Un Palestinien s'apprête à lancer des pierres en direction d'un véhicule
militaire israélien en Cisjordanie près de la ville de al-Ram, nord de
Jérusalem le 9 octobre 2016 (Afp)
Les forces israéliennes ont donné un sévère tour de vis en arrêtant des dizaines de Palestiniens après un attentat meurtrier dimanche à Jérusalem qui ravive les craintes d'une nouvelle éruption de violences à l'approche des grandes fêtes juives.
Un Palestinien de Jérusalem-Est âgé de 39 ans a tué une retraitée israélienne de 60 ans et un policier de 29 ans à Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël. Cinq autres personnes ont été blessées avant que l'assaillant, apparemment armé d'un fusil de guerre M16, ne soit tué.
Depuis cette attaque, des dizaines de personnes ont été arrêtées à Jérusalem-Est: des membres de la famille de l'auteur de l'attentat, des Palestiniens qui entendaient célébrer son geste, et d'autres accusés de jets de pierres et de bouteilles incendiaires sur les forces israéliennes lors de heurts consécutifs à l'attaque.
Seize autres Palestiniens ont été arrêtés dans la nuit en Cisjordanie, territoire palestinien contigu à Jérusalem et occupé par Israël, a indiqué l'armée. Attentat ou pas, l'armée procède régulièrement à de telles arrestations en Cisjordanie. L'armée dit avoir aussi démantelé un atelier de fabrication d'armes.
Les forces israéliennes ont pris les mesures de la maison de Misbah Abou Sbeih en vue de sa démolition punitive, a dit l'armée. Un soldat a été légèrement blessé par l'explosion d'un engin artisanal lors de heurts au cours de l'opération, selon elle.
Israël en état d'alerte renforcé avant la fête de Yom Kippour (Grand Pardon) à partir de mardi soir et de Souccot (fête des Cabanes ou des Tabernacles) à partir de dimanche soir.
Ces fêtes juives avaient été en 2015 une période de vives tensions, prélude à une vague de violences toujours en cours.
Les juifs vont alors prier par dizaines de milliers au mur des Lamentations dans la Vieille ville à Jérusalem-Est, au pied de l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam également révéré par les juifs comme le mont du Temple.
L'afflux de fidèles juifs renforce chez les Palestiniens le soupçon que les Israéliens, qui contrôlent tous les accès à l'esplanade, ne finissent par diviser le lieu saint et n'autorisent les juifs à y prier. Le gouvernement israélien se défend de vouloir modifier le statu quo.
Depuis le 1er octobre 2015, les violences à Jérusalem, dans les Territoires palestiniens et en Israël ont coûté la vie à 232 Palestiniens, 36 Israéliens, deux Américains, un Erythréen et un Soudanais, selon un décompte de l'AFP. La plupart des Palestiniens tués sont des auteurs ou auteurs présumés d'attaques.
La police a annoncé le déploiement d'unités supplémentaires à Jérusalem et en Israël, particulièrement dans la Vieille ville et près du mur des Lamentations. Plus de 3.000 policiers devraient monter la garde à Jérusalem pendant les fêtes.
Le profil du tueur renforce l'inquiétude israélienne que d'autres Palestiniens ne suivent son exemple.
Misbah Abou Sbeih était connu comme un militant actif de la "défense" de l'esplanade. Il était considéré comme appartenant aux "mourabitoune", mouvement informel de musulmans se proposant de la protéger et qu'Israël a interdit en 2015 parce qu'il excitait selon lui à la haine.
Le Palestinien, qui vivait en contrebas de la Vieille ville, proclamait sur les réseaux sociaux son amour pour l'esplanade, ce lieu qui suscite les passions.
Les forces israéliennes préviennent depuis des mois que les attaques isolées sont difficiles à parer et appelées à se prolonger. La dernière en date les confronte cependant à une série d'interrogations: comment Misbah Abou Sbeih s'est-il procuré un M16, apparemment de l'armée israélienne? Comment a-t-il échappé aux radars de services réputés à l'étranger pour leur efficacité? Etait-il bien un individu isolé?
Avant de passer à l'acte, Misbah Abou Sbeih s'était exprimé dans des médias palestiniens. Il a raconté qu'il avait été condamné par la justice israélienne à quatre mois de prison pour avoir agressé un policier en 2013 et qu'il comptait se rendre à la prison dimanche. Il a précisé avoir déjà passé un an en prison en 2015 pour ses prises de position au sujet de l'esplanade, être interdit d'accès au lieu saint pendant six mois et avoir été arrêté à cinq reprises au cours des deux semaines écoulées.
(10-10-2016 - Assawra)
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