dimanche 27 septembre 2015

Israël/Palestine : Deux journalistes de l'AFP agressés par des soldats israéliens





Vidéo - L'un d'eux a été frappé et leur matériel a été vandalisé alors qu'ils s'apprêtaient à couvrir des heurts dans un village de Cisjordanie occupée.

Deux journalistes de l'Agence France Presse (AFP) ont été pris à partie et l'un d'eux a été frappé par des soldats israéliens qui ont vandalisé leur matériel, vendredi après-midi alors qu'ils s'apprêtaient à couvrir des heurts en Cisjordanie occupée. Andrea Bernardi, vidéaste de nationalité italienne qui était équipé d'un gilet-pare-balles siglé «presse», a été plaqué au sol sous la menace d'une arme et frappé aux côtes. Un soldat a brisé sa caméra en la projetant plusieurs fois à terre et l'un de ses téléphones lui a été confisqué. Les militaires ont par ailleurs détruit l'un des appareils du photographe palestinien Abbas Momani, avant d'emporter son second boîtier. La direction du bureau de l'AFP à Jérusalem a aussitôt protesté auprès de l'armée, qui dit avoir ouvert une enquête.
La séquence, filmée par une caméra de la société de production Palmedia, s'est déroulée à la périphérie du village de Beit Furik, au sud-ouest de Naplouse. «Nous sommes arrivés en milieu d'après-midi, après que des confrères nous ont indiqué que les heurts en marge des obsèques d'un jeune Palestinien étaient en train de prendre de l'ampleur», raconte Andrea Bernardi. Les deux journalistes précisent s'être identifiés dès leur arrivée auprès de gardes-frontières, qui leur auraient réservé un accueil cordial. Mais le ton n'a pas tardé à se corser lorsqu'ils se sont portés au niveau des quelques militaires directement engagés dans l'opération de maintien de l'ordre.
«Dès qu'ils nous ont vus, l'un de ces soldats s'est précipité sur moi pour me prendre mon matériel, détaille Andrea Bernardi. Comme je lui montrais par carte de presse, il m'a dit qu'il n'en avait rien à faire et m'a répété: «
Ici, c'est mon pays». Il s'est ensuite emparé de ma caméra, qu'il a jetée plusieurs fois au sol. Nous avons décidé de rebrousser chemin mais ils n'en avaient pas fini avec nous. Un autre soldat a rattrapé Abbas, lui a arraché ses appareils photo et s'est mis à lui faire les poches. Un peu plus tard, comme j'essayais de récupérer les débris de ma caméra, ils m'ont plaqué au sol, frappé au flanc et mis en joue - avant de se décider à partir.»
«Le comportement de ces soldats est inadmissible, dénonce Thomas Coex, chef du service photo de l'AFP à Jérusalem, et l'agence s'apprête à porter plainte afin qu'ils portent la responsabilité de leurs actes.» Le porte-parole de l'armée souligne pour sa part que «les plus hauts échelons du commandement ont été informés de l'incident». Et d'ajouter: «Les premiers éléments de notre enquête montrent que les forces ne se sont pas comportées selon nos attentes, si bien que des mesure disciplinaires vont être prises à leur encontre».
L'Association de la presse étrangère (FPA), qui représente plusieurs centaines de correspondants couvrant Israël et les Territoires palestiniens, ne se satisfait pas de cette réaction. «Notre problème est que si ces soldats n'avaient pas été mis en cause par une vidéo, rien ne leur serait arrivé. Il arrive trop souvent que des unités de l'armée israélienne violent en toute impunité les hautes valeurs morales dont celle-ci se réclame.»
Il y a une dizaine de jours, la FPA a protesté après que plusieurs journalistes couvrant des heurts dans la Vieille Ville de Jérusalem ont été violentés par des gardes-frontières alors qu'ils ne faisaient en aucune façon obstacle à leur travail de maintien de l'ordre. Un photographe palestinien de l'AFP, déjà, a été frappé deux jours de suite sous les yeux de ses confrères. «Il est grand temps que le commandement de l'armée israélienne passe à l'acte, exhorte la FPA, pour montrer qu'elle respecte la liberté de la presse et qu'elle contrôle ses hommes sur le terrain.»

(26-09-2015)

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