Des rebelles soutenus par la Turquie ont infligé une défaite dimanche à Daesh en Syrie en s'emparant de Dabiq, ville
proche de la frontière turque, qui a une forte portée symbolique pour
les jihadistes.
Ce revers de Daesh survient au moment où le secrétaire d'État américain
John Kerry tente dimanche à Londres de relancer avec les Européens les
efforts pour mettre fin à la guerre en Syrie où les bombardements se
poursuivent sans relâche, notamment sur la partie rebelle de la ville
septentrionale d'Alep.
Le conflit qui a débuté après la répression de manifestations pro
démocratie par le régime du dictateur syrien Bachar al-Assad en 2011 a
fait plus de 300.000 morts. Il implique aujourd'hui des acteurs syriens
et internationaux ainsi que des groupes jihadistes.
"Les rebelles ont pris Dabiq après le retrait de la localité des
jihadistes de Daesh", a affirmé l'Observatoire syrien des droits de
l'homme (OSDH) qui dispose d'un vaste réseau de sources dans la Syrie en
guerre.
Le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane a précisé que les rebelles ont aussi capturé Soran, une localité mitoyenne.
Un des groupe rebelles, l'Union Fastaqim, a confirmé sur Twitter que
Dabiq était tombée "après de violents combats avec Daesh".
L'agence de presse officielle turque Anadolu a indiqué que neuf rebelles
ont été tués et 28 blessés dans les combats samedi. Des sources au sein
des services de sécurité ont indiqué à l'agence que les opérations vont
se poursuivre.
- Forte portée symbolique -
Cette défaite a une forte portée symbolique pour les jihadistes car
selon une prophétie de l'Islam, menacée par une horde d'infidèles,
l'armée des musulmans est décimée mais finit par triompher dans la cité
syrienne de Dabiq.
Le territoire tenu par Daesh en Irak et en Syrie se réduit comme peau de
chagrin. Son "califat" qui s'étendait sur 90.800 km2 début 2015 se
limite aujourd'hui à 68.300 km2, selon la firme américaine IHS.
Depuis le début des opération en août, les rebelles soutenus par la
Turquie se sont emparés de 1.130 km2 de territoire syrien, selon
Anadolu. Les régions prises étaient auparavant aux mains des milices
kurdes et de Daesh.
Malgré cette défaite de Daesh, la guerre en Syrie continue de plus belle,
notamment entre le régime du président Bashar al-Assad et ses alliés et
les insurgés.
Les quartiers rebelles d'Alep ont de nouveau été visés dimanche matin
par d'importants raids aériens, selon un correspondant de l'AFP.
L'OSDH a fait état de frappes sur les quartiers d'Al-Sukkari, de Hanano
et de Bustan al-Qasr ainsi que de tirs de roquettes des rebelles sur les
zones tenues par le régime.
Selon l'agence de presse officielle syrienne Sana, deux femmes ont été tuées et seize personnes blessées dans une de ces zones.
Samedi la première rencontre, à Lausanne (Suisse) entre M. Kerry et son
homologue russe Sergueï Lavrov depuis le début de l'offensive
russo-syrienne sur les quartiers rebelles d'Alep, n'a donné aucun
résultat concret, même si M. Kerry a évoqué de "nouvelles idées".
Les États-Unis, la Russie, l'Iran, l'Irak, le Qatar, la Jordanie,
l'Arabie Saoudite, l'Égypte et la Turquie ont pris part aux discussions
dont les Européens étaient les grands absents.
M. Kerry rencontrera dimanche à Londres ses homologues britannique et
français Boris Johnson et Jean-Marc Ayrault. L'Allemagne et l'Italie
pourraient aussi être représentés.
A Londres, Boris Johnson va proposer selon, le Sunday Times, citant des
sources proches du ministre, la création de "zones de non-bombardement" à
Alep. Le chef de la diplomatie britannique entend convaincre ses
partenaires occidentaux de mettre plus de pression sur le régime de
Damas et son allié russe.
Cela impliquerait des frappes militaires ciblées sur des installations
du régime si celui-ci continue à viser des objectifs civils comme des
hôpitaux.
Depuis l'échec du dernier cessez-le-feu fin septembre, l'offensive
russo-syrienne contre la partie d'Alep tenue par les rebelles a tué plus
de 370 personnes, essentiellement des civils, selon l'OSDH.
Le régime et son allié russe déclarent bombarder ces quartiers pour
éliminer les "terroristes", principalement les jihadistes du groupe
Fatah al-Cham (ex-Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda).
Boris Johnson a provoqué la fureur de Moscou cette semaine en appelant à protester devant l'ambassade de Russie à Londres.
En attendant, Moscou ne donne aucun signe d'atténuation de son soutien au régime de Damas.
La Russie a proposé une sortie sécurisée de la ville pour les rebelles,
et l'ONU a présenté un plan visant à faire sortir d'Alep les combattants
de Fatah al-Cham.
Mais l'opposition et ses soutiens craignent que sous couvert d'évacuer
les combattants, le régime et Moscou ne veuillent forcer une reddition
complète.
(16-10-2016)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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