Ce jeudi, la coalition militaire arabe intervenant au Yémen a accusé les
rebelles chiites Houthis de violer systématiquement la trêve de 72
heures qui était entrée en vigueur mercredi soir au Yémen. "Il n'y a pas
de cessez-le-feu du tout", a déclaré le porte-parole de la coalition
arabe conduite par l'Arabie saoudite Mohammed al-Assiri, en accusant les
Houthis de procéder à des tirs de mortier en territoire saoudien. C'est
ce qui a obligé, selon lui, les forces de la coalition, qui intervient
au Yémen en soutien au président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, à
riposter à l'origine des tirs. La défense civile saoudienne a indiqué
plus tôt qu'un civil saoudien avait été blessé dans le sud du pays par
des tirs en provenance du Yémen alors que des sources militaires
loyalistes yéménites ont fait état de combats sur différents fronts
après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu parrainé par l'ONU.
La trêve intervenait dans un contexte d'enlisement du conflit qui a fait
depuis 19 mois 6 900 morts, 35 000 blessés, déplacé trois millions de
personnes et dévasté l'économie. La population de ce pays le plus pauvre
de la Péninsule arabique se sent désabusée par des trêves à répétition,
rapidement violées. Il s'agit du 6e cessez-le-feu. "Nous voulons une
trêve durable", dit Sadok Abdallah, 28 ans, un habitant de Sanaa, dont
le scepticisme est partagé par Ali al-Douch : "On se moque de nous avec
une trêve de trois jours."
"Nous voulons un arrêt de la guerre. Nous voulons nos salaires que nous
n'avons pas perçus depuis trois mois à cause de cette guerre absurde",
poursuit ce fonctionnaire de 32 ans, témoignant d'un sentiment de
frustration face à la situation périlleuse de la Banque centrale. Cette
banque a vu son siège transféré de Sanaa à Aden (sud) par une décision
en septembre du gouvernement Hadi qui accusait les rebelles d'avoir
puisé jusqu'à 1,6 milliard de dollars dans les réserves en devises de
cet établissement pour financer leur effort de guerre. "Les Houthis ont
maintenant de sérieux problèmes à payer les salaires et leur crainte
majeure est le risque d'une révolte contre eux", a estime l'analyste
Mustafa Alani du Gulf Research Center.
La grogne interne, conjuguée aux pressions des grandes puissances,
États-Unis en tête, pour mettre fin à une guerre au coût humain et
financier inquiétant, pourrait donner des chances à un apaisement. Les
Houthis "ont trois jours pour prouver au monde qu'ils assument leurs
responsabilités", a déclaré le porte-parole de la coalition arabe, le
général saoudien Ahmed Assiri. Intervenant sur la chaîne saoudienne
Al-Ekhbariya, il a fait état d'"un certain nombre de violations qui
seront prouvées". Et de menacer : "Si ces violations se poursuivent,
nous prendrons la mesure appropriée."
(20-10-2016
- Assawra avec les agences de presse)
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