Israël a annoncé vendredi suspendre sa coopération avec l'Unesco au
lendemain d'un vote d'une commission sur deux projets de résolution
dénoncés en Israël comme niant le lien historique millénaire entre les
juifs et Jérusalem.
Deux projets de décision sur "la Palestine occupée", soumis par sept
pays arabes, ont été adoptés jeudi en commission avec 24 voix pour, six
contre (dont les Etats-Unis) et 28 abstentions (dont la France).
Ils doivent en principe être soumis mardi, pour une éventuelle adoption
définitive, en séance plénière aux 58 Etats-membres du Conseil exécutif
de l'Unesco, sorte de conseil d'administration de l'organisation des
Nations unies pour la culture et l'éducation dont le siège est à Paris.
Mais face au tollé en Israël, le président du Conseil exécutif de
l'Unesco, Michael Worbs, a espéré vendredi que le vote prévu mardi soit
reporté pour "donner une chance au dialogue".
Plus tôt dans la journée, le ministre israélien de l'Education Naftali
Bennett avait accusé dans une lettre l'Unesco d'apporter un "soutien
immédiat au terrorisme islamiste".
Dans cette missive publiée sur Twitter et adressée à la directrice
générale de l'Unesco Irina Bokova, il annonçait la suspension par Israël
de sa coopération avec l'organisation.
Cette décision se traduit par le refus de rencontrer des représentants
de l'Unesco ou de participer à des conférences internationales, a
précisé le ministère.
Les projets de résolution qui ont suscité la colère d'Israël concernent
Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville occupée depuis 1967
par Israël et depuis annexée, une annexion considérée comme illégale par
l'ONU.
C'est là, au coeur du conflit israélien, que se trouve l'ultra-sensible Esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'Islam et site le plus
sacré pour les juifs qui le révèrent comme le mont du Temple, là où se
dressait le second temple juif détruit par les Romains en 70.
Par un héritage historique, la Jordanie continue à administrer l'esplanade, mais Israël en contrôle tous les accès.
Les textes approuvés jeudi par une commission de l'Unesco dénoncent les
empiètements israéliens sur l'autorité de la Jordanie, les incursions
israéliennes sur l'esplanade ou encore les restrictions d'accès imposées
aux fidèles musulmans.
Les Palestiniens se sont félicités du vote de la commission de l'Unesco
tandis que la Ligue arabe saluait une "décision historique" qui
"invalide les allégations israéliennes (...) en ce qui concerne
Jérusalem".
Mais les textes ont provoqué une indignation quasiment unanime de la
classe politique israélienne, scandalisée notamment par le fait qu'ils
ne fassent jamais référence à l'esplanade sous l'appellation de mont du
Temple et désignent d'abord par son nom arabe (al-Buraq) le parvis du
mur des Lamentations en mettant "mur des Lamentations" entre guillemets.
Pour les responsables politiques israéliens, cette terminologie revient à nier le lien entre les juifs et le mont du Temple.
"Dire qu'Israël n'a pas de lien avec le mont du Temple et le Kotel (mur
des Lamentations) c'est comme dire que les Chinois n'ont pas de lien
avec la muraille de Chine", avait dénoncé M. Netanyahu jeudi soir.
Une résolution similaire adoptée en avril avait déjà suscité la colère d'Israël.
Contrairement à cette dernière, les projets de résolution actuels
"mentionnent l'importance de Jérusalem pour les trois religions
monothéistes. C'est un progrès", a toutefois souligné le président du
Conseil exécutif de l'Unesco tout en estimant qu'il "faut encore du
temps et du dialogue pour arriver à un consensus".
La directrice générale de l'Unesco a elle pris ses distances avec la résolution.
"Le patrimoine de Jérusalem est indivisible, et chacune de ses
communautés a droit à la reconnaissance explicite de son histoire et de
son lien avec la ville. Nier, occulter ou vouloir effacer l'une ou
l'autre des traditions juive, chrétienne ou musulmane revient à mettre
en péril l'intégrité du site", a-t-elle assuré dans un communiqué.
(14-10-2016)
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