mercredi 28 décembre 2011

Golfe : La tension monte autour du détroit d’Ormuz

Fermer le détroit d’Ormuz, comme l’Iran menace de le faire, est "plus facile que de boire un verre d’eau", a assuré, mercredi, le chef de la marine iranienne qui mène depuis samedi des manoeuvres dans cette région où transite un tiers du pétrole transporté par mer. "Fermer le détroit d’Ormuz est vraiment facile pour l’armée iranienne. (...) Comme le disent les Iraniens, c’est plus facile que de boire un verre d’eau", a dit Habibollah Sayyari à la chaîne iranienne en langue anglaise Press TV. "Mais pour le moment nous n’avons pas besoin de le fermer puisque nous contrôlons la mer d’Oman et son trafic", a-t-il ajouté.
Quelques heures plus tard, le commandement de la Ve Flotte américaine, basée au Bahreïn, puis un porte-parole du Pentagone faisaient savoir qu’un blocage du détroit d’Ormuz "ne sera(it) pas toléré". "Le libre passage des biens et des services par le détroit d’Ormuz est vital pour la prospérité de la région et du monde", a souligné un porte-parole de la Ve Flotte à Manama. "Quiconque menace la liberté de navigation dans un détroit international se met clairement en dehors de la communauté des nations et une interruption du trafic ne sera pas tolérée."
Environ un tiers du pétrole transporté par voie maritime a transité par le détroit en 2009, selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) et les équipages de l’US Navy affectés à la sécurité de la zone. L’essentiel du pétrole exporté par l’Arabie saoudite, l’Iran, les Émirats arabes unis, le Koweït et l’Irak ainsi que la quasi-totalité du gaz naturel liquéfié en provenance du Qatar empruntent cette voie de 6,4 km de large entre les rives du sultanat d’Oman et les côtes iraniennes. La tension est montée d’un cran entre l’Iran et l’Occident depuis la publication, début novembre, du dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) selon lequel Téhéran aurait bien cherché à se doter de l’arme atomique et pourrait continuer à le faire. Téhéran assure que son programme nucléaire est destiné uniquement à produire de l’électricité.
L’Iran a affirmé mardi que le pétrole cesserait de transiter par le détroit d’Ormuz si les exportations iraniennes d’hydrocarbures devaient faire l’objet de sanctions internationales. L’Union européenne a renforcé ses sanctions contre l’Iran le 1er décembre en ajoutant 180 noms de personnalités et d’entités à la liste des compagnies déjà visées. L’imposition d’un embargo sur le pétrole iranien est actuellement à l’étude à Bruxelles. "Si des sanctions étaient imposées (contre les exportations iraniennes d’hydrocarbures), cela créerait une situation anormale et pourrait ouvrir la voie à n’importe quelle action. Si le détroit d’Ormuz était fermé, aucun pétrole du Golfe ne serait exporté. La situation serait difficile pour tout le monde", a prévenu le gouverneur iranien de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), Mohammad Ali Khatibi. "Le marché pétrolier tel qu’il fonctionne actuellement satisfait tout le monde. Pourquoi certains pays veulent-ils changer la situation actuelle ?" a-t-il ajouté. "Nous espérons vraiment que ce pire scénario ne se produira pas parce qu’il nuirait à tout le monde, nous voulons que les choses restent stables pour les consommateurs, les producteurs et les investisseurs."

En réponse aux menaces iraniennes, la France a appelé, mercredi, l’Iran à respecter la liberté de navigation. "Comme sur les droits de l’homme et la prolifération nucléaire, nous appelons les autorités iraniennes au respect du droit international et en particulier de la liberté de navigation dans les eaux internationales et les détroits", a déclaré Bernard Valero, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. "Le détroit d’Ormuz est un détroit international. En conséquence, tous les navires, quel que soit leur pavillon, bénéficient du droit de passage en transit, conformément à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer adoptée en 1982 et au droit international coutumier de la mer", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Selon un rapport de l’AIEA publié début décembre, l’Iran pourrait perdre près d’un quart de ses capacités de production pétrolière en cas de renforcement des sanctions internationales. En déplacement dans la province d’Ilam (ouest), mercredi, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a une nouvelle fois affirmé que l’Iran ne céderait pas aux pressions internationales. "Nous ne céderons pas à la pression exercée pour que nous abandonnions nos droits. Le peuple iranien ne renoncera pas à son droit (à la technologie nucléaire), même d’un iota, en raison des pressions", a dit le chef de l’État. Certains responsables pétroliers iraniens ont toutefois indiqué que les sanctions internationales frappaient de plein fouet le secteur énergétique national qui dépend essentiellement de l’investissement étranger. Si les quatre volets de sanctions adoptés par les Nations unies n’interdisent pas l’achat de pétrole iranien, la plupart des compagnies pétrolières internationales ont suspendu leurs transactions avec l’Iran.

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