jeudi 27 mars 2014

Israël/Palestine : Kerry à Amman pour sauver le processus de paix

Le secrétaire d’État américain John Kerry a rencontré mercredi le roi de Jordanie Abdallah, avant le président palestinien Mahmud Abbas, une visite éclair destinée à maintenir sur les rails le processus de paix, menacé par un différend sur la libération par Israël d’un dernier contingent de prisonniers palestiniens. John Kerry a interrompu une visite à Rome pour se rendre à Amman, où il a été reçu par le roi Abdallah en début d’après-midi, afin de "tenter de rapprocher les positions entre les parties", selon sa porte-parole, Jennifer Psaki, précisant qu’il devait aussi s’entretenir par téléphone avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.
John Kerry avait demandé à Mahmoud Abbas d’envoyer son négociateur Saëb Erakat à Rome, mais le président palestinien a refusé, a indiqué un responsable palestinien sous le couvert de l’anonymat. "Abu Mazen (Mahmud Abbas) a dit qu’il ne discuterait de rien jusqu’à la libération du quatrième contingent de prisonniers" prévue le 29 mars, à déclaré à la radio officielle Voix de la Palestine le ministre des Prisonniers Issa Qaraqaë, accusant Israël de se dérober à ses engagements.
L’accord conclu en juillet pour reprendre les négociations de paix prévoyait la libération par étapes de 104 prisonniers palestiniens incarcérés avant les accords de paix d’Oslo en 1993, en contrepartie de la suspension de toute démarche palestinienne pour adhérer aux organisations internationales, y compris les juridictions à compétence mondiale. Si les 3 premiers contingents de 26 prisonniers chacun ont été relâchés, le gouvernement Netanyahou a indiqué qu’il pourrait annuler la quatrième vague, compte tenu de la dégradation du climat entre les deux parties, à l’approche de l’échéance des pourparlers le 29 avril.
Mahmud Abbas a accusé Israël de mauvaise foi, dans un discours mardi devant le sommet de la Ligue arabe au Koweït, qui a appuyé la position palestinienne en proclamant mercredi son "refus total et catégorique de reconnaître Israël comme un État juif", une revendication dont Benyamin Netanyahou a fait une condition sine qua non d’un accord de paix. "Nous n’avons pas besoin d’une nouvelle série d’accords, pour qu’Israël les enterre sous une avalanche de conditions, de réserves et d’interprétations avant de revenir sur ses engagements", a déclaré le président palestinien.
Il a qualifié de "bon exemple" de cette attitude le cas du quatrième groupe de prisonniers palestiniens d’avant Oslo, "ce qui confirme ce que nous disons sur l’absence de sérieux ou de volonté du gouvernement israélien de se retirer (des territoires occupés, NDLR) et d’établir la paix".
La radio militaire israélienne a rapporté que l’administration américaine aurait proposé de relâcher Jonathan Pollard, un ancien analyste de la marine américaine condamné à la perpétuité pour espionnage au profit d’Israël, afin d’assurer la libération des prisonniers palestiniens et la prolongation des négociations. Mais Jennifer Psaki a catégoriquement démenti. "Il n’y a actuellement aucun plan pour libérer Jonathan Pollard", a-t-elle déclaré, rappelant qu’il avait été "reconnu coupable d’espionnage contre les États-Unis, un crime très grave, et condamné à la prison à vie, et il purge sa peine".
La rencontre entre le chef de la diplomatie américaine, et le président palestinien, prévue dans la soirée, intervient neuf jours après la visite de Mahmud Abbas à la Maison-Blanche, où Barack Obama l’a appelé à prendre des "risques" pour la paix. Deux semaines auparavant, Barack Obama avait également invité Benyamin Netanyahou à prendre des décisions "difficiles" à l’approche de l’échéance du 29 avril pour conclure un accord-cadre traçant les grandes lignes d’un règlement définitif sur les questions les plus sensibles : frontières, colonies, sécurité, statut de Jérusalem et réfugiés.
Après avoir passé la nuit à Amman, John Kerry devait repartir jeudi pour Rome, où le président américain rencontrera le pape François, avant une visite vendredi en Arabie saoudite qui devrait porter notamment sur le processus de paix israélo-palestinien. Mardi prochain, John Kerry prendra part à Bruxelles à la réunion de l’Otan sur la crise en Ukraine et il doit effectuer la semaine prochaine sa première visite en Algérie et au Maroc selon sa porte-parole qui n’a pas précisé les dates de ces escales.

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