Rifaat el-Assad est dans le viseur de la justice française. L'oncle de
l'actuel président syrien Bashar el-Assad, soupçonné d'avoir bâti sa
fortune en France grâce à des détournements de fonds publics, a été
entendu lundi par un juge d'instruction, a-t-on appris ce mardi de
sources concordantes. Frère de l'ancien président syrien Hafez el-Assad,
qui l'avait écarté du pouvoir dans les années 1980, Rifaat el-Assad,
âgé de 79 ans, a été mis en examen le 9 juin pour recel de détournement
de fonds publics et blanchiment en bande organisée de fraude fiscale
aggravée. L'enquête avait été ouverte après une plainte de l'association
Sherpa, partie civile dans plusieurs dossiers de « biens mal acquis ».
Les enquêteurs ont évalué à environ 90 millions d'euros le patrimoine
détenu en France par cet ancien vice-président de Syrie et sa famille,
au travers de sociétés, dont certaines installées au Luxembourg. Lors de
cette audition, Rifaat el-Assad a déclaré, « comme il l'avait déjà fait
devant les enquêteurs de la brigade financière, que les fonds, une
quinzaine de millions d'euros, lui avaient été versés au début des
années 80 par [le prince héritier et futur roi, NDLR] Abdallah d'Arabie Saoudite pour soutenir son combat politique contre son frère », a
indiqué une source proche du dossier.
La justice a saisi en juillet une longue liste de biens, notamment un
haras dans le Val-d'Oise évalué à 7 millions d'euros, deux hôtels
particuliers à Paris et un ensemble de bureaux à Lyon, estimés à 12,3
millions d'euros. ET 9,5 millions d'euros d'indemnités d'expropriation
versés par la mairie de Paris contre un terrain dans le 16e
arrondissement destiné à accueillir des logements sociaux ont également
été gelés. Sollicité, l'avocat de Rifaat el-Assad, Me Benjamin Grundler,
qui a contesté l'ensemble des saisies devant la chambre de
l'instruction, n'a pas souhaité faire de commentaires. L'enquête
s'appuie sur le témoignage d'un ancien ministre des Affaires étrangères,
Abdel Halim Khaddam, lui aussi résidant en France. D'après lui, Hafez
el-Assad avait fait verser à son frère quelque 300 millions de dollars
en 1984 pour se débarrasser de ce dernier, dont 200 venaient des frais
de la présidence et 100 d'un prêt libyen. De « fausses accusations »,
aux yeux de l'entourage de Rifaat el-Assad, « produites exclusivement
par les ennemis politiques historiques de l'ancien vice-président ».
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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