La bataille lancée lundi pour reprendre la ville irakienne de Mossoul à Daesh fait craindre un désastre humanitaire et
pourrait pousser des centaines de milliers de personnes à fuir leur
foyer juste avant l'hiver. « Les familles sont exposées à un risque
extrême d'être prises entre deux feux ou pour cible par des snipers », a
mis en garde le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les
affaires humanitaires, Stephen O'Brien. Il s'est dit « extrêmement
préoccupé » pour les quelque 1,5 million de personnes vivant encore dans
la deuxième ville d'Irak.
Craignant pour le sort de 500 000 enfants, l'ONG Save The Children a
exhorté les belligérants à « ouvrir des couloirs sécurisés » pour que
les civils puissent fuir et ne pas rester piégés « sous les bombes, dans
une ville pleine de mines et d'explosifs, en manquant de nourriture et
de soins médicaux ». Avant le lancement de l'offensive, certains
préparatifs ont eu lieu pour gérer la crise humanitaire, mais seront-ils
suffisants ?
« Nous faisons tout notre possible pour que toutes les mesures soient
prises dans le cas du pire scénario humanitaire. Mais nous craignons
qu'il y ait encore beaucoup à faire », admettait avant l'offensive Lise
Grande, coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Irak. « Dans le pire
des cas, nous allons littéralement vers la plus grande opération
humanitaire dans le monde en 2016. » Selon l'ONU, un million de
personnes pourraient être déplacées en quelques semaines.
« Il existe une règle informelle selon laquelle aucune institution ne
peut faire face à un mouvement de population de plus de 150 000
personnes à la fois », souligne Lise Grande. Les civils fuyant Mossoul
ne pouvant probablement rien apporter avec eux, les produits de première
nécessité comme la nourriture, l'eau ou les vêtements devront leur être
fournis. « Beaucoup d'entre eux devraient quitter Mossoul avec pour
seules affaires des vêtements sur le dos », prévient Becky Bakr Abdulla,
du Conseil norvégien pour les réfugiés.
Malgré l'ampleur massive de l'opération humanitaire nécessaire pour
aider les personnes fuyant Mossoul, le financement est un problème
majeur : sur les quelque 367 millions de dollars (334 millions d'euros)
requis, moins de la moitié a été fournie par les bailleurs de fonds.
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé
qu'elle allait construire des « sites d'urgence » qui fourniront un abri
et des services de base pour 200 000 personnes, précisant toutefois
qu'elle avait besoin de davantage de fonds.
De plus, ces déplacements massifs de population pourraient être aggravés
par l'arrivée de l'hiver et exposer les civils sans abri aux nuits
glaciales du désert. « Si Daesh entoure les
quartiers civils de bombes, s'ils placent des snipers à des endroits
stratégiques, les habitants pourraient devenir des boucliers humains »,
avertit Lise Grande. Sur les trois grandes villes irakiennes reprises à Daesh , seule Fallouja avait une population comparable à celle de Mossoul.
L'opération militaire avait provoqué un exode de sa population, des
dizaines de milliers de civils se trouvant déplacés ou entassés dans des
camps surpeuplés. Le sort des habitants fuyant Mossoul pourrait être
plus clément. « Avec un peu de chance, les organisations humanitaires
seront en mesure de leur fournir l'aide nécessaire pour qu'ils ne
passent pas d'un enfer à un autre », espère Becky Bakr Abdulla.
(17-10-2016)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire