vendredi 30 décembre 2011

Syrie : Manifestations de masse, dix morts signalés

Des heurts qui ont fait au moins dix morts ont éclaté vendredi en Syrie où plusieurs centaines de milliers de personnes ont à nouveau défilé après la grande prière hebdomadaire pour réclamer la fin du régime de Bachar al Assad, rapportent des opposants.
Décidés à faire de cette journée une démonstration de force à l’intention des observateurs de la Ligue arabe qui ont entamé une mission dans le pays cette semaine, les manifestants rassemblés à Douma, dans les faubourgs de Damas, ont lancé des pierres en direction des forces de l’ordre qui ont riposté à coup de grenades lacrymogènes. Les affrontements ont fait une vingtaine de blessés, selon des membres de l’opposition.
A Hama, "cinq personnes sont tombées en martyrs et au moins vingt autres ont été blessées lorsque les services de sécurité ont ouvert le feu", rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Cinq autres décès ont été signalés à Deraa, berceau de la contestation, dans le Sud.
Selon l’Observatoire, dont le siège se trouve à Londres, 74 manifestations qui ont rassemblé 250.000 personnes ont eu lieu dans la province d’Idlib (Nord), où l’on signale 25 blessés. A Idlib même, les blindés auraient été mis à l’abri des regards.
"Ce vendredi est différent des autres. C’est une étape décisive. Les gens sont décidés à marquer les observateurs et à leur dire combien ils souffrent", a expliqué Abu Hisham, un opposant d’Hama.
Des images diffusées par la chaîne de télévision Al Djazira montrent des milliers de manifestants défilant à Homs, épicentre de la contestation et troisième ville de Syrie, aux cris de "Révolution, gloire et liberté en Syrie !" "Les observateurs sont des témoins qui ne voient rien", pouvait on lire sur une banderole brandie à Barzeh, une banlieue de Damas où de grands rassemblements ont été organisés.
Les observateurs de la Ligue arabe, qui sont en Syrie pour un mois, ont pour mission de veiller à la mise en oeuvre du plan de paix auquel le dictateur Assad a donné son aval début novembre. Il prévoit notamment le retrait des effectifs militaires et des armes lourdes déployés dans les villes dont les habitants se sont soulevés contre le régime.
La répression de ce soulèvement entamé à la mi-mars et les opérations menées plus récemment par l’opposition armée ont fait plus de 5.000 morts, selon les Nations unies.
 La mission de la Ligue arabe suscite beaucoup de scepticisme. Sa composition, le petit nombre d’observateurs, sa dépendance à l’égard de Damas en ce qui concerne la logistique et les premières déclarations de son chef de file, le général Mustafa al Dabi, qui a jugé la situation "rassurante", ne jouent pas en faveur de sa crédibilité.
La Russie a pourtant repris à son compte les propos du général soudanais. "A en juger par les déclarations publiques faites par le chef de la mission, Mustafa al Dabi, qui lors de sa première visite s’est rendu dans la ville de Homs (...), la situation semble être rassurante", peut-on lire dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Le général Dabi, mis en cause pour des crimes de guerre commis au Darfour dans les années 1990, est toutefois revenu vendredi sur ses premières déclarations, qui étaient "infondées et inexactes", selon un communiqué de la mission. Les observateurs, ajoute-t-elle, ne s’exprimeront dorénavant que par écrit.
Le général a en outre déclaré n’avoir rien vu d’"effrayant" à Homs, après y avoir passé quelques heures mardi. Les vidéos que les opposants mettent en ligne depuis des mois évoquent pourtant une répression sans merci, qui aurait fait plusieurs centaines de morts parmi les habitants de cette ville du Centre.
"Malheureusement, les informations montrent que la violence s’est poursuivie ces derniers jours en Syrie", déplore Alistair Burt, secrétaire d’état britannique chargé du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, dans un communiqué.
"J’exhorte le gouvernement syrien à se conformer à ses obligations vis-à-vis de la Ligue arabe, notamment en mettant fin sans délai à la répression et en retirant ses forces des villes. Le gouvernement syrien doit respecter l’indépendance et la liberté de mouvement de la mission de la Ligue arabe (...)", ajoute-t-il.
Catherine Ashton, porte-parole de la diplomatie européenne, a elle aussi invité Damas "à se conformer à tous les points du plan d’action de la Ligue arabe".
L’Armée syrienne libre, formée de déserteurs hostiles au régime baasiste, a reçu l’ordre de cesser le combat pendant la visite des observateurs, a annoncé son commandant.
"J’ai donné l’ordre de cesser toutes les opérations à partir du jour où la commission est entrée en Syrie, vendredi dernier. Toutes les opérations ont été stoppées, à l’exception des cas d’autodéfense", a déclaré à Reuters le lieutenant-colonel Riad al Asaad, joint au téléphone en Turquie.
"Nous avons tenté de communiquer avec eux et nous avons demandé à rencontrer l’équipe, sans succès jusqu’ici. On ne nous a pas donné les numéros (de téléphone) des observateurs, malgré nos demandes. Personne ne nous a contacté non plus", a-t-il dit.

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