Le parti islamiste du Premier ministre Abdelilah Benkirane est le
principal bénéficiaire des élections locales de vendredi au Maroc, en
gagnant les régionales et finissant 3e aux communales, selon des
chiffres fournis samedi par le ministère de l'Intérieur.
Le parti Justice et Développement (PJD) a en effet remporté 174 sièges
sur 678 dans les conseils régionaux (25,6%), suivi par son grand rival
du parti Authenticité et modernité (PAM/libéral, opposition) avec 132
sièges (19,4%) et le parti de l'Istiqlal (PI/conservateur, opposition)
avec 119 sièges (17,5%).
Alors que les Marocains élisaient pour la première fois leurs
conseillers régionaux au suffrage universel direct, le PJD est arrivé en
tête dans trois des quatre régions les plus peuplées du pays, dont
celles dont dépendent les grandes villes de Casablanca, Rabat et Fès.
"Le PJD a obtenu ces résultats grâce à sa gestion au gouvernement depuis
quatre ans", a estimé le patron du parti islamiste et chef du
gouvernement, Abdelilah Benkirane.
Au niveau des communes, où 31.503 sièges étaient à pourvoir, c'est le
PAM, un parti fondée en 2008 par un proche conseiller du roi Mohammed
VI, qui est arrivé en tête avec 21,1% (6.655 sièges), suivi du PI
(16,2%, 5.106). Le PJD a lui terminé en troisième position (15,9%,
5.021), selon ces résultats, qui n'avaient pas encore été officialisés
samedi soir.
Le N.2 du PAM, Ilyas el-Omari, a assuré que son parti et les autres
formations de l'opposition, dont le PI, parviendraient à diriger, grâce
au jeu des alliances, "huit régions sur douze, contre seulement quatre
au PJD".
Il a également accusé le PJD d'avoir "une interprétation spéciale de
l'islam": "Ils sont un Etat dans l'Etat, ils travaillent dans l'ombre et
leur projet ne se limite pas au Maroc mais s'étend partout".
"La réaction des partis d'opposition m'a fait pitié", a répliqué M.
Benkirane. "Il faut dire les choses clairement: ils ont été battus et, à
mon sens, leur chef respectif aurait dû démissionner."
"Arrêtez de tromper les gens en disant que le PAM est un grand parti,
c'est un ramassis de gens", a ajouté le Premier ministre, qui n'avait
pas mâché ses mots envers cette formation rivale lors de la campagne
électorale. "Aujourd'hui, on est convaincu que le parti de l'argent
(ndlr, le PAM selon lui) est en train de s'affaiblir (...)."
La participation à ce double scrutin local a plafonné à 53,6% selon un
chiffre officiel, soit une très légère progression par rapport aux
élections communales et régionales de 2009 (52,4%).
Les élections de vendredi devaient donner un aperçu du climat politique
dans le royaume, quatre ans après le mouvement de contestation populaire
né dans le contexte du Printemps arabe, qui avait amené le roi Mohammed
VI à faire adopter une nouvelle Constitution.
Fin 2011, le PJD avait engrangé une victoire historique aux législatives après avoir toujours été cantonné dans l'opposition.
Son leader remettra son mandat de Premier ministre en jeu dans un an.
Le parti islamiste prend date pour les législatives
Le parti islamiste au Maroc, mené par le chef du gouvernement Abdelilah
Benkirane, a pris date pour les législatives de 2016 en dominant
vendredi les élections locales, signe de son implantation durable dans
le paysage politique.
Le parti Justice et développement (PJD) a remporté les régionales avec
25% des sièges et pris la 3e place des communales, terminant en tête
dans les principaux centres urbains dont Fès, la capitale spirituelle.
Cette nouvelle assise locale, qui se dessinera réellement si le PJD
parvient à nouer des alliances à son avantage, va permettre à la
formation islamiste d'aborder en bonne posture la ligne droite menant au
prochain scrutin législatif, dans un an.
"Il y a une grande ressemblance entre les élections régionales et les
législatives et nous pensons que cette victoire va renforcer notre
position", a assuré à l'AFP Abdelali Hamieddine, un haut responsable de
la formation islamiste.
La partie n'est toutefois pas gagnée, estime Manar Slimi, politologue à l'université Mohammed-V de Rabat.
"Le plus important sera de voir qui va diriger les régions et ce ne sera
pas facile pour le PJD car les partis avec lesquels il est susceptible
de s'allier au niveau régional ont enregistré des résultats modestes",
avance-t-il.
Au niveau communal, le PJD (15,9% des sièges) a par ailleurs été devancé
par ses rivaux de l'opposition, le parti Authenticité et modernité
(PAM, libéral, 21,1%) et le parti de l'Istiqlal (PI, conservateur,
16,2%).
Ces deux formations, comme les autres partis d'opposition au plan
national, ont balayé samedi l'idée d'entrer dans des coalitions locales
comprenant le PJD.
La formation islamiste sait qu'elle sera une cible de choix pour ces
deux poids lourds de la scène politique dans l'optique des législatives,
d'autant que l'Istiqlal aura une revanche à prendre après le camouflet
subi dans son bastion de Fès (centre).
Parti récent -il a été fondé en 2008 par un proche conseiller du roi-,
le PAM a déjà rouvert les hostilités, son N.2 dénonçant
l'"interprétation spéciale de l'islam" du PJD.
"Ils sont un Etat dans l'Etat, ils travaillent dans l'ombre, et leur
projet ne se limite pas au Maroc mais s'étend partout", a affirmé Ilyas
el-Omari.
Dans l'immédiat et en fonction du jeu des alliances, le parti islamiste
devrait être en mesure de diriger trois des quatre régions les plus
peuplées du Maroc (celles de Fès, Casablanca et Rabat). Celles-ci
représentent 15,5 millions d'habitants, soit presque la moitié de la
population du royaume, et plus de 40% du PIB national.
Alors que les expériences islamistes ont tourné court en Tunisie et en
Egypte, le succès électoral du PJD semble valider la stratégie
d'Abdelilah Benkirane: cet habile politicien s'est efforcé de maintenir
les meilleures relations avec le palais royal, qui conserve de larges
prérogatives.
Cantonnée durant des décennies dans l'opposition, la formation islamiste
avait remporté un succès historique aux législatives de 2011, dans le
contexte du Printemps arabe.
Quelques mois plus tôt, une nouvelle constitution avait été adoptée sur
initiative royale. Si le texte est censé renforcer les pouvoirs du
gouvernement, M. Benkirane est resté très prudent dans sa mise en ?uvre.
Durant ses trois premières années d'expérience gouvernementale, le PJD
n'a pas obtenu tous les résultats escomptés, notamment en matière de
lutte anticorruption, un des ses grands chevaux de bataille. Mais le
"parti de la lampe" conserve à ce jour, et contrairement à ses rivaux,
l'image d'un mouvement se tenant à l'écart de ce fléau.
Sur le terrain économique, le Premier ministre va pouvoir continuer à
soigner son image de réformateur. L'an dernier, il a réussi à supprimer
les subventions sur l'essence sans conflit social majeur dans un pays où
près d'un jeune sur trois est au chômage.
Le gouvernement doit désormais s'atteler à une autre réforme sensible, celle du régime des retraites, à bout de souffle.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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