dimanche 23 mars 2014

Algérie : Bouteflika promet des réformes constitutionnelles s’il est réélu

Abdelaziz Bouteflika, qui brigue à 77 ans un quatrième mandat présidentiel, estime dans une lettre diffusée samedi par l’agence de presse algérienne APS que sa santé fragile n’est pas un obstacle à sa réélection, et il promet des réformes constitutionnelles s’il l’emporte le 17 avril.
Le président sortant, qui a annoncé ce mois-ci sa candidature, s’est rarement exprimé en public depuis qu’il a été victime l’année dernière d’une attaque cérébrale. Ses détracteurs le disent dans l’incapacité d’assumer ses fonctions.
"Il m’en coûterait beaucoup de rester sourd à vos appels. J’ai décidé de ne pas vous décevoir et de me présenter comme candidat à l’élection présidentielle (...) et de consacrer toute mon énergie à la réalisation de vos aspirations", lit-on dans la lettre, qui est à ce jour le compte rendu le plus détaillé des intentions du chef de l’Etat sortant. Avec le soutien du FLN (Front de libération nationale), de l’armée et des syndicats, il est pratiquement assuré de l’emporter.
"Je propose de consacrer ce nouveau mandat (... à préserver notre pays des hostilités intérieures comme extérieures", écrit Abdelaziz Bouteflika.
S’il est réélu, il dit vouloir lancer des réformes destinées à créer un modèle politique avec différents segments de la société qui "répondront aux attentes et aux espoirs du peuple", lit-on dans la lettre.
"Cela sera accompli au moyen d’une réforme constitutionnelle, qui pourrait intervenir au cours de cette année", continue-t-il.

Quatre autres candidats vont de nouveau tenter leur chance à la magistrature suprême : Louisa Hanoune qui dirige le Parti des Travailleurs (gauche), le président du Front national algérien (nationaliste), Moussa Touati, et le chef d’un parti nationaliste, Ahd (Serment) 54, Ali Fawzi Rebaïne. Enfin le dernier et plus jeune candidat est Abdelaziz Belaid, 50 ans, un ancien du FLN qui a fondé en 2012 le Front El Moustakbel.
Fait inédit : le favori ne devrait pas participer en personne à la campagne électorale, vu son état de santé.
Ce sera M. Sellal, devenu son directeur de campagne, qui donnera le coup d’envoi des 22 jours de campagne en se rendant à Tamanrasset, fief des Touaregs dans le Sahara.
M. Bouteflika sera aussi soutenu dans sa campagne par deux ex-Premiers ministres ramenés au coeur du pouvoir -Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem- et par les ministres Amara Benyounes et Amar Ghoul.
M. Benflis, lui, entraînera ses partisans à Mascara (350 km à l’ouest d’Alger), ville de l’émir Abdelkader, considéré comme le fondateur de l’Etat moderne algérien.
La perspective d’un nouveau mandat pour M. Bouteflika a provoqué une polémique au sein de la hiérarchie militaire, le général à la retraite Hocine Benhadid l’ayant appelé en février à partir "dignement", au nom de plusieurs collègues.
Il s’en est pris particulièrement au frère du président, Saïd Bouteflika, "premier et principal acteur" du clan, ainsi qu’à un autre de ses membres, le chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah accusé de n’avoir "aucune crédibilité".
La rue n’est pas non plus restée silencieuse.
Depuis plus d’un mois, les rassemblements contre un 4e mandat se sont multipliés.
Jusqu’à la semaine dernière, la police dispersait à coups d’interpellations ces manifestations. Elle a changé de tactique et se contente désormais de les encadrer.
Cinq partis d’opposition et l’ex-chef du gouvernement, Ahmed Benbitour ont pour leur part créé une Coordination nationale pour le boycottage du scrutin. Ils ont réuni vendredi des milliers de partisans dans une salle d’Alger.
Enfin, pour la première fois depuis son retrait de la présidence en 1999, Liamine Zeroual, est sorti de son silence en réclamant l’"alternance du pouvoir" et en critiquant la révision de la Constitution qui avait permis à M. Bouteflika de briguer en 2009 un 3e mandat.

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