
L’agence onusienne pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) a clairement accusé l’armée israélienne d’être responsable du drame de son école, déplorant la mort d’enfants "tués alors qu’ils dormaient à côté de leurs parents sur le sol d’une salle de classe". L’armée israélienne a émis l’hypothèse de tirs du Hamas. La Maison Blanche a estimé jeudi qu’il existait peu de doutes que le bombardement d’une école de l’ONU dans la bande Gaza était le fait de l’armée israélienne, appelant une nouvelle fois l’Etat hébreu à "faire plus" pour protéger les civils.
L’allié américain soupçonne également un tir israélien. "Si nous sommes attachés à une enquête complète et rapide sur cet incident tragique, il ne semble pas qu’il y ait beaucoup de doutes sur l’origine de l’artillerie en cause", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest, jugeant "totalement inacceptable et totalement indéfendable" de bombarder un bâtiment de l’ONU "qui accueille des civils innocents qui fuient la violence". "Le secrétaire général de l’ONU a indiqué que toutes les preuves tendaient à montrer que l’artillerie israélienne était en cause. Nous n’avons aucun élément contredisant (...) ce que dit l’ONU sur cet incident", a poursuivi le porte-parole de l’exécutif américain. "C’est la raison pour laquelle nous continuons de demander aux responsables militaires israéliens d’être à la hauteur des exigences qu’ils se sont fixées pour la protection des civils innocents".
Dans l’enclave de 360 km2, soumise à de violents bombardements depuis le début le 8 juillet d’une offensive aérienne israélienne suivie neuf jours plus tard d’une opération terrestre, la situation humanitaire est dramatique. Le chef de l’UNRWA Pierre Krähenbühl, pour qui "220 000 réfugiés dans 85 centres à Gaza, ce n’est pas tenable", a évoqué ses "craintes d’apparition de maladies". Près d’un Gazaoui sur huit a dû venir s’abriter dans un de ces centres, où les pénuries en eau et en vivres se font durement ressentir. Le bilan humain de l’offensive Bordure protectrice s’approche à grands pas de celui de l’Opération Plomb durci (2008-2009), le plus meurtrier pour les Palestiniens des quatre principaux conflits entre Israël et le Hamas avec 1 440 morts.
Avec 56 morts, l’armée israélienne déplore son bilan le plus lourd depuis la guerre contre le Hezbollah au Liban en 2006. Trois des soldats ont péri mercredi, selon l’armée, dans une ancienne clinique de l’UNRWA où débouchait un tunnel qui avait été piégé. L’armée a indiqué avoir détruit 32 de ces boyaux souvent reliés entre eux, les Israéliens évoquant un "Gaza sous Gaza" d’où le Hamas dirige et mène la bataille. Malgré l’intensification des opérations israéliennes, des roquettes continuent d’être tirées sur Israël. Depuis le 8 juillet, plus de 2.800 ont été comptabilisées par l’armée, tuant trois civils, dont un ouvrier agricole thaïlandais. Jusqu’à présent vaines, les démarches diplomatiques ont repris. Une délégation israélienne est revenue du Caire après une rencontre avec des responsables égyptiens, habituels intermédiaires, et une délégation conjointe des principaux mouvements palestiniens, dont le Hamas, pourrait suivre jeudi.

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