Palestiniens et policiers israéliens se sont affrontés rudement à
Jérusalem-est dans le quartier palestinien de Jabal Moukaber où la
tension restait vive dans la soirée et les forces de sécurité déployées
en nombre. Trois policiers ont été légèrement blessés quand un engin
incendiaire a atteint leur fourgon, a indiqué la police. Huit personnes,
dont au moins trois mineurs ont été arrêtées, selon un nouveau bilan de
la police.
Palestiniens et policiers ont aussi échangé pierres, grenades
lacrymogènes et balles en caoutchouc autour du mont des Oliviers dans
les quartiers d'Al-Tour et Rass Al-Amoud et auprès du camp de réfugiés
de Chouafat.
La Vieille ville et l'esplanade des Mosquées, placées sous surveillance
policière massive après trois jours de violences en début de semaine,
sont restées calmes. Près de 3.000 policiers ont été déployés à
Jérusalem, a précisé une porte-parole, pour prévenir l'explosion
toujours redoutée sur un lieu aussi sensible.
"Nous nous sacrifierons pour toi Al-Aqsa"
En Cisjordanie en revanche, les affrontements ont été plus intenses
qu'un vendredi ordinaire, rituel jour de protestation palestinienne, ont
constaté les journalistes de l'AFP. A Kafr Kaddoum, près de Naplouse,
trois Palestiniens ont été blessés par des balles israéliennes aux bras
ou aux jambes, a indiqué le Croissant-Rouge local.
Des jeunes ont lancé leurs projectiles et essuyé ceux des forces
israéliennes sur les habituels abcès de fixation du conflit
israélo-palestinien: près de la prison israélienne d'Ofer, du point de
passage de Qalandiya, ou au camp de réfugiés de Jalazoun. Des heurts ont
secoué Hébron, poudrière cisjordanienne.
Le mot d'ordre était partout le même : "Par notre âme et notre sang,
nous nous sacrifierons pour toi Al-Aqsa", ont scandé des centaines de
manifestants à Naplouse et dans la bande de Gaza en désignant
l'esplanade du nom de la mosquée Al-Aqsa qui s'y trouve.
Des points de contrôle avant l'esplanade
L'esplanade, troisième lieu saint de l'islam et site le plus sacré pour
les juifs, est une fois de plus l'épicentre des tensions auxquelles
Jérusalem est en proie depuis des mois et qui ont été ravivées cette
semaine, faisant craindre une réédition des embrasements passés.
La Vieille ville, par laquelle on accède à l'esplanade en surplomb,
avait des airs de camp retranché vendredi, avec des centaines de
policiers en armes postés aux portes sous les murailles, et même plus
bas dans les rues qui y mènent.
"Ce que vous voyez là, ce ne sont pas des gens se rendant à la prière,
c'est une ligne de front", disait Mazen Shawish, 52 ans, sur le chemin
de l'esplanade, "il faut passer 20 points de contrôle pour arriver à la
mosquée".
"Une ligne rouge pour les musulmans du monde entier"
La police israélienne a renforcé ses effectifs de 800 hommes. Elle a
imposé une mesure habituelle dans de telles circonstances en interdisant
aux hommes de moins de 40 ans l'accès à l'esplanade. Des centaines
d'entre eux ont donc déroulé leur tapis devant les barrières en métal
pour prier au pied des policiers casqués.
Seuls quelques milliers de fidèles (10 000 selon la police israélienne,
8.000 selon la fondation qui administre l'esplanade au lieu des 25 ou 35
000 un vendredi ordinaire), femmes de tous âges et hommes plus vieux,
ont entendu sur l'esplanade l'imam prêcher que le lieu était "une ligne
rouge pour les musulmans du monde entier".
L'esplanade des Mosquées est située à Jérusalem-Est, partie
palestinienne de Jérusalem occupée en 1967 par Israël et annexée, donc
au coeur du conflit-palestinien. Elle est un symbole intangible, sublimé
par la religion, pour des Palestiniens frustrés d'Etat depuis des
décennies.
Manifestations en Jordanie
L'esplanade va au devant d'une nouvelle période délicate, avec la
collision, la semaine prochaine des deux grandes fêtes de l'Aïd el-Adha
pour les musulmans et de Yom Kippour pour les juifs. Les règles qui
gouvernent le lieu (le "statu quo") n'autorisent les juifs qu'à la
visiter, pas à y prier.
Mais ces visites, les incidents auxquels elles donnent lieu, ainsi qu'un
discours minoritaire mais de plus en plus audible réclamant non
seulement le droit de prier sur l'esplanade, mais proclamant la
souveraineté d'Israël sur les lieux, exaspèrent les Palestiniens.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu assure constamment être
engagé au respect du "statu quo". Par ailleurs, des milliers de
Jordaniens ont manifesté vendredi à Amman et dans d'autres villes du
royaume, contre ce qu'ils dénoncent comme les "violations" israéliennes
des lieux saints de l'islam.
(18-09-2015)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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