De la fumée s'élève au-dessus de bâtiments d'un quartier rebelle d'Alep, le 20 octobre 2016 en Syrie (Afp)
La trêve "humanitaire" décrétée par Moscou dans la ville syrienne d'Alep
doit expirer samedi soir mais seule une poignée de civils et de
rebelles ont pour l'instant quitté les quartiers assiégés, l'ONU jugeant
les conditions de sécurité insuffisantes pour évacuer des blessés.
La "pause humanitaire", entrée en vigueur jeudi matin, doit prendre fin
samedi à 19H00 (16H00 GMT), selon Moscou. Les huit corridors établis
pour permettre aux habitants et aux rebelles qui le souhaitent de
quitter les quartiers est de l'opposition, où vivent plus de 250.000
habitants, sont pour l'instant restés déserts.
Car quatre semaines de bombardements intenses sur Alep-Est ont fait
environ 500 morts et 2.000 blessés, selon l'ONU, entraînant également la
destruction d'infrastructures civiles, notamment des hôpitaux.
Samedi matin, un photographe de l'AFP présent côté régime s'est rendu au
passage de Boustane al-Qasr et a constaté que celui-ci était désert. Un
scénario identique avait eu lieu jeudi et vendredi.
"Jusqu'à maintenant, personne n'est sorti par les couloirs", a confirmé à
l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme
(OSDH), Rami Abdel Rahmane.
"Des comités populaires civils venant des quartiers du régime sont
entrés dans les quartiers est pour tenter d'évacuer des blessés, mais
ils n'ont pas réussi", a-t-il ajouté.
Les autorités russes et les médias étatiques syriens accusent les
rebelles d'empêcher toute sortie, le chef de la diplomatie russe Sergueï
Lavrov assurant même que les combattants avaient recours "aux menaces,
au chantage et à la force brute" pour bloquer les couloirs.
L'ONU avait prévu d'évacuer les premiers blessés vendredi mais a
finalement reporté ses opérations car les "assurances concernant les
conditions de sécurité" n'avaient pas été remplies. L'organisation
internationale a demandé à la Russie de prolonger la trêve jusqu'à lundi
soir.
Selon l'ONU, 200 personnes blessées et malades doivent être évacuées de toute urgence des quartiers rebelles d'Alep.
"Vous avez différents acteurs dans ce conflit (sur le terrain) et ceux
qui ont de l'influence; ils devraient tous être sur la même longueur
d'onde mais ils ne le sont pas", a déclaré à l'AFP David Swanson, un
porte-parole du bureau de l'ONU pour la coordination des affaires
humanitaires.
Au final, seuls huit rebelles blessés et sept civils ont emprunté les
corridors humanitaires, indiquait vendredi soir à Moscou le général
Sergueï Roudskoï, un haut responsable de l'état-major russe.
Ancienne capitale économique devenue un enjeu majeur de la guerre en
Syrie, Alep est divisée depuis 2012 entre des quartiers ouest tenus par
le régime et des zones est contrôlées par ses opposants. Depuis juillet,
l'armée syrienne encercle les quartiers rebelles, privés d'aide
humanitaire et menacés de pénurie alimentaire, selon l'ONU.
Dans la nuit de vendredi à samedi, des combats sporadiques et des tirs
d'obus ont opposé rebelles et forces du régime à la périphérie d'Alep,
selon l'OSDH.
"Le régime et les rebelles ont chacun renforcé leurs effectifs
militaires, ce qui nous fait craindre, en cas d'un échec du
cessez-le-feu, une vaste opération militaire", a prévenu M. Abdel
Rahmane.
Le général Roudskoï avait accusé vendredi les rebelles de "profiter du
cessez-le-feu" pour préparer une offensive de grande ampleur.
A New York, le Conseil de sécurité des Nations unies a reçu vendredi
soir un rapport confidentiel concluant que l'armée de Bashar avait mené
une attaque à l'arme chimique, sans doute au chlore, à Qmenas, dans la
province d'Idleb (nord-ouest), le 16 mars 2015.
En revanche, les experts onusiens n'ont pas réuni de preuves suffisantes
pour déterminer la responsabilité de deux autres attaques chimiques, à
Binnish (même province) en mars 2015, et à Kafr Zita (province de Hama,
centre) en avril 2014, selon le rapport dont l'AFP a obtenu des
éléments.
Au total, sur les neuf attaques chimiques présumées étudiées par les
experts, trois ont été attribuées au régime de Bashar et une à Daesh, au gaz moutarde, à Marea, près d'Alep, en août 2015.
Plus tôt dans la soirée, les Nations unies avaient annoncé avoir nommé
une commission d'enquête "indépendante" sur l'attaque d'un convoi
humanitaire le 19 septembre près d'Alep, qui avait fait au moins 18
morts.
(22-10-2016)
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