Le président du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi a rejeté un plan de paix
proposé par l'ONU pour mettre fin à la guerre, alors que 17 civils ont
été tués samedi par des raids de la coalition arabe qui le soutient face
aux rebelles.
Le président a reçu le médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed à
Ryad mais "a refusé de recevoir la proposition de l'ONU", a indiqué à
l'AFP une source à la présidence.
Les détails de ce plan de paix n'ont pas été rendus publics mais des
sources proches du dossier ont indiqué qu'il prévoyait de nommer un
nouveau vice-président après un retrait des rebelles de la capitale
Sanaa et d'autres villes et la remise des armes lourdes à une tierce
partie.
Le président Hadi transmettrait alors le pouvoir au vice-président qui
nommerait un nouveau Premier ministre, chargé de former un gouvernement
représentant équitablement le nord et le sud du Yémen. Les rebelles
Houthis sont originaires du nord et se plaignaient d'être marginalisés
par les autorités centrales.
Un communiqué publié par l'agence gouvernementale sabanew.net confirme
que le président a refusé de recevoir le plan et cite M. Hadi disant que
la proposition "ne fait qu'ouvrir la porte à davantage de souffrance et
de guerre et n'est pas un plan de paix".
Les Emirats, qui jouent un rôle clé au sein de la coalition arabe,
avaient salué jeudi le plan de paix, le qualifiant de "solution
politique".
Le Yémen est déchiré par une guerre civile qui oppose les rebelles
Houthis alliés aux partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh aux
forces gouvernementales loyales à M. Hadi, soutenues par la coalition
arabe menée par l'Arabie Saoudite.
Le conflit, qui a généré une grave crise humanitaire, a fait près de
7.000 morts et déplacé au moins trois millions de Yéménites.
La coalition a fréquemment été accusée de "bavures" pour avoir tué des civils dans ses bombardements.
Samedi encore, au moins 17 civils ont été tués dans le sud-ouest du
Yémen par des raids aériens de la coalition militaire arabe, selon les
rebelles.
Les secouristes s'employaient encore à dégager les corps ensevelis sous
les décombres après le bombardement qui a touché un quartier résidentiel
de la ville de Salu.
Située au sud-est de la troisième ville du Yémen, Taëz, vers laquelle
les forces loyalistes tentent d'avancer, Salou est depuis des mois le
théâtre de violents combats entre rebelles et forces du gouvernement.
L'agence de presse des rebelles Houthis sabanews.net a fait état de
quatre raids ayant touché trois immeubles résidentiels, "les détruisant
complètement". La plupart des victimes sont des personnes déplacées par
la guerre, en majorité des femmes, selon la même source.
Un médecin de l'hôpital public de la ville a de son côté indiqué à l'AFP
avoir reçu les cadavres de 15 personnes et accueilli sept blessés.
La coalition arabe n'a pas encore commenté ces informations, mais un
responsable local loyal au gouvernement yéménite a confirmé les frappes,
affirmant qu'elles avaient touché par erreur trois maisons. "Tous ceux
qui s'y trouvaient ont été tués", a-t-il déclaré à l'AFP.
Des témoins ont raconté à l'AFP que de nombreux habitants s'étaient
rendus sur le site du bombardement pour tenter de sauver des blessés.
Toujours samedi, des gardes ont déjoué une attaque suicide à la voiture
piégée contre la Banque centrale du Yémen en ouvrant le feu sur le
véhicule, le faisant exploser avant qu'il atteigne sa cible, a indiqué
un responsable de la sécurité.
La Banque centrale est basée depuis septembre à Aden (sud), deuxième
ville du pays, le président Hadi ayant ordonné son transfert en accusant
les rebelles Houthis de puiser dans ses réserves en devises.
Le transfert de la Banque centrale de Sanaa à Aden, "capitale
provisoire" du gouvernement du président Hadi qui vit en exil en Arabie Saoudite, a porté un coup aux rebelles, les contraignant à cesser de
payer les salaires des fonctionnaires dans les vastes zones qu'ils
contrôlent.
(29-10-2016)
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