Les Etats-Unis ont suspendu leurs pourparlers avec la Russie sur un
cessez-le-feu en Syrie, après la destruction totale du plus grand
hôpital du secteur rebelle d'Alep dans un bombardement aérien.
Le régime syrien mène avec l'aide de la Russie une vaste offensive pour
reprendre cette partie d'Alep, avec des bombardements massifs qui ont
suscité l'indignation des pays occidentaux.
"Tout le monde est à bout de patience avec la Russie", a affirmé le
porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest. "Il n'y a plus rien
dont les Etats-Unis et la Russie puissent parler" à propos de la Syrie,
a-t-il estimé.
"Nous regrettons cette décision de Washington", a déclaré la
porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria
Zakharova.
"Washington n'a tout simplement pas rempli la condition clé de l'accord,
à savoir l'amélioration des conditions humanitaires aux environs
d'Alep", a poursuivi la porte-parole. "Après avoir échoué à respecter
les accords qu'ils ont eux-mêmes négociés, (les Etats-Unis) tentent de
faire porter la responsabilité (de l'échec) par un autre", a-t-elle
accusé.
L'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a
assuré dans un communiqué que l'ONU allait "continuer à faire pression
énergiquement en faveur d'une solution politique au conflit syrien
malgré l'issue extrêmement décevante des discussions longues et intenses
entre deux acteurs internationaux cruciaux".
Les Etats-Unis ont par ailleurs annoncé qu'ils avaient procédé lundi à
une frappe aérienne près d'Idleb (nord-ouest) visant un responsable
d'Al-Qaïda en Syrie. Le Pentagone n'a pas précisé s'il avait été tué.
L'ancienne branche d'Al-Qaïda en Syrie, le Front Fateh al-Cham (ex-Front
al-Nosra), a annoncé peu après la mort d'un responsable, Ahmed Salama
Mabrouk, un Egyptien plus connu sous son nom de guerre de Abu Faraj,
dans une frappe aérienne de la coalition menée par les Etats-Unis.
Dans le secteur rebelle d'Alep, décrit comme "l'enfer sur Terre" par
l'ONU qui évoque "la plus grave catastrophe humanitaire jamais vue en
Syrie", le plus grand hôpital a été complètement détruit lundi par des
raids.
Moscou, qui s'est félicité de la "grande efficacité" de ses frappes, a
démenti tout bombardement d'hôpital ou d'école, malgré les accusations
des Occidentaux.
"L'hôpital a été visé directement par des raids aériens", a affirmé à
l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits
de l'Homme (OSDH).
"L'hôpital M10, le plus grand d'Alep-Est, (...) a été détruit, et n'est
plus en service de manière permanente", a tweeté Adham Sahloul, de la
Syrian American Medical Society (SAMS), une ONG médicale qui soutient
l'hôpital.
D'après SAMS, le bombardement a fait trois morts parmi les employés de
maintenance de l'hôpital, connu sous le nom de code M10 pour des raisons
de sécurité.
Depuis son lancement le 22 septembre, l'actuelle campagne militaire a
permis aux forces pro-gouvernementales de grignoter du terrain aux
rebelles dans le centre et le nord d'Alep, avec des bombardements qui
ont fait au moins 220 morts selon l'OSDH.
Divisée depuis 2012 entre secteur ouest contrôlé par le régime et
quartiers est aux mains des rebelles, Alep est devenue le principal
front du conflit syrien, qui a fait plus de 300.000 morts en cinq ans.
Environ 250.000 personnes, dont 100.000 enfants, vivent dans les quartiers est assiégés par le régime, selon l'ONU.
"Les accusations selon lesquelles la Russie aurait bombardé des
installations médicales, des hôpitaux ou des écoles sont toutes sans
fondement", a déclaré un vice-ministre russe des Affaires étrangères
Guennadi Gatilov.
Il a estimé que l'intervention des forces aériennes russes avait aidé à "éviter un chaos absolu" en Syrie.
La rébellion perd également du terrain dans la province de Damas, où la
ville rebelle de Douma a été la cible de raids intenses, ses habitants
craignant de subir le même sort qu'Alep.
Ces bombardements s'inscrivent dans le cadre d'une offensive
gouvernementale lancée il y a cinq mois et qui a réduit le territoire
contrôlé par la rébellion dans cette région.
Soutenues par des milices libanaise, afghane et iranienne, les forces
loyalistes sont désormais à trois kilomètres à l'est de Douma.
Sur le plan diplomatique, le Conseil de sécurité de l'ONU étudiait lundi
un projet français de résolution visant à instaurer un cessez-le-feu à
Alep depuis l'échec de l'accord américano-russe.
Mais l'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine a affirmé que ce plan n'avait "aucune chance de fonctionner".
Son homologue britannique Matthew Rycroft a apporté le soutien de son
pays au projet français, tout en soulignant que "ce qui va mettre fin à
la guerre n'est pas un bout de papier".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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