Au cours d’un rassemblement organisé par le mouvement du Jihad islamique
en Palestine, sur la place « al-Katiba » à Gaza, pour commémorer la
naissance, il y a 29 ans, de la lutte du mouvement et le martyre de son
fondateur Fathi Shiqaqi, il y a 21 ans, le secrétaire général du
mouvement, dr. Abdallah Shallah, a proposé un plan en dix points
susceptible de remettre la Palestine au cœur de la nation, et de
réunifier le peuple palestinien dans sa lutte contre l’envahisseur
sioniste.
Des dizaines de milliers de Palestiniens de la bande de Gaza ont assisté
à ce rassemblement, qu’ont ignoré les médias internationaux, comme
d’habitude, lorsque la voix de la résistance est affirmée. Les familles
des martyrs et des prisonniers sont arrivées sur la place, portant les
portraits de leurs combattants, aux côtés des portraits de Fathi
Shiqaqi, Ramadan Shallah, Ziad Nakhalé et du drapeau palestinien et
celui du mouvement du Jihad islamique. Pour les commentateurs de la
presse ou des personnalités palestiniennes, ce rassemblement a été un
référendum autour de la voie à suivre, celle de la résistance armée
contre l’envahisseur sioniste, la seule voie possible et réaliste pour
stopper la judaïsation et la colonisation du pays. Ce rassemblement a
été également le cri du soutien en provenance de Gaza pour l’Intifada
al-Quds, au moment où les dirigeants de l’Autorité palestinienne
plongent dans des débats vains et futiles sur la reprise des
négociations avec les sionistes et sur l’après Mahmoud Abbas, et
s’imaginent investir la société coloniale en multipliant les gestes de
normalisation des relations avec l’occupant.
Le discours prononcé par le secrétaire du mouvement, Ramadan Shallah,
continue à susciter des remous, parmi les amis et les adversaires, dans
les milieux palestiniens, arabes et islamiques. En quoi consiste-t-il ?
1) la proclamation de la suppression des accords d’Oslo. 2) retrait par
l’OLP de la reconnaissance de l’entité sioniste . 3) Reconstruction de
l’OLP, pour représenter le tout palestinien. 4) Proclamer que nous
sommes en période de lutte nationale, et par conséquent, donner de la
considération à la lutte armée. 5) Elaborer un nouveau programme
national qui mette fin à la dualité génographique (Gaza et la
Cisjordanie) et la dualité politique (résistance ou négociations). 6)
formuler un programme soutenant la résilience du peuple palestinien sur
sa terre. 7) Cesser de considérer que seuls la Cisjordanie et Gaza
forment la Palestine, et considérer que le peuple palestinien est un, où
qu’il se trouve, y compris dans les territoires occupés en 48 et dans
l’exil. 8) Contacter les parties arabes pour retirer l’Initiative arabe
(qui reconnaît l’entité sioniste) et agir avec l’Egypte pour briser le
blocus contre Gaza. 9) Poursuite par l’OLP des dirigeants sionistes
devant les tribunaux internationaux pour crimes de guerre et se libérer
de la volonté américaine et sioniste. 10) Lancer un mouvement de
dialogue global et général au sein du peuple palestinien pour discuter
des modalités de ce plan pour remettre la cause palestinienne à sa place
dans le monde.
Certains ont souscrit à ce plan, d’autres en ont choisi ce qui
correspond à leur vision, les gens de l’Autorité ont rejeté
catégoriquement ce qu’ils jugent comme sacrilège, l’annulation des
accords d’Oslo, en insistant sur la priorité de ce qu’ils nomment «
réconciliation ». D’autres responsables politiques ou écrivains et
journalistes ont émis des doutes quant à la possibilité de mettre en
pratique un tel plan, qu’ils jugent cependant positif, à cause de la
direction de l’Autorité palestinienne. D’autres encore ont proposé de
commencer à mobiliser les masses palestiniennes autour de ce plan, qui
correspond à leurs attentes et objectifs.
Dr. Ramadan Shallah avait partagé son discours en trois parties, avec
trois mots d’ordre : le premier s’adresse à la nation « une nation sans
la Palestine est une nation dépourvue du cœur », où il a fermement
critiqué la tendance des régimes arabes à normaliser leurs relations
avec l’entité sioniste, sous le prétexte de la lutte contre le
terrorisme et contre l’Iran, alors que l’entité sioniste fut installée
par un terrorisme sanglant sur la terre de Palestine et au cœur de la
nation. Concernant l’Iran, il a mis en garde quiconque ose critiquer la
résistance palestinienne qui accepte l’aide et le soutien iraniens, la
seule aide véritable et le seul soutien réel qui l’aident à poursuivre
sa lutte.
Le deuxième message fut adressé à l’intérieur palestinien, et où il a
proposé les dix points pour relever la cause nationale au rang de la
cause d’un peuple en lutte. Sous le slogan « phase de libération et non
phase de construction étatique », Ramadan Shallah a critiqué l’attitude
de l’Autorité palestinienne qui pourchasse les militants, et notamment
les prisonniers libérés. Ripostant à une phrase prononcée par le
président Mahmoud Abbas adressée au mouvement du Jihad islamique et au
Hamas, leur demandant de s’en aller vers « leurs capitales », il a
expliqué que leur capitale n’est autre que la ville d’al-Quds. Voulant
mettre les points sur les i, une fois pour toute, il a expliqué que
leurs mouvements islamiques ne sont pas des mouvements de "l’islam
politique", terme forgé par les cercles occidentaux, mais des mouvements
de libération nationale à référence musulmane, et que l’amalgame
entretenu sciemment par les intellectuels ou hommes de l’Autorité et
autres vise à déconsidérer la lutte de la résistance palestinienne dans
son ensemble.
Le troisième message portant le slogan « le Jihad, une naissance
renouvelée » s’adresse au mouvement du Jihad islamique et à ses amis, où
il a demandé aux Brigades al-Quds, la branche militaire du mouvement,
de développer leurs capacités et de rester en état d’alerte, car les
sionistes pourraient attaquer Gaza à tout moment, mais « ce ne sera pas
une promenade pour eux », car le secret de la victoire de la résistance
ne réside pas dans ses armes, mais dans sa détermination, puisqu'elle ne
vit pas une défaite psychologique, et c’est cela l’important. Il a
également proposé de laisser une place encore plus grande à la jeunesse,
celle qui a déclenché l’Intifada al-Quds. Pour le secrétaire du
mouvement du Jihad islamique, faire place à la nouvelle génération, la
génération de Diya’ Talahme et de Muhannad Halabi, c’est aussi prendre
exemple sur le messager de Dieu, prières et saluts de Dieu sur lui, qui
avait nommé Ussama b. Zayd, le plus jeune commandant d’une armée dans
l’histoire, à la tête de l’armée musulmane pour se diriger vers la
Palestine, cette armée qui a regroupé les compagnons du messager de
Dieu, certains beaucoup plus âgés que lui. Avant de clore, Dr. Ramadan
Shallah s’est adressé aux sionistes les assurant que l’assassinat de
Fathi Shiqaqi en 1995 à Malte n’a pas mis fin au mouvement du Jihad
islamique, devenu depuis une force populaire que nul ne peut ignorer, et
que le peuple palestinien n’abandonnera ni sa terre, ni sa lutte,
jusqu’à la disparition de l’entité sioniste. Car pour le mouvement du
Jihad islamique, la Palestine fait partie de la doctrine, elle ne peut
être niée, ni abandonnée et aucune concession ne peut être faite quand
il s’agit de foi et de doctrine.
Fadwa Nassar
Dimanche, 23 octobre 2016
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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