Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a déclaré jeudi à
son homologue russe Sergueï Lavrov que "rien ne saurait justifier le
déluge de feu" sur Alep, cible d'intenses bombardements du régime syrien
soutenu par l'aviation russe.
"Rien ne saurait justifier le déluge de feu et de morts" sur Alep, a
lancé M. Ayrault à l'issue d'une rencontre à Moscou, estimant que la
Russie, fidèle alliée du régime syrien, "ne peut tolérer cette
situation".
"La France s'indigne mais ne se résigne pas", a martelé le ministre
français. "J'ai rencontré Sergueï Lavrov pour lui redire les yeux dans
les yeux que personne ne peut tolérer cette situation. La France ne peut
pas le tolérer, la Russie ne peut pas le tolérer non plus", a dit M.
Ayrault.
Pour sa part, le ministre russe des Affaires étrangères a indiqué être
"prêt à travailler" au projet de résolution sur un cessez-le-feu à Alep,
proposé par la France à l'ONU.
Le responsable russe pose toutefois comme conditions que la résolution
ne contredise pas les "approches de principes fixées dans des accords
russo-américains" et tienne compte des "décisions déjà prises par le
Conseil de sécurité de l'ONU et par le Groupe international de soutien à
la Syrie".
La France, qui tente de faire revenir le thème de la Syrie devant le
Conseil de sécurité, a confirmé mercredi son intention de déposer d'ici
la fin de la semaine une résolution pour tenter d'obtenir un
cessez-le-feu à Alep.
Pour cela, M. Ayrault est venu en urgence à Moscou avant de se rendre vendredi à Washington.
Les quinze membres du Conseil de sécurité étudient depuis lundi ce
projet français, qui demande un arrêt des bombardements dans la deuxième
ville syrienne et propose un mécanisme de supervision d'une trêve.
La résolution française est la dernière tentative en date pour tenter de
contraindre Damas et son allié russe de cesser leurs bombardements
massifs sur Alep, qui visent à reprendre les quartiers contrôlés par
l'opposition. Paris a qualifié ces raids aériens d'"atteintes
intolérables" à la population syrienne.
Les cinq membres permanents du Conseil, qui ont droit de veto
(Etats-Unis, Russie, Royaume-uni, France, Chine), se sont déjà réunis
vendredi pour discuter de la proposition française.
La Russie avait dit initialement ne pas soutenir ce projet qu'elle
considère comme "politisé", sans pour autant annoncer officiellement
qu'elle mettrait son veto.
Le texte appelle à rétablir un cessez-le-feu afin de permettre un accès
humanitaire à la population assiégée des quartiers rebelles d'Alep, et à
interrompre les survols de la ville par des appareils militaires.
L'ONU a déclaré mercredi Alep-est "zone assiégée" et estime que 275.000 personnes vivent dans cette zone.
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