Les forces israéliennes se mettent en position, le 28 septembre 2015 sur le toit de la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem (Afp)
Des heurts intenses ont mis aux prises lundi jeunes Palestiniens et policiers israéliens, faisant plusieurs blessés sur et autour de l'ultra-sensible Esplanade des Mosquées à Jérusalem, où les célébrations d'une grande fête juive ravivent les tensions.
Après un long face-à-face, une demi-heure avant l'ouverture de l'esplanade aux visiteurs non-musulmans (touristes et juifs), une dizaine de jeunes Palestiniens masqués a commencé à faire voler les pierres auxquelles les policiers ont répliqué par des grenades lacrymogènes et assourdissantes, a constaté une journaliste de l'AFP.
Les policiers lourdement équipés et jusqu'alors postés à la porte par laquelle devaient entrer les juifs et les touristes se sont alors déployés sur les 14 hectares de l'esplanade. Les jeunes jeteurs de pierres ont reflué pour trouver refuge dans l'emblématique Mosquée Al-Aqsa où quelques dizaines d'autres étaient déjà retranchés depuis la veille, dans l'attente des visites du lendemain matin selon un scénario désormais habituel.
Les fidèles musulmans restés après la prière de l'aube ont été expulsés manu militari de l'esplanade.
Les Palestiniens barricadés dans Al-Aqsa ont jeté de l'intérieur cocktails Molotov et pierres sur les policiers postés par dizaines devant les portes de la mosquée, sur son toit et partout ailleurs sur l'esplanade. Les policiers protégés par des écrans mobiles ont tiré grenades lacrymogènes et assourdissantes par les ouvertures.
- Juifs et touristes entrent quand même -
Les violences ont gagné la Vieille ville en contrebas de l'esplanade. Vingt-deux personnes ont été blessées, dont trois hospitalisées, a indiqué le Croissant-Rouge palestinien. Les personnes emmenées à l'hôpital ont été atteintes par des balles en caoutchouc, dont une au visage à l'intérieur d'Al-Aqsa, a dit le Croissant-Rouge.
Il s'agit pour ces jeunes Palestiniens de défendre l'esplanade contre les empiétements accrus selon eux des juifs sur le troisième lieu saint de l'islam, symbole palestinien ultime. Pour eux, la recrudescence des visites de juifs sur l'esplanade à l'occasion des fêtes qui ont commencé il y a 15 jours et se poursuivent depuis dimanche soir et pendant une semaine avec les célébrations de Soukkot sont un pas de plus vers une prise de contrôle générale de l'esplanade. Le site est situé dans la Vieille ville à Jérusalem-Est annexée et occupée par Israël, donc au c?ur du conflit israélo-palestinien.
L'Esplanade est également révérée par les Juifs comme le mont du Temple, leur lieu le plus saint.
Ils sont autorisés à visiter les lieux mais ont l'interdiction d'y prier.
Une demi-heure après le début des heurts autour d'Al-Aqsa, la porte des Maghrébins s'est ouverte aux touristes et aux juifs. Au milieu des explosions qui résonnaient à travers la Vieille ville, certains prenaient la pose devant le Dôme du rocher, à l'admirable faïence bleue surmontée d'un dôme doré.
Au total, 450 touristes et 24 juifs se sont rendus sur l'esplanade, a indiqué la police.
A la mi-journée, certains musulmans ont pu de nouveau se rendre sur l'esplanade. Mais les policiers positionnés devant toutes les portes du site barraient l'entrée aux hommes de moins de 50 ans.
- Jusqu'à la fin de Soukkot -
La situation restait tendue dans les ruelles de la Vieille ville où des Palestiniens scandaient des slogans de défense d'Al-Aqsa à chaque fois que passaient des juifs endimanchés et arborant des gerbes comme le veut la tradition de Soukkot. Sporadiquement, leur importante escorte policière leur dégageait la voie à coups de grenades assourdissantes.
Les visites de juifs sont "interdites" par le grand rabbinat d'Israël, affirme un panneau à la porte des Maghrébins, pour ne pas désacraliser le Saint des saints, le lieu le plus sacré de l'ancien temple. Mais des rabbins nationalistes, souvent proches des colons, encouragent ces visites, notamment à l'occasion de Soukkot.
Les Palestiniens accusent Israël de planifier une partition de l'esplanade comme au Caveau des Patriarches à Hébron (sud de la Cisjordanie occupée), autre lieu saint pour les deux religions.
Pour eux, les récentes visites de députés et d'un ministre israélien, Uri Ariel (Agriculture), prouvent que les autorités cautionnent de tels projets.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'en défend. Il n'a cessé de répéter qu'il n'avait aucune intention de remettre en cause le "statu quo", les règles imposées après l'occupation de la Vieille ville en 1967 et qui autorisent les juifs à se rendre sur l'esplanade mais pas y prier.
Les jeunes jeteurs de pierre d'Al-Aqsa affirmaient dès dimanche qu'ils s'opposeraient aux "attaques des colons" jusqu'à la fin des célébrations de Soukkot, la fête des cabanes.
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