Le dictateur syrien Bashar al-Assad a accusé mercredi l'Occident de
duplicité en pleurant sur le sort des réfugiés syriens tout en
alimentant, selon lui, la guerre qui les pousse à l'exil.
"C'est comme si l'Occident pleurait d'un oeil sur les réfugiés et du
second les visait avec une arme", a déclaré le chef de l'Etat lors d'un
entretien à des médias russes diffusé mercredi.
"L'Occident (...) soutient les terroristes depuis le début de la crise
et (fait porter la responsabilité de ce qui se passe) sur le régime ou
sur le président syrien", a-t-il souligné dans sa première réaction au
drame des migrants qui affluent en Europe.
Le régime de Damas désigne par le terme "terroristes" tous ses
opposants: les dissidents politiques qui ont choisi la lutte pacifique,
les rebelles qui ont pris les armes et les jihadistes dont ceux du
groupe Etat islamique (EI).
"Si l'Europe est tellement concernée par le sort des réfugiés, qu'elle arrête de soutenir le terrorisme", a martelé Assad.
Nombre de pays européens soutiennent l'opposition "modérée" à Bashar mais luttent en revanche contre les jihadistes de l'EI.
Plus de 500 000 migrants ont traversé les frontières de l'Union
européenne entre janvier et août de cette année, contre 280.000 en 2014,
selon l'agence européenne Frontex. Une majorité vient de Syrie.
La guerre dans ce pays a débuté par des manifestations pacifiques de
citoyens demandant davantage de démocratie en 2011. Réprimées dans le
sang par le régime de Bashar, elles ont dégénéré en rébellion armée
puis en guerre civile.
Plus de 240 000 personnes sont mortes en quatre ans et demi.
La Syrie, pays riche d'une civilisation millénaire, connaît également un
pillage "à l'échelle industrielle via des milliers de fouilles
archéologiques illégales", s'est alarmée mercredi la directrice générale
de l'Unesco, Irina Bokova.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, détracteur du dictateur, a estimé
qu'un règlement du conflit constituait la seule solution pour endiguer
le flot de réfugiés.
"La solution (...) ne peut être de fermer la porte à ces gens ou de
mettre des barbelés à la frontière. La vraie question est d'arrêter le
conflit dans ce pays le plus vite possible", a-t-il déclaré, appelant
une nouvelle fois "à faire tomber le régime du tyran".
Sur le front, l'Australie a mené mercredi sa première frappe contre l'EI
en Syrie, détruisant un transport de troupes blindé des jihadistes.
La France effectuera "dans les prochaines semaines" ses premières
frappes aériennes contre l'EI en Syrie, a annoncé mercredi le ministre
français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
Mardi, il avait mis en garde contre la progression de cette organisation.
"Aujourd'hui Daech (acronyme arabe de l'EI) a progressé de telle sorte
qu'elle menace à la fois l'Armée syrienne libre et la résistance
syrienne dans la région d'Alep mais aussi, derrière l'axe Damas-Homs, le
Liban si d'aventure Daech arrivait à percer cette ligne", avait-il dit.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), "de violents
combats continuent dans la région d'Alep, à la périphérie de Marea et
des cinq villages limitrophes contrôlés depuis la semaine dernière par
l'EI", sans toutefois noter de progression jihadiste ces derniers jours.
L'opposition en exil a affirmé que l'EI a attaqué à deux reprises Marea avec des armes chimiques.
A Homs, troisième ville du pays (centre), 13 personnes ont été blessées
dans un attentat à la voiture piégée dans un quartier à majorité
alaouite, communauté à laquelle appartient Bashar.
Sur le front diplomatique, le Premier ministre israélien Benjamin
Netanyahu se rendra la semaine prochaine en Russie pour discuter avec le
président Vladimir Poutine "du déploiement de forces militaires russes
en Syrie", selon son bureau.
Il "exposera les menaces pesant sur Israël à la suite du renforcement
militaire sur la scène syrienne et à la fourniture d'armement au
Hezbollah et à d'autres organisations terroristes".
Le Pentagone et des sources américaines ont fait état du déploiement de
l'artillerie et de chars russes sur un aéroport du nord de la Syrie
ainsi que de la présence de plusieurs dizaines de troupes d'infanterie
de marine et de bâtiments préfabriqués susceptibles d'abriter plusieurs
centaines de personnes.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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