Des
Syriens transportent le corps d'un homme tué après des bombardements
aériens sur le quartier Fardous, dans le nord de Alep, le 12 octobre
2016 (Afp)
La ville syrienne d'Alep était encore écrasée jeudi sous les bombes du
régime et de la Russie qui s'est dit prête à assurer aux rebelles armés
un retrait en toute sécurité, à quelques jours de nouveaux pourparlers
russo-américains sur la Syrie.
Principal front du conflit syrien, Alep connaît son pire cycle de
violences depuis le début il y a trois semaines d'une offensive de
l'armée du despote Bashar appuyée par les avions russes visant à reconquérir la
partie rebelle, qui échappe au pouvoir depuis 2012.
A coups de bombardements intenses et destructeurs, mais aussi d'avancée
sur le terrain, le régime de Bashar al-Assad veut soumettre les
quartiers aux mains des insurgés, situés dans la partie Est de la
deuxième ville du pays.
De son côté, l'armée russe a annoncé être prête à garantir aux rebelles armés une sortie de la métropole septentrionale.
"Nous sommes prêts à assurer un retrait sécurisé aux rebelles avec leurs
armes, le libre passage des civils de la partie Est d'Alep et leur
retour, ainsi que l'acheminement d'aide humanitaire", a annoncé le
général russe Sergueï Roudskoï, sans élaborer.
Cette nouvelle proposition russe de points de sortie "sécurisés" --après
une première en juillet-- intervient avant une réunion internationale
samedi à Lausanne entre Russes, Américains et des représentants des pays
de la région pour parler de la Syrie.
Dans la partie rebelle où vivent 250.000 habitants, plus de 370
personnes, en grande majorité des civils et dont 68 enfants, ont été
tués depuis le 22 septembre dans les bombardements aériens et
d'artillerie, selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de
l'Homme (OSDH).
Au moins sept civils ont été tués dans une série de frappes aériennes
jeudi matin, d'après l'OSDH. Dans le même temps, l'armée qui ne cesse
d'avancer a capturé plusieurs collines surplombant la partie rebelle.
Un correspondant de l'AFP à Alep-Est a constaté que les frappes ont
repris dans l'après-midi sur ce secteur assiégé depuis pratiquement
trois mois et où les hôpitaux sont régulièrement visés. L'ONU, la France
et les Etats-Unis ont dénoncé des "crimes de guerre".
La télévision d'Etat a elle fait état de la mort de quatre enfants dans
des tirs de roquettes qui ont touché une école dans la partie
occidentale d'Alep, contrôlée par le régime.
Des résidents dans la partie gouvernementale ont affirmé qu'ils ont été
obligés de sortir en hâte de leurs voitures et de se cacher dans les
immeubles en raison des tirs de roquettes.
Le prochain secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a affirmé
qu'il était "grand temps" de surmonter les divisions de la communauté
internationale sur la Syrie.
Mais cinq ans après le début du conflit en Syrie, la communauté
internationale s'avère toujours incapable de mettre fin au bain de sang
dans le pays, et en particulier à Alep.
Les Etats-Unis et la Russie, qui avaient "suspendu" il y a plusieurs
jours leur dialogue sur la Syrie, ont annoncé mercredi deux réunions
internationales avec des puissances arabes et européennes: la première
samedi à Lausanne et la seconde dimanche à Londres.
Le porte-parole du département d'Etat américain John Kirby a indiqué que
le principal sujet de conversation à Lausanne serait "la brutalité
continue du siège d'Alep et les frappes intentionnelles de l'armée russe
et du régime syrien".
Le président russe "Vladimir Poutine a exprimé l'espoir que la rencontre
prévue le 15 octobre à Lausanne (...) soit productive afin de
contribuer réellement au règlement" du conflit syrien, a indiqué pour sa
part le Kremlin.
La semaine dernière, la Russie avait mis son veto à une résolution
française au Conseil de sécurité de l'ONU qui prévoyait un cessez-le-feu
à Alep et l'interdiction de son survol par tous les avions militaires.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a pour sa
part salué le rapprochement entre Ankara et Moscou. "Nous voyons la
réduction des tensions entre la Turquie et la Russie comme une possible
opportunité" pour trouver une solution en Syrie, a-t-il déclaré.
Après Lausanne, le secrétaire d'Etat américain John Kerry se rendra
dimanche à Londres pour retrouver ses "partenaires internationaux",
c'est-à-dire très probablement ses homologues des puissances
européennes, le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France.
Depuis mars 2011, le conflit syrien s'est complexifié et internationalisé, provoquant la mort de plus de 300.000 personnes.
Plus de 13,5 millions de Syriens, dont six millions d'enfants, ont
besoin d'aide humanitaire, selon l'ONU, qui peine à acheminer l'aide aux
5,5 millions de Syriens vivant dans des zones difficiles d'accès, dont
près de 600.000 dans des zones assiégées.
(13-10-2016)
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