Des manifestants du
collectif citoyen "Vous puez", à genoux devant le drapeau national
libanais et face à la police pour exprimer leur colère face à une classe
politique jugée corrompue, le 16 septembre 2015 à Beyrouth
(Photo Joseph Eid)
Des échauffourées ont éclaté mercredi à Beyrouth entre la police et des manifestants qui s'étaient rassemblés pour exprimer leur colère face à une classe politique jugée corrompue, alors que les principaux dirigeants du pays tenaient une nouvelle réunion sur la paralysie de l'État.
Le collectif citoyen "Vous puez", principal mouvement responsable des manifestations ayant mobilisé des milliers de Libanais depuis plus deux semaines, pour réclamer une solution durable à la "crise des ordures", avait appelé à protester mercredi matin contre une nouvelle "session du dialogue", la deuxième en une semaine que tenaient les principaux dirigeants politiques du pays.
A l'instar de la première session qui s'est tenue mercredi dernier, les responsables des différents courants politiques n'ont annoncé aucune décision, à part celle de se réunir de nouveau mardi prochain.
"A bas le régime des voyous", ont scandé des dizaines de manifestants rassemblés devant des barbelés bloquant un accès au Parlement où se tenait la réunion, dans le centre-ville de la capitale libanaise, a constaté une journaliste de l'AFP.
Des affrontements ont opposé dans la matinée des dizaines de policiers anti-émeute armés de bâtons à des militants qui tentaient d'enlever les barbelés.
La journaliste de l'AFP a vu des policiers interpellant des manifestants, dont un au moins a été blessé à la tête. D'après les militants, 25 manifestants ont été arrêtés par la police. La Croix-Rouge a fait état de 20 blessés, dont sept ont été hospitalisés.
Ils accusent la classe politique d'impuissance face aux problèmes du pays, notamment celui des ordures qui dure depuis deux mois.
"Dialogue entre les +déchets politiques+", ironise une pancarte brandie par un manifestant, en référence à la réunion.
"Ils prennent les Libanais pour des idiots. Nous n'avons aucune confiance en eux", s'exclame Wadih el Asmar, un militant de "Vous puez".
"Nous voulons des emplois, de l'électricité 24h sur 24h, de la sécurité, la collecte des ordures", a affirmé un manifestant.
Le Liban souffre, en raison d'une corruption endémique, d'un manque d'infrastructures et de services de base comme l'eau et l'électricité, 25 ans après la fin de la guerre civile (1975-1990).
Dans l'après-midi, de nouvelles échauffourées ont éclaté entre la police et des jeunes rassemblés devant le ministère de l'Environnement, où les militants se mobilisent régulièrement pour réclamer une solution durable au problème des déchets qui s'accumulent à Beyrouth et dans les environs.
Les militants ont appelé à un "sit-in" sur la place Riad el-Solh non loin du Parlement à partir de 18H00 (15H00 GMT).
La session dite de "dialogue" entre les différents leaders s'est centrée sur l'élection d'un président de la République, poste vacant depuis plus d'un an en raison des divisions politiques.
La "crise des ordures" est née après la fermeture le 17 juillet de la déchetterie de Naamé, au sud de Beyrouth, provoquant l'accumulation des ordures dans les rues de la capitale et de ses environs.
Après des manifestations monstres, le gouvernement a approuvé un plan de sortie de crise basé à moyen terme sur des sites d'enfouissement dans des régions libanaises, mais celui-ci a été immédiatement rejeté par les habitants des zones concernées et la société civile.
Les manifestations ont pris une dimension politique et dénoncent désormais l'incapacité d'un gouvernement miné par les divisions à prendre des décisions, la vacance du poste de président de la République et la prorogation controversée par le Parlement de son propre mandat à deux reprises en l'absence d'élections depuis 2009.
La scène politique est divisée entre un bloc mené par le Hezbollah chiite -allié du régime syrien et soutenu par l'Iran- et celui de l'ex-Premier ministre sunnite Saad Hariri, appuyé par les États-Unis et l'Arabie Saoudite. Leurs divisions ont été exacerbées par la guerre en Syrie voisine.
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