Après trois jours d’affrontements sur l’esplanade des Mosquées (« Mont
du Temple » pour les Juifs), à Jérusalem, Benyamin Nétanyahou a convoqué
un conseil de sécurité dans la soirée du mardi 15 septembre. Le chef du
gouvernement israélien a averti que « tous les moyens nécessaires »
seraient utilisés pour combattre ceux qui lancent des pierres ou des
engins incendiaires contre les policiers ou les civils juifs.
Dimanche, un homme de 64 ans est mort après avoir perdu le contrôle de
son véhicule, atteint par des projectiles. En réponse à cette
détérioration sécuritaire, Nétanyahou a annoncé « une modification
des règles d’engagement, (…) l’établissement d’une peine minimale pour
les lanceurs de pierres et des amendes importantes pour les mineurs – et
leurs parents – qui commettent ces délits ».
Le procureur général, Yehuda Weinstein, considère pourtant que ce
durcissement législatif n’est pas indispensable, les textes en vigueur
étant suffisant. Le 21 juillet, la Knesset avait voté un texte portant à
vingt ans la peine maximale prévue. Le président de la commission
parlementaire pour la Constitution, la loi et la justice, Nissan
Slomiansky, avait justifié cette sévérité, soutenue par plusieurs
figures de l’opposition, par une référence à David terrassant Goliath : «
Une pierre peut tuer ».
Les autorités ont bien du mal à juguler ces attaques isolées, souvent le
fait de jeunes Palestiniens. Depuis l’été 2014, les épisodes de
violence n’ont jamais cessé à Jérusalem-Est ainsi que le long de la
route 443 – entre la Ville sainte et la ville nouvelle de Modiin –,
rappelle le quotidien le Haaretz, dans son édition de mercredi. Cette
artère est empruntée par de nombreux automobilistes qui cherchent à
éviter la route 1 entre Jérusalem et Tel-Aviv, artère majeure toujours
très encombrée et en travaux.
Le nouvel accès de fièvre sur l’esplanade des Mosquées ajoute une
dimension religieuse à ces tensions, ainsi qu’une résonance
internationale. Mardi, pour la troisième matinée consécutive, des
affrontements ont eu lieu entre Palestiniens et soldats israéliens.
Quelques dizaines de jeunes s’étaient retranchés dès l’aube dans la
mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam, pour empêcher la venue
sur l’esplanade de groupes de visiteurs juifs. Ces visites ont lieu
chaque année à l’occasion du Nouvel An juif – Roch Hachana –, qui a
débuté dimanche soir et s’est achevé mardi soir.
Pour les Palestiniens, les visiteurs juifs commettent un sacrilège en
priant sur l’esplanade. Ils estiment qu’Israël veut prendre le contrôle
du lieu saint, vénéré dans les deux confessions. Pour les juifs, c’est
là que se trouvait le second temple, détruit par les Romains. Les
extrémistes religieux israéliens souhaitent non seulement obtenir le
droit d’y prier, mais rêvent ouvertement de l’édification d’un nouveau
temple, en lieu et place de la mosquée Al-Aqsa.
Selon le statu quo en vigueur depuis des décennies, les juifs comme les
touristes peuvent se rendre sur l’esplanade à certaines heures et
certains jours précis. « Israël agira par tous les moyens pour maintenir
le statu quo et l’ordre sur le mont du Temple », a assuré Benyamin
Nétanyahou dans un communiqué. Mais les autorités palestiniennes et les
pays arabes, toujours très sensibles quant au sort de la mosquée
Al-Aqsa, ne semblent pas convaincus.
Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence, a exhorté « le monde
arabe et musulman, ainsi que la communauté internationale, à s’atteler
immédiatement à faire pression sur Israël pour qu’il cesse ses
tentatives perpétuelles de “judaïser” la Mosquée Al-Aqsa ». La Jordanie a
vivement réagi, comme à l’accoutumée lorsque des incidents se
produisent sur l’esplanade, dont elle assure la gestion à travers
l’organisme appelé Waqf. Le roi Abdallah II a averti :
« Toute nouvelle provocation à Jérusalem affectera la relation entre la
Jordanie et Israël, et la Jordanie n’aura d’autre choix,
malheureusement, que d’agir. »
L’an passé, après des affrontements similaires, la Jordanie avait
rappelé son ambassadeur en Israël. Pour l’Egypte, « il s’agit d’une
escalade inacceptable visant les lieux saints de l’islam en territoire
palestinien ». Enfin, mardi, le ministre des affaires étrangères de
l’Arabie saoudite, Adel Al-Joubeir, a accusé « l’ennemi sioniste »
d’essayer de « saisir » la mosquée Al-Aqsa.
Au-delà des pays arabes, l’inquiétude d’un embrasement est partagée au
sein des instances internationales. « Quand le Moyen-Orient est
confronté à une puissante vague de terreur et d’extrémisme, ces graves
provocations ont le potentiel d’attiser la violence bien au-delà des
murs de la Vieille ville de Jérusalem », a déclaré devant le Conseil de
sécurité l’émissaire spécial de l’ONU pour le Proche-Orient, Nickolay
Mladenov.
A l’approche des fêtes du Nouvel An juif, les autorités avaient décidé
de montrer leur détermination pour empêcher les incidents habituels sur
l’esplanade. Le 9 septembre, Moshe Yaalon, le ministre de la défense
d’Israël, a déclaré « illégal » le mouvement des mourabitoun – «
sentinelles », en arabe –, un groupe de musulmans qui prétend défendre
le lieu saint. « Ils mènent des actions dangereuses pour les touristes,
les visiteurs et les pèlerins, ce qui mène à la violence », a expliqué
le ministre.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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